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The Box de Richad Kelly

Par Geouf

The Box de Richad Kelly

USA, 2009
Réalisation: Richard Kelly
Scénario : Richard Kelly
Avec : Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella

Résumé : 1976. Les Lewis (Cameron Diaz et James Marsden), jeune couple normal, vivent au-dessus de leurs moyens et peinent à joindre les deux bouts. Un jour, un inconnu horriblement défiguré (Frank Langella) vient frapper à leur porte et pour leur proposer un marché. Il leur remet une boîte munie d’un bouton en leur expliquant que s’ils appuient sur le bouton en question, ils recevront un million de dollars, mais qu’en contrepartie, quelqu’un qu’ils ne connaissent pas mourra quelque part dans le monde. Confrontés à un choix cornélien, les Lewis n’ont que 24h pour se décider…

Après le lynchage médiatique de son deuxième film (vive le Festival de Cannes), l’injustement conspué mais pourtant formidable (bien que foisonnant) Southland Tales, on ne s’attendait pas de sitôt à retrouver le réalisateur Richard Kelly  derrière la caméra. L’annonce du tournage de The Box fut donc un soulagement, mais accompagné d’une crainte légitime. Difficile en effet de ne pas s’inquiéter de voir le réalisateur de Donnie Darko s’atteler à l’adaptation d’une nouvelle en long métrage, quand bien même le matériau de base serait excellent (la nouvelle Bouton, Bouton est en effet une des meilleures du génial Richard Matheson). Il est en effet souvent difficile de tirer un film correct d’une courte nouvelle sans ruiner l’efficacité de l’histoire, et de nombreux scénaristes et réalisateurs s’y sont cassés les dents. Mais c’était sans compter le talent du jeune réalisateur.

The Box suit scrupuleusement le déroulement de la nouvelle de Richard Matheson dans son premier acte, avant de prendre une direction totalement différente sitôt que le couple a appuyé sur le fameux bouton. Et c’est là  que tout le talent de Kelly se révèle, puisqu’il se réapproprie le matériau de base, lui donnant une résonnance plus vaste, sans toutefois le trahir. On retrouve donc dans The Box un esprit très Quatrième Dimension, série de laquelle Matheson était l’un des piliers. Une des très bonnes idées du réalisateur est d’avoir résisté à l’envie de moderniser le film en le transposant à notre époque, rendant du coup les événements très plausibles, malgré leur caractère purement fantastique. S’adaptant à l’époque à laquelle se déroule l’histoire, Kelly utilise une réalisation classique et rend hommage au cinéma fantastique des 70’s, prenant son temps pour développer son histoire et ses personnages, et faisant implacablement monter le suspense sans intercaler de grosses scènes d’action. Le tout fonctionne du tonnerre, et le spectateur est à la fois happé par l’histoire, se demandant la raison des agissements du mystérieux Mr Steward (Frank Langella), mais aussi effrayé par ce qu’il ne comprend pas.

The Box de Richad Kelly

Au sein d’un script malin, Richard Kelly convoque les fantômes de la Quatrième Dimension, mais aussi du fameux L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman dans divers scènes, dont la magistrale scène de la bibliothèque, effrayante au possible. Il plaque de plus ses obsessions récurrentes sur cette histoire, s’intéressant une fois de plus aux thèmes de l’apocalypse et des sacrifices que les êtres humains sont prêts à faire pour les personnes qu’ils aiment. Quant aux accusations de misogynie que se traine le film (c’est la femme qui prend la décision d’appuyer sur le bouton), elles ne tiennent pas la route, le film s’avérant beaucoup plus fin que ça (s’éloignant de la nouvelle qui elle rejetait bien toute la responsabilité sur la femme). Car si le couple a des problèmes financiers, c’est à cause du mari (il possède une grosse voiture chère alors qu’il sait qu’ils n’ont pas les moyens), et de plus c’est lui qui rationalise les choses en démontant la fameuse boite, donnant ainsi le feu vert tacite à sa femme.

The Box de Richad Kelly

Mais le film ne serait pas aussi réussi sans son casting solide, Cameron Diaz en tête. La belle prouve une fois de plus qu’elle est tout à fait capable de jouer autre chose que les filles un peu nunuches dans des comédies et donne corps à un  rôle difficile (son personnage est handicapé, mais l’actrice ne tombe pas pour autant dans le misérabilisme). Son alchimie avec James Marsden (encore un acteur sous-employé et sous-estimé) est parfaite et leur couple est très crédible et émouvant. Au milieu d’eux, l’excellent Frank Langella est terrifiant en mystérieux diable tentateur et effraie à chacune de ses apparitions grâce à un jeu minimaliste mais tout en nuances.

Vous l’aurez compris, The Box est une réussite de plus à mettre au crédit de Richard Kelly, qui après avoir transformé l’essai avec Southland Tales, confirme qu’il est l’un des réalisateurs actuels les plus intéressants.

Note : 8.5/10


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