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Des Riesling, des hommes et des Grands Crus d'Alsace

Par Maigremont

Quel thème, quelle belle région et intéressant de par son cépage, se déclinant du sec aux vins sucrés comme les vendanges Tardives ou les Sélections de Grains Nobles (SGN).
Cette soirée n'était pas sans nous rappeler nos escapades d'il y a un an : ici, ici, ici, là et voir même ici si vous en avez le courage ;-).

Le Riesling est le cépage le plus répandu en Alsace. On le traite souvent d'éponge à terroir, en raison de sa faculté à capter les éléments du sol et à restituer dans les vins des différences notables en ce qui concerne  les équilibres, les acidités et bien entendu la minéralité.

Au nombre de 51, les terroirs classés Grand Cru représentent seulement 4 % de la surface totale du vignoble alsasien. La diversité et la nature du sous sol alsacien est telle qu'elle apporte une authenticité particulière aux vins. La conduite des Grands Crus est réglementé avec comme exemple les rendements, qui  sont inférieurs à l'appellation Alsace simple. Il existe également des dégustations d'agréments afin de contrôler la typicité du vin : mais a-ton besoin d'être dans un standard pour prouver qu'un vin est typique ET bon ? C'est un autre débat...

Pour rappel, les 4 cépages dits "nobles" qui peuvent prétendre à l'appellation Grand cru sont : le Pinot Gris, le Muscat, le Gewurztraminer et le Riesling. Il existe cependant quelques exceptions  :
- le Sylvaner qui peut obtenir la mention Grand Cru uniquement sur le Zotzenberg,
- l'Alternberg de Bergheim et le Kaefferfopf (dernier nominé à la place de Grand Cru) dont la complentation est autorisée

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Le Grand Cru Kirchberg de Barr, à Barr (67)

En guise de mise en jambe, un Riesling allemand (hors thème) pendant qu'un petit questionnaire est rempli

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histoire de gagner une bouteille offerte par Yves. Un allemand complet, qui joue la carte de la facilité grâce à un sucre résiduel évident et une fraîcheur en bouche qui s'exprime avec du gaz carbonique. C'est un Kabinett Mittelrhein 2007 de Mattias Müller.

Mittnacht-Klack, Grand Cru Rosacker 2002 : déjà des notes d'évolution au nez avec des notes terpéniques classiques. Y a du fruit, c'est rond, peut-être un peu trop. Du coup, le vin tombe dans la molesse. Bof. Les 26 hectares du Rosacker sont situés sur la commune de Hunawihr (68).

Arthur Metz, Grand Cru Altenberg de Wolxheim 2007 : les marques de terroir sont déjà plus évidentes, malgré une jeunesse identifiée rapidement. Le vin est complet sur des agrumes et l'anis. En bouche, la minéralité se fait d'emblée ressentir avec des notes saline. La finale se fait elle sur l'acidité alors qu'en général, c'est plutôt l'inverse qui se produit ! Un vin agréable, bien fait et qui nous a semblé valoir ses 9 € sans discuter (prix annoncé une fois l'étiquette découverte). Comme son nom l'indique, l'Altenberg de Wolxheim est situé à Wolwheim, sur des pentes douces marno-calcaire.

Domaine de la Sinne, Grand Cru Wineck-Schlossberg 2003 : malheureusement, vous ne saurez seulement de ce terroir qu'il est situé à cheval sur Katzenthal et Ammerschwihr sur des coteaux de granite et de micas très pentus sur environ 27 hectares (68). La bouteille étant défectueuse ! grrrrrrrrr

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Albert Seltz, Grand Cru Zotzenberg 2004 : le domaine est connu pour sa contribution à avoir obtenu de la part de l'INAO, la mention Grand Cru avec le cépage Sylvaner sur le Zotzenberg. Etalé sur 36 hectares à Mittelbergheim dans le Bas-Rhin sur des terroirs de marnes et calcaire, le Riesling est ici discret au nez, mais on devine des notes de pâte d'amande. En bouche, le vin s'exprime cependant avec une richesse et une puissance certaine. La finale est de belle intensité aussi sur des notes minérale. Un vin élaboré pour la table. Assez bien

