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Breves de course : le marathon du grand toulouse 2009

Publié le 28 octobre 2009 par Carmel

Aujourd’hui est un bon jour pour mourir. C’est ce que je dis à Mel à chaque fois que je la quitte direction le départ d’un marathon. OK, c’est sentencieux, un rien grandiloquent voire grand-guignolesque en regard de l’épreuve qui s’annonce. D’autant que cette phrase célèbre a été prononcée par le chef indien Crazy Horse avant la bataille de Little Big Horn… et que je l’ai entendue dans l’un de mes films cultes, Little big man avec Dustin Hoffman… mais  c’est comme çà, j’ai besoin de tout un cérémonial avant d’affronter les 42,195 kms. Je ne suis qu’un mec après tout et comme tous les mecs, mon imaginaire est peuplé de super-héros. Mon vocabulaire se limite à quelques expressions tirées de films. Voire de chansons. Rarement de livres.man4

Quittons les States, les cheyennes et Dustin pour revenir à Toulouse. Enfin non, quelques jours avant, à Bordeaux. La semaine du marathon a été terrible physiquement, psychologiquement. La semaine du marathon, dans tous les plans d’entraînement, c’est l’équivalent du week-end du 15 août à Nancy. Place Stanislas, c’est le désert. Même les singes du parc de la pépinière s’ennuient ferme. Rien à faire, t’es seul au monde. Alors le corps se venge du traitement infligé pendant les 7 semaines précédentes, mal au genou, mal au quadriceps… le mental part en sucette… sûr de ne pas y arriver… même plus d’appétit pour ce fameux fromage blanc Jockey au sirop d’agave.

J’en étais donc là avant d’arriver à Toulouse vendredi 23 octobre, jour des 14 ans d’Ugo, qui ne sait toujours pas ce qu’il veut comme cadeau d’anniversaire.

Toulouse. Qu’en dire ? On séjourne dans un IBIS tout près du Capitole avec une gentille Nadège pour nous acompagner. Des restaus sympas, de l’animation dans les rues tout le temps. Mais plein de bagnoles partout. Mon centre-ville bordelais tout piétonnier et moi, on n’y est plus habitués. Dur retour aux années d’avant Cohn-Bendit à 18%… Côté marathon, très bonne organisation pour le retrait des dossards, pas d’attente. Des explications sur le circuit pour ceux qui n’ont pas leur boussole. Ou qui ont été réformés du service militaire.

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J’entre  vraiment dans la course le samedi soir, avec les tagliatelles à la bolognaise de l’IBIS, quand le serveur nous lance « j’avais dit à mon chef que pour des sportifs, çà faisait pas assez« . Merci à lui d’avoir insisté auprès de son chef et de nous avoir rapporté du rab!   Je suis donc un sportif, je  redécouvre que j’ai un marathon à courir, avec comme objectif 3 h14 minimum. Ah bon ? ben pourquoi t’es allé à la Bodega avec tes potes jusqu’à minuit alors ? Parce que des week-end en tête-à-tête avec Mel on en a 2 par an grâce à ma vieille mère et qu’il faut en profiter un max! Coucher à minuit. Heureusement, dans la nuit le changement d’heure me permet de gagner du temps de sommeil.

Lever à 7 heures. Gatosport, café. Puis boisson d’attente OVERSTIM. Echauffement ultra-court avec Nico et Pierre. On longe la Garonne, pleine de détritus. Le départ est donné du Pont Saint Michel. Curieuse image, drôle d’athmosphère. Plein de coureurs aux tenues chamarrées d’un côté, de l’autre des tentes Quechua plantées par des SDF invisibles. Le contraste est saisissant, met mal à l’aise. Je suis là par plaisir, dans une quête de l’inutile. Ils sont là par souffrance, juste pour  vivre. En bon français égoïste qui vote  écolo, je les oublie une fois reprises les conversations d’avant-course sur le temps qu’il fait.  Et les ravitaillements sur le parcours. C’est quand même une drôle d’idée de la part des organisateurs et qui se confirmera pendant les 42,195 kms du marathon : le tracé ne met absolument pas en valeur la ville de Toulouse, les sites traversés sont sans charme et le paysage assez triste. En plus il faisait gris, il a même plu à la fin.

Voià c’est dit.

En revanche, quel enthousiasme des spectateurs, je n’avais jamais connu une telle liesse et entendu de tels encouragements pour une course à pied! merci à eux pour leur soutien qui m’a réellement transcendé. Transcendé, le terme est lâché. Oui fidèles lectrices, vous voilà arrivées au 669ème mot de cet article, alors vous méritez bien de connaître mon temps : 3 h 10. Record explosé. Mais ce résultat n’est qu’une péripétie en regard des états fantasmatiques par lesquels je suis passé. Du manque d’envie sur les 5ers kilomètres, au délirium du 25ème km quand je me suis imaginé tel Jake La Motta dans Raging Bull, et dans les cordes, atomisé sous les coups d’un boxeur dénommé « marathon »… mais refusant d’arrêter le combat pour parvenir à expier ses fautes. Oui, le marathon, c’est mystique comme épreuve. Le mur, je ne l’ai rencontré qu’au 37ème km, en réalisant que pour battre le mémorable record de Pierre (3h14), je pouvais juste courir à 5 minutes au km pour finir… mais que 5 km x 5 mn, çà faisait encore 25 mn à gambader dans les rues toulousaines! j’ai alors ressenti une profonde lassitude, j’ai ralenti avant de me ressaisir pour retrouver mon rythme, environ 4 mn25 au km. J’ai couru beaucoup  plus vite que lors de mes précédents marathons, pour être plus proche de mes allures habituelles de course sur trail et semi-marathon. Pour être à l’aise. Tout en m’accordant systématiquement des périodes de récup, de marche aux points de ravitaillement situés tous les 2,5 km environ. J’ai fait la course, ô miracle, en négative split, ce qui signifie, pour vous mesdames, que j’ai couru la seconde moitié de la course plus rapidement que la 1ère. En revanche j’ai eu mal au quadriceps dès le 20ème, faut que j’étudie et trouve une solution à ce problème !

Que dire encore. Ah oui, Mel. Son regard croisé au 27ème, ses paroles. Elle a su me transmettre toute la confiance qu’elle avait en moi ce matin-là. Pierre était là aussi au 30ème pour m’encourager et me dire que oui, ce dimanche matin était enfin le bon… Le bilan tiré de mes échecs précédents était  juste, le plan d’entraînement avec plein de 100 m et de la vitesse adapté.

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Je ne suis pas encore redescendu de mon nuage, la faute aux endorphines, à la testotérone et à la dopamine. Jai battu le record de Pierre, ma carrière de sportif est terminée. J’explique pour toutes celles qui ne savent pas bien lire : je reprends l’entraînement dès demain, j’ai déjà commencé à étudier mes faiblesses et les moyens d’y remédier. Avec comme objectif de taquiner les 3 heures à Berlin en septembre 2010.

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Prochain RDV, vraisemblablement les 10 kms d’Arcachon. Le bassin à mes pieds, au loin l’océan. 10 kms ou 42 kms, l’effort est totalement différent mais complémentaire dans une recherche à moyen terme d’un résultat. Un résultat un peu vain, futile et superficiel. Mais c’est tellement bon quand çà le fait !

Crédit photos : Nanou, Toulouse blog et moi

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