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La physique des catastrophes - Marisha Pessl

Par Vanina Delobelle
"frais" pour signifier : cool, dans le coup, ayant tout compris, porteur de joie, bien vu, malin, sympatoche
versus

"physique" pour qualifier tout ce qui est grasseillant, à côté de la plaque, kitsch, bof, méchant, naze, dénué de potentiel, pue des pieds

Actuellement le flot de nouvelles "physiques" -entre le divorce annoncé de Nico et Cécilia, les malversations de certains, le outing du XV de France et le retour de l'hiver- est tel que je me suis invitée à me changer les idées en dévorant un bouquin qui devrait être conseillé par Sainte-Anne et remboursé par la Sécu, tellement il est FRAIS :

Il s'agit du premier livre d'une écrivaine de 27 ans (à peine !), dans lequel, et bien, il y a "tout" : une intrigue socio-policière ficelée comme une alouette sans tête et des personnages attachants comme autant de crêpes à une plaque sans Teflon, une vision, un recul et un humour tout simplement exceptionnels et rares par les temps qui courent. Entre les rebondissements, la succession d'images et d'histoires étonnamment bien tissées, je n'ai souhaité personnellement qu'une chose : que les 609 pages du livres se multiplient en 1609 ou bien plus encore !

Ceux et celles qui l'ont déjà dévoré l'ont reconnu : il s'agit de "La Physique des Catastrophes" de Marisha Pessl. Ne vous fiez pas à la couverture rose, il ne s'agit nullement d'un bouquin de "filles" et encore moins de "dinde", bien que la narratrice soit une jeune fille prénommée "Bleue" !

Et alors que l'histoire se déroule aux Etats-Unis sous forme d'un road book universitaire et d'une joute haute en mots et en couleurs entre un père et une fille qui s'aiment et se confrontent, elle pourrait, à mon sens, se dérouler n'importe où ailleurs dans un monde bouffé de vanité dans lequel seraient plongés deux individus singuliers, cultivés, cyniques mais ô combien sensibles !

Dès le début, Bleue nous interpelle, lecteurs, blogueurs et diseurs en tous genres :
"Papa disait toujours qu'il faut une sublime excuse pour écrire l'histoire de sa vie avec l'espoir d'être lu.

A moins que ton nom ne soit comparable à ceux de Mozart, Matisse, Churchill, Ché Guevara ou Bond -James Bond-, il vaut mieux que tu consacres ton temps libre à peindre avec tes doigts ou à pratiquer le palet, car personne, mis à part ta pauvre mère aux bras flasques et aux cheveux rêches qui te couve d'un regard tendre comme du veau, ne voudra écouter le récit de ta pitoyable existence, laquelle s'achèvera sans doute comme elle a commencé - dans un râle."


Plaff ! Le ton est donné, mais pas encore l'histoire et l'histoire.... la rencontre de Bleue avec ses congénères adolescents, une professeure d'histoire du cinéma qui semble dingo, mais se révèlerait être en fait une redoutable terroriste et assassine, prise à son propre piège, le père -veuf- qui tisse des histoires d'un jour ou deux avec autant de "sauterelles" rencontrées ça et là au hasard de ses vacations d'universitaire, des portraits plus vrais que vrais, des gens qu'on connait sûrement et qui passent au fil des pages, des vraies-fausses citations à mourir de rire. Ma plume peine à transcrire la justesse et la fluidité du ton, je ne peux que vous inviter à acheter, voler ou vous faire offrir la chose et vous y plonger.
Bleue, ton papa a vu juste, il faut une sublime excuse et, ma foi, tu la tiens !

Catherine Wendell


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