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Réedition Bleach de Nirvana

Publié le 06 novembre 2009 par Surchauffe
Réedition Bleach de Nirvana
J'avais 10 ans à peine & plus que 2 ou 3 dents de laits. C'était Noël, l'euphorie anxiogène, les guirlandes dégoulinaient des murs, des boules illuminées crachaient dans mes yeux une lumière vive, et; ayant décidé de m'y "connaître" en musique, j'ai commandé au pif une vingtaine de CD dont la pochette me plaisait dans un catalogue has been. Parmi eux, la très sobre pochette du Best Of de Nirvana, qui m'a tout de suite tentée; se démarquant carrément d'albums ultra-glitter dont je m'imaginais les chansons avec un sale dégout. Sans rien connaître je me suis forcée à écouter en boucle ce Best Of, en trouvant d'abord les chansons fades, vides, la voix du chanteur plate... Puis peu à peu ce groupe m'a collé à la peau, il m'appelait, me hantait; j'ai donc décider de faire mon premier pas dans la connaissance musicale rock'n'roll : j'ai ouvert la pochette qui accompagnait le CD. Je ne me rappelle plus ce que j'y ai trouvé, mais cela ne m'a pas suffit car j'ai embarqué un ordinateur juste après & pendant une nuit entière, j'ai lu une dizaine de biographies sur le groupe; puis sur Kurt Cobain.
Réedition Bleach de NirvanaCe mec est devenu petit à petit une sorte de héros, de divinité, d'idole que je rencontrais dans mes rêves, elle devenait si irréelle que l'idée de sa mort m'était impossible à imaginer. Puisque c'est un Dieu, il n'a jamais vraiment foulé cette terre, mais ne l'a jamais quittée non plus, il imprègne nos esprits, nous pousse à l'adoration dans un pacifisme extrême; mais n'a jamais effectué des actes réellement humains, ni été le siège d'émotions. Il a seulement, pendant une période de son existence infinie, transpiré son âme sous des aspects sonores. Je délirais complètement, mais puisque que je trouvais les autres Dieux trop basiques, celui la me convenait, me touchait, m'imprégnait totalement.
 Ce côté héros déchu & fragile, prince abandonné, génie non reconnu avant l'explosion médiatique parfaitement compréhensible de Nevermind en 1991. Nevermind est un de ces albums grunge qui mêle assez de pop pour pouvoir conquérir un public formaté large, déchaîner les productions de maïs au Canada, renverser les rocheuses, et tuer un mouton Afghan. Il est d'une puissance dévastatrice gargantuesque, il multiplie les riffs tranchants, mélodieux et rentre-dedans. C'est d'une puissance rock'n'rollesque énorme; mais ce n'est pas du Nirvana. Le vrai Nirvana est le groupe qui balance des titres crades empreints d'une réalité crue, de paroles revendicatives & originales, remplient d'une émotion forte que Cobain s'use à extériorer. Voila le vrai Nirvana, celui pour lequel ses fans mourraient, cette facile ribambelle sonore imparfaite et tellement charmante.
Réedition Bleach de Nirvana
Quand j'avais 10 ans, je ne savais pas ce qu'allait devenir mon adoration au départ si abstraite; puis elle s'est transformée en quelque chose de si extrême par la suite qu'aucun autre groupe me paraissait à la hauteur; tout n'était que formatage conscient, riffs taillés pour une radio elle aussi formatée, ou des animateurs formatés déblatéraient des discours formatés sur le matos des Deep Purple ou le chat de Flea. Ce n'était plus simplement Cobain que j'adorais, mais tout le groupe, du premier batteur Chad Smith au second guitariste Pat Smear complètement oublié.
Comme si mon fanatisme n'était pas assez élevé, la pochette assène un violent coup dans le cortex, cette énergie libertaire et cette putain de galère; une image sale sans l'être trop, un vide esprit nique-ta-mère salement élogieux. Cheveux longs pendent au dessus d'un étrange gaucher veste en jean, quelques autres boucles balayent un visage suintant à droite, puis Novoselic torse nu basse aux couilles (ça, c'était avant de faire de la politique oui oui) au fond à gauche, batteur affalé, gorge sèche dépistage. rock.
Bleach est le pionnier, la grande ouverture de Nirvana sur un monde qui a mis trop de temps à s'intéresser à son vrai travail; sous les aspects techniques (qui finalement étaient exploités au maximum pour donner cet effet fumiste et négligé). Une jungle de grunge vipérin & viscéral, taillé pour aucune taille, véritable tuerie qui dépasse le rock, la musique toute entière. En 1989, après bien des vagues & phosphorescences musicales; un vrai groupe s'immisce quelque part, on ne sait où.
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Nirvana - Love Buzz
Nirvana - Floyd The Barber
Nirvana - Negative Creep

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