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Anthologie permanente : Joachim Sartorius

Par Florence Trocmé

A la lecture de vieux journaux intimes

Vers quoi fixer les yeux ?
Et qui sommes-nous, la nuit ?

J’entre dans un violent bourdonnement.
C’est ici qu’est la plus grande floraison
et la terre plus meuble.
L’air en est jaune
et noir.
Je garderai ce noir à l’oreille
jusqu’au jour de ma mort. L’obscurité, je te la
donne. Sa part la plus infirme est aile, souffle,
est parole, est –

Oublie. Oublie ça. Et ne t’y dérobe pas.
Cela fait partie du jeu ?
Quel jeu ? Celui avec casque
et visières. Nos connaissances des neurones,
des synapses n’amoindrissent
pas le deuil, n’augmentent pas
notre sentiment de bonheur. Un cockpit,
voilà notre cerveau.

tu regardes par de petites fenêtres froides.
villes, routes, voies sont inertes
comme les mots dans un livre. Et tu vois
des étoiles depuis longtemps éteintes comme tu
vois des souvenirs. Le lointain est-il visible ?
De quoi est fait le temps.

 

où tout est tout à fait comme toujours,
nous achetons ce vieux coquillage, l’océan
en lui : bruitage du souvenir. Nous sommes
ce coquillage inversé : plus nous sommes vieux, plus fort
il murmure à l’oreille qui grandit et s’allonge.

Et finalement nous sommes faits de ces rumeurs
des autres. Ce sont leurs motifs,
ces enchaînements que tu dois comprendre, la nuit,
sur ton lattis, à l’affût d’un murmure,
le toucher de l’aile dans la nuque.
N’oublie pas ça. Ne la cède pas

Joachim Sartorius, A Tunis, les palmiers sont menteurs, traduction de l'allemand par Françoise David-Schaumann et Joël Vincent, Atelier La Feugraie, 2007, pp 64 à 67

bio-bibliographie de Joachim Sartorius

version originale en cliquant sur le lien ci-dessous

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In alten Tagebüchern lesend

 

Wohin hefte ich meine Augen?
Und wer sind wir nachts?

 

Ich trete in ein gewaltiges Summen.
Hier sind die meisten Blüten
und lockere Erde.
Die Luft ist gelb davon
und schwarz.
Ich werde dies Schwarz am Ohr fühlen
bis zum Sterbetag. Das Dunkle gebe ich
dir. Sein feinster Teil ist Flügel, Atem,
ist Rede, ist –

 

Vergiß, vergiß es. Und stiehl dich
nicht fort. Es gehört zum Spiel.
Welchem Spiel? Dem mit Helm
und Visieren. Dass wir über Neuronen
wissen und Synapsen, mindert
die Trauer nicht, steigert nicht
unser Glücksgefühl. Ein Cockpit
ist unser Hirn.

 

Du schaust aus kleinen kalten Fenstern.
Städte, Straßen, Trassen sind bewegungslos
wie Wörter in einem Buch. Und du siehst
Sterne, die längst erloschen sind, wie du
Erinnerungen siehst. Ist Ferne zu sehen?
Aus was ist Zeit gemacht? Jetzt,

 

wo es genauso ist wie immer,
kaufen wir die alte Muschel, den Ozean
in ihr: Erinnerung-Geräusch. Wir sind
die umgekehrte Muschel : Je älter, je stärker
rauschts am größer, am länger werdenden Ohr.

 

Und Schließlich sind wir aus den Geräuschen
der anderen gemacht. Es sind diese Muster,
diese Abläufe, die du kapieren musst, nachts,
auf dem Lattenrost, auf dem Rauschen, aus,
das Fingerwerk der Flügel im Nacken.
vergiß es nicht. Gib sie nicht fort.


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