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Joë Bousquet

Par Florence Trocmé

« Je veux que mon langage devienne tout l’être de ce qui, en moi, n’avait droit qu’au silence»
Joë Bousquet

« Quel homme étrange que celui-là ! Ce n'était pas la conscience des lettres, mais leur inquiétude. il peuplait à lui seul, parleur immobile sous la lampe pâle, les nuits de Carcassonne. Il savait tout, mais avec une telle profondeur que les pensées sortaient nues de ses regards lorsqu'on le fixait dans les yeux. Sur les murs de sa chambre, il y avait des toiles surréalistes fameuses : il venait vers vous depuis l'horizon d'Yves Tanguy ; il traversait Max Ernst avec un oeil d'oiseau ; il trouvait dans Hans Bellmer le corps qui lui faisait défaut. Il lisait Jean Duns Scot, Ramon Lull et Jean Paulhan : c'est-à-dire qu'il les métamorphosait. Il avait une façon de parler de ses lectures qui composait une lecture nouvelle ; une manière d'évoquer les textes qui leur restituait lumière et ombre dans un même mouvement - si bien que l'on avait l'impression première qu'il s'agissait d'autres textes,… » lire la suite
(Hubert Juin, Le magazine littéraire, mars 1976)

Joë Bousquet est né dans l’Aube, à Narbonne, le 19 mars 1897. Son père était médecin-major dans l’armée. Joë Bousquet passe son bac en 1912 puis fait un voyage en Angleterre qui le marquera profondément. Au début de la guerre, son père est nommé dans la région parisienne avant de revenir en 1915 à Narbonne. Joë mène une vie agitée et s’initie à la drogue, morphine, puis cocaïne et enfin opium qui l’accompagnera jusqu’à sa mort. En 1916 il devance l’appel. Très courageux, il recevra la croix de guerre, la médaille militaire et la légion d’honneur avant d’être blessé en 1917. Il est soigné à Nancy, vit une histoire d’amour qui le conduit au désespoir, retourne au front où le 27 mai 1918 il est blessé aux vertèbres. Il restera alité toute sa vie à Carcassonne, au 53 rue de Verdun, dans une chambre dont les volets sont fermés en permanence, en compagnie d’œuvres de Bellmer, Ernst et Tanguy, remplissant ses carnets. Il meurt dans la nuit du 27 au 28 septembre 1950 à Carcassonne.

bibliographie
François-Paul Alibert (sous le pseudonyme de Pierre Maugars), 1925
La Fiancée du vent, sans nom d’auteur, 1930
Voix libre, Au Sans-Pareil, 1932
Il ne fait pas assez noir, Debresse, 1932
La comédie psychologique (avec René Daumal et Carlo Suarès) José Corti, 1932
le rendez-vous d’un soir d’hiver, Debresse, 1933
Une passante bleue et blonde, Debresse, 1934
Lumière, infranchissable pourriture, Cahiers du sud, 1935
Les petits papiers de monsieur Sureau, Debresse, 1935
L’une, l’autre. L’une et l’autre, Debresse, 1935
La Tisane de sarments, Denoël, 1936
Le Mal d’enfance, Denoël, 1936
Traduit du silence, Cahiers du Journal des poètes, 1939
Le Passeur s’est endormi, Denoël, 1939
Iris et petite fumée, 1939
Traduit du silence, Gallimard, 1941
Le médisant par bonté, Gallimard, 1945
La Connaissance du soir, Éditions du Raisin, 1945
Le meneur de lune, JB Janin, 1946
La Connaissance du soir, édition nouvelle, Gallimard, 1947
Le fruit dont l’ombre est la saveur, Éditions de Minuit, 1947
Fumerolle, P.A.B., 1951
La Neige d’un autre âge, Le Cercle du Livre, 1952
Le Mal du soir, Bordas, 1953
Les capitales ou De Jean Duns Scot à Jean Paulhan, Le Cercle du Livre, 1955
Lettres à Poisson d’or, Gallimard, 1967
Langage entier, Rougerie, 1967
Notes d’inconnaissance, Rougerie, 1967
Le sème-Chemin, Rougerie, 1969
Correspondance, tome 1, Gallimard, 1969
Le Pays des armes rouillées, Rougerie, 1969
D’une autre vie, Rougerie, 1970
Lettres à Jean Cassou, Rougerie, 1970
Lettres à Carlo Suarès, Rougerie, 1973
Mystique, Gallimard, 1973
L’Homme dont je mourrai, Rougerie, 1974
La Romance du seuil, Rougerie, 1976
lettres à Stéphane et à Jean, Albin Michel, 1977
Le Roi du sel, Albin Michel, 1978
Le Bréviaire bleu, Rougerie, 1978
Lettres à Marthe, Gallimard, 1979
Isel, Rougerie, 1979
Œuvre romanesque complète, quatre volumes, Albin Michel, 1979 à 1984
Papillon de neige, Verdier, 1980
Le Médisant par bonté, Gallimard, 1980
Lettres à Magritte, Talus d’approche, 1981
Langage entier, Rougerie, 1981
À Max-Philippe Delatte, Rougerie, 1981
Note-book, Rougerie, 1983
La Nacre du sel, J. M. Savary, 1988
Exploration de mon médecin, Sables, 1988
Deux lettres à Lucie Lauze, Sables, 1988
Le Meneur de lune, Albin Michel, 1989
Lettres à Ginette, Albin Michel, 1990
Deux lettres à un ami,
Sables, 1991
Un amour couleur de thé, Gallimard, 1993 ; Verdier 1984 (épuisé)
Le Galant de neige, Fata Morgana, 1995
René Daumal, Unes, 1996
L’Œuvre de la nuit, Unes, 1996
Le Cahier noir, La Musardine, 1997 ; Albin Michel 1996

sur le site des éditions Verdier
un article de Philippe Rahmy sur remue.net

Une belle page sur le poète et ses oeuvres
Un article d’Hubert Juin sur le site du Magazine Littéraire
un article sur le site ecrits-vains.com


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