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Critique : Rapt

Par Rom_j

L’histoire du baron Empain a fait grand bruit à la fin des années 70. Pour quelqu’un de ma génération, encore étudiant aujourd’hui, l’enlèvement de ce capitaine d’industrie ne représente qu’un doigt coupé et quelques bruits entendus au cours d’une courte vie. En plus d’espérer un bon film, j’attendais donc de Rapt de Lucas Belvaux qu’il m’apprenne une part d’Histoire. Sur ces deux aspects, la tâche fut remplie sans pour autant susciter l’enthousiasme.

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Les deux premières minutes de Rapt mettent efficacement en place la situation, transposée de nos jours pour l’occasion : Stanislas Graff est un homme d’affaire puissant qui fleurte avec la présidence et ses maîtresses, un homme pressé au foyer aussi terne que sa vie professionnelle est excitante. Et ce jusqu’à son enlèvement, rapide, et sans bavure. La majeure partie du film suit en parallèle la captivité de Graff – impeccable Ivan Attal – , et la vie « du dehors », où les affaires du riche héritier son décortiquées et étalées sur la place publique : dettes de jeu, aventures multiples, fortune amoindrie, rien ne sera épargné à sa digne femme – Anne Consigny – et ses deux filles.

Côté mise en scène, Lucas Belvaux a voulu rendre le film aussi professionnel que les ravisseurs du baron : une mise en scène factuelle, assez plate et parfois trop théâtrale, qui a le défaut de révéler certains seconds rôles mal interprétés comme le chef de la police ou le bras droit de Graff. L’émotion est canalisée pour mieux être relâchée dans quelques scènes, courtes mais intenses, qui permettent de mieux attendre la dernière partie du film.

Car sur la fin, Belvaux se rattrape : la partie qui suit la libération est beaucoup plus intéressante, elle révèle la vraie personnalité de Stanislas Graff et de son entourage. La mise en scène très sobre prend tout son sens ici, car on devine beaucoup plus de sous-entendus et d’émotion contenue derrière chaque regard. Une fin enthousiasmante donc, mais frustrante au vu de la différence de qualité par rapport au début.

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Fort heureusement, je ne suis pas resté sur ma faim. A la fin de cette avant-première, Ivan Attal est venu discuter du film avec les spectateurs. Après nous avoir prévenus qu’il était passablement éméché, il nous a raconté la délicate préparation du tournage : il a dû perdre 20 kilos en deux mois pour avoir l’air assez émacié, et toutes les difficultés qu’il a rencontrées l’ont aidé à se rapprocher du personnage.

Ivan Attal nous a également détaillé les rapprochements et différences entre son rôle et le véritable baron Empain. Si les différences physiques sont évidentes – grand blond contre moyen brun- , c’est que Lucas Belvaux a voulu créer un personnage à part entière pour, tout en respectant les faits historique, donner une plus grande liberté à son acteur.

Attal a également mentionné la volonté de Lucas Belvaux de donner un aspect actuel à ce fait divers vieux de trente ans. Fait marquant, au moment même du tournage avaient lieu les fameuses séquestrations de patrons français. Je suis un peu gêné par cette réactualisation du sujet : à part transposer les sommes en euros et insérer quelques expressions bien senties comme « de nos jours » ou « à notre époque », Belvaux n’a fait aucun effort pour remettre en perspective cette histoire. Voilà qui est dommage, un peu comme tout le film d’ailleurs : on sent le talent du réalisateur – que je découvrais – , mais on sort frustré car il ne l’a pas assez exprimé.

Un grand merci à Dasola et Jérôme de Cinefriends pour leur invitation à cette avant-première, mais aussi à Cambronnetwit que j’ai rencontré par hasard sur place et dont le livetweet m’a rafraîchi la mémoire.


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