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"Il faut savoir terminer une grève"

Publié le 25 octobre 2007 par Le Petit Docteur
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Les internes ont manifesté massivement hier à Paris en faveur du retrait de la liberté d'installation.
Ils étaient très nombreux et la pression a semble t-il payé !
Après 1 mois de grève, le gouvernement a donc plié en acceptant d'amender les articles concernés dans son projet de loi de Budget de la Sécu.
Les syndicats des internes heureux, vont prendre part aux états généraux de la démographie médicale pour envisager la suite.
Retour donc, pour le problème de la démographie médicale,à la case départ.
Cette bataille en occulte une autre, elle aussi très importante.
Une bataille où le gouvernement n'a pas varié d'un millimètre.
Une bataille qui n'a pas été celle des internes malgré leurs cris de défense de la sécurité sociale.
Cette bataille: c'est celle de la mise en place des franchises médicales ou taxes aux malades.
Elle se joue ces jours-ci à l'Assemblée et on ne voit plus trop comment on pourra maintenant l'éviter.
Reste une petite curiosité: l'amendement du député UMP Yves Bur (rapporteur du projet de loi) qui fait un peu de bruit dans le Landerneau médical.
Il propose d'obliger les spécialistes du secteur II (honoraires libres) à pratiquer une « proportion minimale d'actes sans dépassements ».
Aïe.Aïe.Aïe....Quelle folie...!
Imposer par la nouvelle loi l'affichage des tarifs dans la salle d'attente avec mention du montant des dépassements : ça allait encore.
Mais, élargir l'accès aux soins en obligeant de pratiquer à une frange des patients les tarifs conventionnels remboursés.
Quelle horreur ! Impensable !
Cet amendement ne plait pas du tout aux syndicats de médecins spécialistes.
Il permettrait pourtant de rendre plus accessible la visite chez le spécialiste où la pratique des dépassements d'honoraires a explosé ces dernières années.
L'Igas a chiffré ces dépassements d'honoraires à 2 milliards d'euros/an sur 18 milliards d'honoraires (dont 2/3 à charge des patients).(rapport)
Chez les jeunes installés , c'est cette filière à honoraires libres qui est privilégiée :
86 % des chirurgiens, 90% des ORL, 75% des gynécologues, 73% des ophtalmologistes, 67% des gastro-entérologues s'installent aujourd'hui où ils veulent et en secteur II (chiffres du Quotidien du Médecin)
La déontologie exige uniquement "le tact et la mesure"
Il est fort à parier qu'après discussion à l'Assemblée, l'amendement rejeté, on en restera là.
Pour info : l'Insee vient de publier une étude sur "La santé des plus pauvres." où on découvre entre autres choses que les plus démunis se déclarent plus souvent en mauvaise santé,consultent moins souvent les médecins spécialistes, recourent moins souvent aux pratiques de prévention....
Extrait:
"Les écarts en matière de santé peuvent en effet provenir de la contrainte financière qui pèse sur les plus pauvres, malgré la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU) et de sa complémentaire. D’une part, les plus pauvres ne demandent pas toujours à en bénéficier, d’autre part, leurs ressources peuvent être supérieures au plafond requis pour l’affiliation. Ainsi, 22 % des individus ayant de faibles revenus n’ont pas de complémentaire santé (CMU comprise) alors que ce n’est le cas que de 7 % du reste de la population. Se soigner revient donc plus cher à ces personnes non couvertes puisqu’elles ne sont remboursées que sur la base de la sécurité sociale obligatoire. En revanche, les personnes les plus pauvres fréquentent davantage les hôpitaux. Ainsi, 19 % de celles de 50 ans et plus ont été hospitalisées au moins une fois (au moins une nuit ou un jour, à l’hôpital ou bien à domicile) au cours de l’année précédente contre 16 % du reste de la population du même âge."
La Fracture sanitaire.
Pas prête de consolider.

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