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Noah & the Whale - The First Day Of Spring

Publié le 24 novembre 2009 par Madnestef
Noah & the Whale - The First Day Of Spring
Young and Lost Club/Cherry Tree/Vertigo
Noah & The Whale, groupe indie-folk anglais formé en 2006, a sorti son 2ème album en septembre, et il fera sans doute parti de mon top 3 de l’année.
Il perfore chaque point sensible de tout mélomane digne de ce nom : la pochette est à tomber, le titre du disque fait rêver, et musicalement ce n'est ni une sucrerie, ni un festin, ni une expérimentation de terroir...mais un repas sobre, complet, sensible, amical !
Si les Noah & The Whale vont moins loin que Sigur Ros à leurs plus grandes heures dans l'atmosphère, ils le compensent par quelques mélodies plus rapides (Love of An Orchestra, Stranger, Blue Skies), et surtout des thèmes, une poésie plus accessible que les extra-terrestres islandais, et des cordes qui semblent parler d'elles même !
Les sensations de longueur des 2/3 premières écoutes sont complètement évaporées dès que l'on comprends le sens des paroles. Ce n'est que partiellement une méditation larmoyante sur la séparation amoureuse. Il n’y a pas ici d’esprit de vengeance ni d’idées dépressives... Ce disque parle du stade où l’on comprend que le couple n’a plus de raison d’être (Our Window), de la post-frustration, de la reconstruction...et en cela ça me fait rapprocher ce disque au Blood On The Tracks de Bob Dylan.
Ce disque, qui raconte la séparation de Charlie Fink (leader du groupe) de sa compagne Laura Marling, en fait, se dispose en 3 actes :
Ier acte : La séparation.
On a le droit d’abord sur The First Day Of Spring au stade post-rupture où l’on admet la séparation et la renaissance qui va suivre, tout en gardant à l’esprit la possibilité de retour, le tout dans un atmosphère musicale cinématique, lent mais extrèmement intense (c’est le titre le plus digne de Sigur Ros). Puis un flashback sur l’état de saturation précédent la séparation, sur Our Window . Mais la fin, clin d’œil à Blue Skies, annonce des jours meilleurs. Pourtant dans les 2 titres qui suivent on frise le désespoir, mais il n’est que chagrin. Le malheur exprimé est surtout celui de la prise de conscience de l’utopie de l’amour, des vices et maux qu’il provoque.
Acte II : Nous
Dès les premières note du premier instrumental, on comprend que le sursaut va jaillir. Le sursaut vient des autres, matérialisé par les chœurs. Ce moment d’euphorie montre la distance que prend Charlie Fink par rapport à son état. Le rythme est plus rapide, la mélodie semble provoquer l’impatience…et l’on semble tout à coup tout oublier de la mélancolie du début du disque.
Acte III : l’amour
Le souvenir du bonheur passé refait surface, après une bref évasion. Cependant Charlie s’est séparé du spectre de cet ancien amour, auquel il s’était attaché quelques temps. Il traite de la culpabilité, qui l’anime en ayant une amante passagère Stranger, un des titres les plus touchants de l’album, révélateur de la démystification que provoque les rupture sur l’amour. Blue Skies, titre le plus « positif » de l’album, marque la rupture définitive et la renaissance affective. Ce titre est fraternel, chaleureux, imparable ! On finit par la prise de conscience que ce qui s’est passé est irréversible, mais qu’on peut quand même rester « amis » et continuer à s’admirer/s’estimer. Les 2 derniers titres sont plus folk, plus apaisants.
Les Noah And The Whale (leur nom fait référence au réalisateur Noah Baumbach, et ils associent un court-métrage à ce disque) nous offrent un album très cinéphile et fort bien ciselé.
Par ailleurs, ils donnent une impression de sincérité et d'intelligence très peu atteinte cette année : chaque choix d'instrument, chaque note semble choisie selon l'émotion à véhiculer. Après quelques écoutes, j'ai vraiment l'impression que cet album provoque un courant, c'est un petit ruisseau, issu de la fonte des neiges de mars, qui parcours toutes les vallées pour mener au Delta marécageux, représenté par les "bruits de libellule" digne du sitar de Shankar, sur Slow Glass.



Ils seront en concert à la Maroquinerie (Paris) le 8 décembre. J’y serai !

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