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Boris Hoffman

Par Elisabeth Robert

Aujourd'hui j'offre l'espace de cette note à Gilles Cohen Solal.

Un très triste lundi...

J'ai appris il y a une heure la mort de notre ami Boris Hoffman. Ce  nom ne vous dit pas grand chose, même probablement rien.
C'est pour cela que je voudrais vous en parler...
Boris avait une cinquantaine épanouie rondouillarde et joviale.
Il était agent littéraire, pas un de ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent et font ça comme on ferait des boulons, une tradition familiale puisque son père avait fondé l'agence à Munich bien avant la guerre.
Boris ne savait pas quelle était sa langue maternelle. Aussi loin qu'il se souvienne il avait toujours entendu parlé et parlé lui-même l'allemand, le yiddisch, le russe, l'hébreu, l'espagnol; il savait que sa langue maternelle n'était ni l'anglais, ni l'arabe ces deux là ils les a apprises plus tard comme le portuguais.
Ce multilinguisme, cette ouverture sur le monde grâce aux langues qu'il parlait avait également ouvert son esprit et son âme à la tolérance et aux autres, même si nous avions des divergences sanglantes sur nos clubs de foot préférés !
Nous vivions, professionnellement, dans la même impasse...

Ce n'est pas un gag, c'est vrai! Ses bureaux qu'ils partageaient avec son frère Georges, ont une entrée Boulevard St-Michel et les fenêtres donnent sur l'impasse Royer-Collard. Comme nous. Il n'était donc pas possible que nous sortions de chez nous sans le voir, et donc sans
discuter, et donc sans s'engueuler sur les mérites respectifs de la Bundesliga et du Calcio...
Après un coca et un café nous étions d'accord sur le fait que les éditeurs sont tous des branleurs, moi le premier et que les agents littéraires ne valent pas mieux.
Il était l'agent de John Le Carré mais il était surtout un être d'une gentillesse hors du commun . Il passait sa vie à s'occuper des autres tout en râlant parce que cela «l'emmerdait» comme il disait.
Il était curieux de tout et aussi assez curieux dans son genre. J'ai essayé de lui acheter un livre, n'importe lequel, pendant trois ans...
Cela ne s'est jamais fait. Il était incapable de discuter d'argent tout court, alors avec ses amis cela lui était quasiment impossible.
Cultivé comme très peu, gentil comme personne et redoutablement intelligent, Boris Hoffman a été  un ami formidable pour tous les gens du monde de l'édition en France et à l'étranger. Nous étions à Francfort ensemble il y a dix jours et il était partie avant la fin de la foire parce qu'il avait un match de foot à voir.
Il est mort ce week-end chez lui, j'espère que ce n'est pas en regardant vendredi soir Argentine-France de rugby. Cela lui ferait de bien mauvais souvenirs pour l'éternité...
Une chose est sûre chaque fois que je rentrerais dans nos bureaux, ou chez nous, et cela pendant longtemps j'aurais envie de frapper à sa fenêtre pour que nous prenions un café...
En attendant , je pleure.

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J'espère que nous serons et saurons être un à la douleur de ses fils Danny et Benji.
Boris sera enterré mercredi après-midi, mais les hommes comme lui ne disparaissent jamais.
P.S : tu me manques déjà enfoiré !


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LES COMMENTAIRES (3)

Par Jean-Paul Samuel
posté le 27 octobre à 23:35
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Boris etait un ami de toujours. Il n'a jamais change. Vous le decrivez tel qu'il etait. Votre aricle m'a beaucoup touche. Merci.

Par Cara
posté le 27 octobre à 17:43
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C'est nouvelle est trés triste. J'ai recontre Boris un fois, il etait mon agent litteraire, et je souviens son bureau, beaucoup des livres, son humeur...c'est un vrai dommage.

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