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L’immigration, cheval de bataille du gouvernement

Publié le 23 novembre 2009 par Hmoreigne

 Abracadabra. Le gouvernement avait juré ses grands dieux que le débat sur l’identité nationale n’était en aucun cas celui de l’immigration. Et pourtant, tout y ramène. Xavier Darcos le ministre du travail rentre dans la danse. Officiellement pour sanctionner les employeurs indélicats qui font appel à des travailleurs sans papiers. Derrière les employeurs c’est en fait, en pleine montée du chômage, l’immigration qui est stigmatisée.

On ne la fait pas à Maryse Tripier. Dans les colonnes de Métro, la sociologue spécialiste des questions d’immigration voit dans la fermeté affichée par Xavier Darcos “une sorte de diversion pour ne pas répondre aux demandes de régularisation“. La démagogie, c’est d’omettre de préciser qu’il est extrêmement difficile pour une majorité d’employeurs de s’assurer de l’authenticité des pièces présentées, que la sous-traitance en cascade rend très difficile tout contrôle.

La démagogie c’est également de passer sous silence le fait que ces travailleurs occupent le plus souvent des emplois extrêmement durs, qui ne sont pas recherchés par la population (nettoyage, bâtiment, restauration…). Faut-il comme le déclare Eric Besson, mettre en place un nouvel “arsenal complet de lutte contre les abus en la matière” ou tout simplement utiliser les textes existants ?

Derrière les effets d’annonce, la réalité est souvent crue. Le ministre du Travail, évoque dans Le Parisien, que les employeurs d’étrangers en situation irrégulière seront “dans le collimateur des inspecteurs du travail.” Illusoire face à la faiblesse des moyens alloués à l’Inspection du Travail. Révélateur, au regard de la réforme qui a touché ce corps en 2008, caractérisée par une perte d’indépendance des inspecteurs et contrôleurs désormais contraints à consacrer une partie notable de leur temps aux directives gouvernementales, au détriment de leur activité individuelle de contrôle.

Les deux pieds sur le terrain, la CGT à travers Francine Blanche reconnaît bien volontiers que, “le travail non déclaré est un fléau national”, mais, que “Xavier Darcos fait un amalgame avec le travail des sans-papiers : seule une minorité d’entre eux travaille au noir.” Pour la syndicaliste, “des branches entières de l’économie, dans l’hôtellerie, la restauration, le gardiennage ou le nettoyage sont assises sur le travail des sans-papiers. C’est une réalité économique à laquelle il faut répondre de manière pragmatique”.

A cet égard force est de constater que Martine Aubry est tombée dans le panneau, exactement là où Nicolas Sarkozy le souhaitait en déclarant ce week-end que le PS devait “défendre une régularisation large“. Le sujet vaut mieux que des annonces contre-productives basées sur un simple élan du cœur. Le PS doit sortir de son angélisme pour formuler des propositions un peu plus sérieusement étayées. Il doit être pédagogique pour dédramatiser par les chiffres et les faits les fantasmes liés à l’immigration.

Pas facile il est vrai pour la maison socialiste de lutter contre une idéologie désormais incarnée un fils renégat. Eric Besson, c’est Pierre Moscovici qui en parle le mieux. “Il fait une sale politique “, “et il le fait assezsalement“, a accusé dimanche Pierre Moscovici, au cours de la Tribune BFM.

Gagné par la force obscure, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale n’hésite pas à plonger les deux avant-bras dans le cambouis. L’Humanité s’est procurée le document qu’Éric Besson a adressé aux préfets pour la conduite des « débats sur l’identité nationale ». Sa lecture est éclairante notamment les annexes dans le guide pour la conduite des débats locaux. “Pourquoi accueillir des ressortissants étrangers dans notre République puis, dans notre communauté nationale ?“, “Pourquoi intégrer les ressortissants étrangers accueillis dans notre République puis, dans notre communauté nationale ?” propose de s’interroger le document (points 1-6 et 1-7).

La réponse d’Eric Besson se trouve dans un entretien accordé dernièrement au Journal du Dimanche. Pour le ministre, si la France a intérêt au brassage et à l’ouverture il n’y aurait à l’inverse aucune “raison quantitative d’encourager l’immigration“. “Ceux qui font profession de défendre les sans papiers devraient s’intéresser aussi aux étrangers en situation régulière, touchés à hauteur de 26% par le chômage, en butte parfois à des discriminations“, conseille-t-il.

Eric Besson invite la gauche à “ne pas éluder certains problèmes“, comme elle l’a fait lorsqu’elle était au pouvoir et raille les élites de gauche qui “nient les réalités“. “Si on contourne la réalité, on arrive au 21 avril 2002 : quelqu’un de grande qualité comme Lionel Jospin battu à la présidentielle” glisse, perfide, l’ex-socialiste.

La gauche est prévenue. Les succès électoraux futurs passeront préalablement par une victoire des idées.

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