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En finir avec Marx ?

Publié le 10 novembre 2009 par Yvesd

poubelle.jpgFaut-il bazarder Marx et sa pensée à la poubelle de l’Histoire ? Certainement pas même si, au lendemain des célébrations berlinoises, ce n’est pas l’envie de le faire qui manque.

Que nos lecteurs se rassurent : « Restons Correct ! » n’a pas viré coco, ne prône pas l’appropriation collective de l’outil de production de (vraie) galette-saucisse et encore moins la déportation de Josette et de Marcel dans quelque goulag sibérien.

Pour autant, nous croyons qu’il serait intellectuellement inacceptable et politiquement contreproductif de brûler le Manifeste de 1848 en place publique ou de passer le Capital au pilon. Ne serait-ce que parce que, virtuel ou physique, l’autodafé est une pratique incompatible avec les valeurs libérales qui nous sont chères.

Il est sans doute beaucoup plus intelligent d’essayer de comprendre pourquoi, un siècle et demi après sa formulation initiale, le marxisme s’est éteint dans un échec politique et économique aussi indiscutable que retentissant.

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La principale contribution de Marx à la pensée moderne est d’avoir mis en évidence la dimension matérialiste de l’Histoire et de l’avoir fait de façon remarquablement cohérente et donc intellectuellement satisfaisante. De ce point de vue Marx est incontournable, sa contribution au progrès des idées est indéniable.

Pour autant, il a commis plusieurs erreurs d’analyse fatales à la traduction politique de sa pensée, même si ses derniers thuriféraires refusent toujours de l’admettre, le refuseront sans doute jusqu’à leur dernier souffle.

La première est de n’avoir pas « vu » que l’économie n’était pas un jeu à somme nulle comme dirait les mathématiciens, c'est-à-dire que le gâteau de la richesse produite pouvait croître ou décroître selon les circonstances, ce qui change radicalement l’approche politique de sa répartition entre le capital et le travail, entre les individus surtout.

La seconde fut de ne pas avoir imaginé que la suppression de la propriété privée et, notamment, celle des moyens de production, serait inéluctablement porteuse d’une déresponsabilisation des individus que nulle « éducation » ne pourrait combattre, que nulle planification « scientifique » ne pourrait compenser.

La troisième est que la raison nationale, pourtant très forte et très croissante à l’époque, avait des raisons que la raison internationaliste ignorerait toujours.

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Cette triple cécité est d’autant plus surprenante de la part d’un penseur de ce gabarit que, non seulement les questions nationales étaient au cœur de l’actualité de son époque mais qu’en plus, près d’un siècle auparavant, les fondateurs de la pensée libérale avaient déjà mis en évidence les vertus de l’individualisme d’une part, celles de la libre concurrence et du libre échange d’autre part.

Que Marx ou Engels n’aient pas lu Locke, Adam Smith ou les Physiocrates français est peu crédible. Il est plutôt probable qu’emporté par son dessein constructiviste papy Karl, comme ses premiers disciples, ait refusé d’en tenir compte. On connaît la suite…

L’Histoire n’a pas de fin, ses poubelles passent désormais par le tri sélectif et c’est tant mieux.


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