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Le mur en poussière

Publié le 06 novembre 2009 par Beniouioui

Image1 Le 9 novembre 2009, le mur de Berlin s'ouvrait. Symbole du communisme dictatorial, haineux, brutal, ce mur devenu poussière allait changer l'Europe et le monde.

En image tout au moins, car cette fin d'une triste histoire fut un long processus.
Un processus démarré à Gdansk où des ouvriers polonais osaient se mettre en grève.
Un processus pendant lequel de grands hommes se sont révélés sous un jour plus ou moins bon. Tandis Helmut Kohl et Mikhaïl Gorbatchev démontraient leurs capacités tactiques et leur pragmatisme, François Mitterrand redécouvrait la peur française de l'Allemagne.
Un processus qui bénéficia de la tenacité d'un homme visionnaire et mû par une foi profonde : Jean-Paul II.

De Jean-Paul II, Lech Walesa, le héros de Gdansk, a dit ceci :

"Dans ce monde communiste sans foi, les Polonais ont rencontré ce pape. Son message nous a considérablement aidés. Nous avons associé la prière à la grève, nous l'avons même adaptée à la grève. Sans Jean-Paul II, les événements ne seraient pas survenus aussi vite."

De Jean-Paul II, Mikhaïl Gorbatchev, a dit cela :
«Rien de ce qui s'est passé en Europe de l'Est n'aurait pu se produire sans ce pape-là...»

La chute du mur de Berlin, la réunification européenne, la fin d'un communisme destructeur ne furent pas le fruit d'une simple stratégie politique. Ces événements furent la foi, l'espérance et la charité d'un pape d'exception.

Aujourd'hui, nous fêtons cet effondrement. Aujourd'hui, nous célébrons l'Europe unie. Mais aujourd'hui, nous ne savons toujours pas de quelle Europe nous parlons.

Est-ce l'Europe de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) qui vient d'obliger l'Italie à refuser les crucifix des murs des écoles... contrairement au souhait des italiens eux-mêmes? Je n'aurais pas la grossiereté de rappeler à nos potentats européens le nombre de pays de notre belle Union qui ont un des christianismes comme Religion d'Etat ou ont passé un Concordat particulier. Les pays "areligieux" se comptent sur les doigts d'une seule main, et encore... Mais rappelons-nous que nos Pères Fondateurs à nous, ne sortent pas de nulle part. Comme ce mur qui chute grâce à un pape, l'Europe s'est bâtie grâce à Robert Schuman dont le procès en béatification est en cours à Rome.

Est-ce l'Europe de Pierre Lellouche qui traite de "pathétique" le leader conservateur et futur Premier-Ministre britannique David Cameron pour la seule raison qu'il défend une Europe différente?

La création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (ancêtre de notre Union Européenne) par Schuman tout comme la chute du Mur de Berlin sont des gestes de paix, d'amour. Ce sont des gestes historiques et civilisationnels de rupture avec les totalitarismes et les valeurs négatives.

Dans sa chanson "Les Murs de Poussière", Francis Cabrel raconte l'histoire d'un homme qui cherche le bonheur. Comme beaucoup de nos contemporains, il pense qu'il se sauvera tout seul. "Je partirai demain si je veux/ J'ai la force qu'il faut pour le faire et j'irai trouver mieux". Et puis pschiiittt. Rien.

L'Europe en est un peu au même point. Elle cherche à trouver mieux en oubliant son histoire.
L'identité nationale dont on parle aujourd'hui, l'identité européenne dont on devrait parler un peu plus ne sont-elles pas à chercher dans notre "lopin de terre", dans "la douce lumière du soir", dans "la troupe entière de [nos] aïeux"? Dans notre civilisation qui a uni Athènes (philosophie) et Jérusalem (foi) dans Rome?

En 1949, l'Europe a enclenché un processus de paix. En 1989, elle a rétabli un processus de liberté. En 2009, elle pourrait un processus d'identité.


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