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Zappe ton éducation

Publié le 22 novembre 2009 par H16

C’est depuis le début du XXème siècle que l’État a renoncé à se cantonner à l’instruction des têtes blondes pour leur fournir aussi l’éducation, tâche qui incombait auparavant aux parents. Ce qui se passe actuellement dans un lycée technique du 13ème arrondissement de Paris donne une idée assez claire du résultat obtenu : tripotée mortellement par le doigt de l’État, l’éducation de base a disparu.

En effet, en 1932, le ministère de l’Instruction Publique cède la place à celui de l’Éducation Nationale. Ce changement de nom ne fut pas que symbolique puisque chaque jour qui passe depuis montre la lente mais certaine immixtion  de la chose publique dans l’édification des consciences et des comportements des enfants.

Ici, l’affaire est à la fois banale et tout à fait caractéristique.

Un professeur tente de faire cours dans des conditions d’attention de la part de ses élèves que l’on pourra qualifier de minimale : certains téléphonent, d’autres se maquillent, et globalement, le cours d’anglais leur passe très au-dessus de la tête.

Tentant de retrouver un peu de discipline dans sa classe, cette malheureuse écervelée, probablement une vieille pie réactionnaire qui ne laisse pas les jeunes exprimer toute leur créativité, a décidé – quelle abomination – d’interdire l’utilisation des portables et du maquillage dans son cours (qui, je le rappelle, est un cours de langue, pas d’esthéticienne).

Les élèves, outrés, s’en offusquent vertement, avec les termes fleuris qu’on peut imaginer. On n’est pas encore aux jeunes déçus, mais on sent qu’on s’en rapproche. La direction est apostrophée.

Comme de juste dans ces cas-là, cette dernière s’éparpille en congés-maladie et autres manoeuvres dilatoires typiques des personnes pour qui la moindre responsabilité et le plus petit travail sont synonymes de fatigue généralisée et de feuille de soin à remplir vite vite pour obtenir des jours d’absence sponsorisés par la CPAM.

Dans son croustillant article relatant les faits, la journaliste s’empresse bien évidemment de fustiger l’attitude lamentable de ces petits trous du culs élèves créatifs et d’en appeler à des mesures fermes pour remettre les choses d’équerres et … Ah tiens, non, rien du tout… Dans son croustillant article relatant les faits, la journaliste s’empresse donc de se demander vaguement si enseigner, c’est faire de la présence, dans la petite phrase en fin d’article, et … c’est tout.

C’est déjà bien que l’article paraisse, si on veut aller par là.

Mais on sent qu’une telle affaire n’intéresse finalement pas grand’monde, à l’exception, bien sûr, des sales petits réactionnaires de la blogosphère comme SOS Education, le Salon Beige, … ou votre serviteur.

Pour Le Salon Beige, c’est le refus d’éduquer des enfants-roi qui aboutit à cette triste situation.

En réalité, j’aurai tendance à penser que ces charmants enfants réagissent en parfait accord avec l’éducation qu’ils ont, effectivement, reçue. Celle-ci tend, à l’évidence, à bousiller méthodiquement toutes les bases du savoir-vivre, mais il n’en reste pas moins que ces élèves s’inscrivent parfaitement dans le mouvement général de branlosité vigoureuse que l’époque porte au pinacle des références du vivrensemble et autres fadaises progressivo-nihilistes qu’on nous ressert à l’envi dès qu’une occasion se présente.

Ainsi, les aimables gamins ont très bien compris que le pouvoir de nuisance est d’autant plus important qu’on crie fort, même si c’est pour hurler d’abrutissantes conneries.

Éduqués à la mamelle étatique, ils se sont très bien adaptés à l’absence de répondant et de responsabilité en face d’eux : ils savaient ainsi que leurs parents se chargeraient de ne rien faire contre leurs actions, par exemple, et que la direction de l’établissement ou l’ensemble des professeurs concernés s’évaporeraient devant toute prise de position ferme.

Zappe ton éducation

Cette ridicule illustration de la perte complète des repères essentiels d’une société normalement constituée amène maintenant à se poser des questions.

Sachant qu’elle ne déclenchera probablement aucun intérêt de la part des politiciens et qu’il n’y aura, au mieux, que quelques blogueurs « passéistes » et « réacs » pour la commenter, combien de temps faudra-t-il pour que le professeur moyen dans un lycée lambda soit convaincu, par l’expérience ou par les institutions, que son travail consiste exclusivement à débiter un savoir pré-mâché, en tranches, et sans le moindre contrôle d’assimilation ? Combien de temps faudra-t-il maintenant pour que la présence en cours soit totalement optionnelle ou, mieux encore, rémunérée ?

En fait, tout montre que l’instruction, puis l’éducation, puis le simple savoir-vivre, ont été placés dans le giron de l’état à la demande effervescente et joyeuse de parents-citoyens toujours plus heureux de se débarrasser de toute corvée, et se sont transformés en vaste fumisterie approximative où plus personne ne veut prendre la moindre décision qui froisserait les égos devenus surdimensionnés des petits cons qu’on produit maintenant en batterie.

Pire : ces élèves sont l’exact reflet de la société du couinement, des petits roitelets bouffis de leurs droits et totalement amnésiques de leurs devoirs, arrogants de stupidité et heureux de l’être. Absolument détachés de toute autorité, qu’elle fût parentale ou sociétale en général, ils s’autorisent maintenant des comportements que seule une vigoureuse distribution de fessées carabinées permettrait de remettre en perspective : des petits caprices d’enfants trop gâtés.

Or, un jour, ces anus frétillants, la tête farcie des gaz qu’ils n’ont pas encore relâchés, vont se retrouver dans la position consternante de devoir éduquer leur propre progéniture, la ligature des trompes et la vasectomie n’étant pas une option médiatisée dans les cours d’éducation sexuelle qu’on leur fournit pourtant gratuitement alors qu’ils se curent le nez avec l’antenne de leur GSM.

Ce qui va donc inévitablement se traduire par un accroissement de ce genre de comportements.

Je vous laisse imaginer à la fois l’exemple formidable que ces têtards abrutis constituent pour leurs autres camarades, leur perspective d’évolution dans la société, et a contrario, le modèle extraordinaire que nous offre par son attitude générale l’institution d’éducation, et, plus généralement, la société qui, finalement, se fiche ouvertement de ce genre de cas.

Chaque événement de la sorte constitue, en réalité, un clou supplémentaire sur le cercueil de l’éducation socialisée. Petit-à-petit, on pousse les parents et les enseignants responsables à se réfugier dans l’enseignement privé, à fuir les ghettos d’arriérés que l’Éducation Nationale s’emploie à construire minutieusement.

Je ne suis pas sûr de ne pas trouver ça bien, finalement.


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