Jean-Marie Haag, Grand Cru Zinnkoepflé 2005 "cuvée Marion" : Jean-Marie Haag était l'une de nos belles découvertes du Salon des Vignerons Indépendants de Paris de novembre 2006. Style fin et expressif sur les fruits blancs et des notes légèrement pétrolées. La bouche reste un peu perlante, avec quelques grammes de sucres résiduels des plus équilibrés qui viennent étoffer le vin. Longueur intéressante et belle finale tendue par une heureuse acidité. Bien +.
Jean-Marie Haag exploite à Soultzmatt et à Westhalten une petite partie des 71 hectares du Zinnkoepflé, terroir calcaro-gréseux mis aussi en valeur par le fantasque Seppi Landmann et par Agathe Bursin, jeune vigneronne dont on entend beaucoup parler ces derniers temps.

Albert Boxler, Grand Cru Sommerberg 2007 : le lieu dit du Sommerberg qui héberge des substrats granitiques à deux micas en état de désagrégation avancés, donne des sols riche en éléments minéraux. Le Grand Cru est situé à la fois sur Katzenthal et Niedermorschwihr (68) sur des pentes à la déclivité impressionnante !
Le vin élaboré par Jean Boxler est une merveille au nez. Tout y est : finesse d'abord, précision, il s'ouvre ensuite largement sur une palette de fruits blancs comme la mirabelle, la pêche. Le nez respire aussi des senteurs citronnées, de pierre humide et laisse passer des relans de sel. En bouche, c'est du même niveau : c'est une profusion de sensation, toutes contrôlées et rien ne dépasse. L'acidité d'abord : elle est impeccable et entraîne le vin avec dynamisme, on ne risque pas de s'endormir avec un tel vin. L'équilibre général aussi : il est des plus grands et affirme son caractère sur un registre d'agrumes. Aucun doute sur son avenir, heureux sont ceux qui pourront le goûter de nouveau dans quelques années. Excellent

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Dopff au Moulin, Grand Cru Schoenenbourg 2007 : le style est plus facile et plus consensuel, mais il n'en reste pas moins un joli vin, marqué par des notes minérales de fumée et de melon. Malgré un niveau de sucre important, le vin est tenu par une sacré acidité. Pas mal.
Schoenenbourg, terroir de 53 hectares de roches riche en éléments fertilisants sur Riquewihr et Zellenberg.

Wolfberger, Grand Cru Steingrubler 2005 : proche de Colmar, Steingrubler et notamment la partie haute de 23 hectares est propice au cépage Riesling qui se plait sur des sols complexes.
Le nez est discret, avec quelques notes pétrolées. Le vin est surprenant car marqué par une forte salinité en bouche. "Too much" ? Non mais il n'en reste pas moins ancré à une identité propre et à un style solide. Bien

Zind-Humbrecht, Herrenweg de Turckeim 2005 "L144" : le semi pirate du jour. Herrenweg n'est pas classé grand cru, mais c'est un lieu dit de Turckeim sur des terroirs de graves du quaternaire. Au nez, c'est assez peu expressif : légèrement pétrolé, quelques effluves de fruits blancs. En revanche, la bouche est parfaitement mature, précise, riche et ce malgré le compteur du sucre résiduel qui grimpe (15 grammes). C'est un beau vin, qui mériterait qu'on s'y attarde dans quelques années.

Une très belle dégustation, d'un bon niveau général, où nous avons pris beaucoup de plaisir. A la question qu'est-ce qu'on mange ? Les premières gelées étant apparues, une choucroute tiens (merci môman) ! 12 personnes, 10 kg de choux, 5 kg de charcuterie, les fonds de bouteille et c'était le bonheur.

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Et puis Chuuuu...t... Fantine Vin de Table du Clos Fantine, asssemblage de Mourvèdre de 2005, 06, 07 : épouvantable le soir même (écurie, étable...), métamorphosé 12 heures après, sur des parfums de garrigue et d'olives noires. La structure tannique ayant elle aussi changée, c'est un vin qui a de la puissance, mais il n'en reste pas moins posé tout en proposant fraicheur et un touché de bouche soyeux. Un vin qui ne manque pas d'air pourvu que vous lui en donniez. Agréable à boire.

Merci à Francine et Gil pour leur invitation dans leur home, sweet home !

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