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Phase terminale pour l’ADQ

Publié le 30 octobre 2009 par Politicoblogue

En confiant à François Bonnardel le poste de chef parlementaire de l’ADQ, Gilles Taillon a débranché la dernière machine qui maintenait son parti artificiellement en vie. Pas que le conjoint de la ministre libéral Nathalie Normandeau ferait nécessairement pire qu’Éric Caire, mais si Taillon avait eu le début d’un semblant de sens politique, il aurait donné ce poste à Caire les yeux fermés.

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En effet, Taillon aura beau parler d’unité, de « collégialité », d’esprit rassembleur, ce ne sont là que des mots-creux s’il ne peut pas trouver le moyen de satisfaire les 50%-1 personnes qui n’ont pas voté pour lui. C’est une vérité politique tellement primaire qu’il est tout à fait invraisemblable que Taillon ait pu agir autrement. Obama a nommé Hillary Clinton au poste de secrétaire d’État; Jean Chrétien avait Paul Martin comme ministre des finances. Quand on veut réellement unir un parti, on doit donner des postes d’importance à ses adversaires afin de solidifier les bases de la formation politique.

Or, les bases de l’ADQ sont en piètre état. Le parti végète à 8% dans les intentions de vote, n’a plus d’argent, se retrouve aussi divisé qu’il peut être mathématiquement possible de l’être, ses militants sont démotivés, il a à sa tête un chef cancéreux avec le charisme d’une armoire de cuisine et qui récompense sa petite clique au lieu de penser au bien-être du parti. Un chef tellement instable sur son piédestal qu’il doit répéter à au moins trois reprises en conférence de presse cet après-midi qu’il est le chef, qu’il est légitime, qu’il a gagné, que les autres doivent se rallier à lui parce qu’il est le chef. Quand le chef a besoin de convaincre les journalistes qu’il est le chef, ça ne va vraiment pas bien.

L’ADQ devrait peut-être confronter sa triste réalité: le parti est devenu inutile. Il a manqué son rendez-vous avec l’Histoire, et cette cruelle maîtresse ne donne jamais de seconde chance quand on lui colle un lapin. Idéologiquement, l’ADQ a été créée entre autres pour s’opposer au fédéralisme centralisateur prôné par le Parti Libéral et pour proposer des idées économiques conservatrices; en 2009, tant le PLQ que le PQ prônent un fédéralisme « autonomiste » et les thèses économiques défendues par l’ADQ ont perdu toute crédibilité avec la crise actuelle. Et sans le charisme extraordinaire d’un Mario Dumont, que reste-t-il? L’ADQ est mort, sa marginalisation croissante ne constitue qu’un dernier sursaut dans un corps refusant d’accepter sa fatalité.

Je regardais Taillon, mal à l’aise, l’air de suer à grosses gouttes, tentant d’expliquer comment il allait travailler avec ses six députés, lui qui n’est même pas un élu. Je l’observais, et ces vieilles paroles d’Aut’Chose, le groupe de Lucien Francoeur, me sont venues à l’esprit: « Le trip est fini, chu loin de chez moi, comme Jim Morrison à Paris, si vous pouvez comprendre… » Oui, le trip est fini. L’ADQ a vécu, les Québécois ont vu, et elle a été vaincue. Par son amateurisme, par ses idées dépassées, par son incapacité à s’organiser au-delà des mots et à bâtir une plate-forme politique crédible.

D’une certaine manière, Taillon rend peut-être service à la politique québécoise en contribuant à achever le mourant.  En remplacement de l’attention médiatique accordée traditionnellement à une « troisième voie » qu’on donnait à l’ADQ, on aura peut-être enfin la chance de voir une alternative se lever, un parti qui, au-delà des beaux discours, saurait vraiment réinventer notre société et la faire entrer dans l’Histoire par la grande porte.

Pour l’ADQ, c’est la phase terminale. Les soins palliatifs ont débuté.

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