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L'écologie en deuil : Claude Lévi-Strauss nous a quitté

Publié le 03 novembre 2009 par Bioaddict @bioaddict
  • Claude Lévi-Strauss et Dina, sa première épouse, dans leur campement en Amazonie. Dina était comme lui agrégée de philosophie et participa activement aux missions ethnographiques. (source : CNRS)
  • Claude Lévi-Strauss lors de sa mission au Brésil. Il raconte que Lucinda, le petit singe qui vivait en sa compagnie, avait choisi pour posture habituelle de se cramponner à l'une de ses jambes. (source: CNRS)
  • Homme en costume de fête.Ce Bororo en tenue composite est tel qu'il a souhaité être photographié, avec tous ses ornements dont un pendentif labial propre à son clan et une grande couronne de plumes rouges et jaunes. Il semble exhiber ces plus riches
  • Claude Lévi-Strauss.


Claude Lévi-Strauss, grande figure de l'anthropologie et de l'ethnologie, s'est éteint vendredi dernier, à quelques mois de son 101ème anniversaire. Ce précurseur dans le domaine de l'écologie a changé les mentalités en montrant la voie du respect des peuples autochtones en harmonie avec leur environnement.

Né en 1908 à Bruxelles, Claude Lévi-Strauss passe en 1931 l'agrégation de philosophie puis devint docteur ès lettres et professeur au Collège de France de 1959 à 1982. C'est sur les terres du Brésil qu'il fait ses premiers pas d'ethnologue où il y séjourne de 1934 à 1939.

Il raconte dans " Tristes Tropiques " (1955), la naissance de sa vocation d'ethnologue et sa première expédition chez les Indiens Bororos et Nambicuaras du Brésil. Un pays où il vit " l'expérience la plus importante de sa vie ".

Il part la rencontre de ces sociétés tribales, dites " primitives " dont il décrit le langage, les croyances, les moeurs et les liens avec la nature. Comment les espèces végétales ont leur importance dans le mode de vie des tribus indiennes.  Elles servent dans leur alimentation mais c'est surtout en tant que plantes médicinales que ces ressources amazoniennes dévoilent tout leur pouvoir entre les mains d'hommes qui se transmettent leur savoir ancestral naturel.

" Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui ", écrit-il dans " Tristes Tropiques ".

Pour Claude Lévi-Strauss : " La civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques. L'humanité s'installe dans la mono-culture; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. "

Des phrases qui trouvent tout leur sens à l'heure où la forêt amazonienne disparaît, hectare par hectare, heure par heure, dans une société globalisante qui ne prête même plus attention aux derniers peuples ancestraux, condamnés à s'éteindre au profit de populations toujours grandissantes.

Claude Lévi-Strauss, surtout connu pour avoir introduit en anthropologie le structuralisme, méthode empruntée au domaine de la linguistique, a changé notre regard sur le lien qui lie ces peuples à l'environnement grâce à son approche écologique du monde et des hommes.

Emilie Villeneuve


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