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Le surhumain

Publié le 29 octobre 2009 par Jcgbb

Le surhumain désigne l’espoir d’une double métamorphose de l’humain : de la nature qu’on lui prête et de l’idéal qu’on voudrait qu’il atteigne. Les hommes ne sont pas ce qu’on affirme qu’ils sont (dignes, libres, égaux) et les valeurs dites humanistes (bonté, générosité) les rendent pires : il faut donc à la fois changer de conception et de norme d’humanité — d’où l’idée de « surhumain ».

L’humain, tout d’abord, est trop humain. Il est généralement plus faible que, par complaisance, on se le représente. Ce trop désigne un excès par rapport à la représentation ordinaire moyenne. Faible signifie que les hommes cèdent à ce que l’on considère presque depuis toujours comme « mauvais » : ils sont, dans leurs rapports entre eux, égoïstes, jaloux, envieux, orgueilleux. La conception d’une humanité digne, libre, de ne pas être faible par exemple, est donc fausse pour Nietzsche. L’humanité comme fait est un leurre.

Bien plus, les valeurs dites humaines la font dégénérer au lieu de l’élever. Ce qui fut toujours considéré comme un progrès est, pour le philosophe, un déclin. Le progrès moral une déchéance vers plus d’immoralité. Les hommes deviennent, influencées par elles, plus faibles, plus égoïstes, plus craintifs : ces idées de bonté, de douceur les enivrent de bonheur, les remplissent de revendications individualistes, leur rendant l’existence à la fois plus précieuse et plus amère. La vie semblant odieuse, les désirs deviennent capricieux, solitaires, les sentiments définitivement moins généreux. L’humanité comme valeur est nuisible.

Comment Nietzsche pense-t-il, en guise d’alternative, le passage du trop humain au surhumain ? Pour lui, l’égoïsme, l’orgueil, l’envie sont irréductibles, mais doubles. A partir de la faiblesse (absence de vitalité, de courage, de personnalité) l’envie devient haine, l’orgueil vanité et l’égoïsme égocentrisme. A partir de la force (énergie, sentiment de puissance, de satisfaction), l’égoïsme devient bonté, l’envie amour et l’orgueil générosité : par désir de supériorité, le surhumain veut et aime bien faire.

Le surhumain désigne donc un être et une morale dont les racines sont immorales, dont le secret est la puissance.


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