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Naufrage urbain (2) : colère et lassitude...

Par Sandy458

J’ai déjà évoqué ma ville, Boissy Saint Léger, dans 2 précédents articles :

- Là où j’habite…

  

- Naufrage urbano-social et radeau pour sauver le futur. 


Me revoici pour une 3ème discussion qui, certes, n’apportera pas de solutions mais qui continue de dresser un état des lieux alarmant, souvent commun à un nombre croissant de petites villes de notre pays…

 


 

Faire-part…

« La grande Boissy, c’est fini ! » dixit un membre de l’équipe qui gère aujourd’hui les affaires de notre commune, lors d’une réunion de parents d’élèves élus où nous demandions des comptes pour la non-gestion des affaires scolaires…

« Touchée-coulée, envoyée par le fond ! » suis-je tentée d’ajouter.

La grande Boissy est finie, c’est indéniable.

La jolie petite ville de caractère qui alliait patrimoine historique, forêt, rues typiques à un effort urbaniste pour loger des milliers de familles défavorisées est entrée en agonie.

Phase terminale, paix – bientôt – à son âme… bip, bip, biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiipppp !!

 


 

Les raisons de ma colère…

Lors de la réunion trimestrielle des parents d’élèves, nous débattons des problèmes récurrents d’une année sur l’autre, nos marronniers à nous, pauvres parents désabusés, un peu lassés de se battre seuls au côté d’une équipe d’enseignants qui peinent de plus en plus à assurer la mission de base de l’Education Nationale.

Le tableau ne s’arrange pas, il prend une teinte des plus noires où nous traçons avec des craies poussiéreuses quelques doléances qui seront vite effacées d’un revers de manche…

 


Soit l’équation à x inconnues de la ZEP (Zone d’Education Prioritaire) :

Première inconnue : où est passée l’ATSEM (agent territorial qui vient en renfort de la maîtresse d’école pour s’occuper des petits avec une véritable mission éducative), celle qui n’a pas survécu aux vacances scolaires (abandonnée au bord de l’autoroute, croupissante au fond d’une cage de la SPA …)? Curieusement, sa disparition a été constatée UNIQUEMENT dans les écoles classées ZEP… étrange… là où sa présence est la plus nécessaire…

Deuxième inconnue : comment assurer une mission de base avec des moyens qui fondent comme neige au soleil ? Même la fourniture de papier, crayons et autres feutres devient un véritable problème. Les enseignants en sont résolus à solliciter les parents pour le matériel minimal…

Troisième inconnue : comment confier encore ses enfants à une école qui manquent cruellement d’entretien, de garanties de sécurité (en exemple édifiant : un arbre menace de tomber sur les petits dans la cour de récréation sans que cela n’émeuve personne ! Et je ne parle pas des normes incendies et autres dont l’application fait peur.)

Quatrième inconnue : plus d’enfant que de chaises à la cantine depuis plusieurs années… devra-t-on bientôt tirer les  noms des chanceux au sort pour qu’ils mangent assis ailleurs que sur le sol ? Quoique … en transformant ce manque de matériel en jeu de « chaise musicale », les enfants pourraient apprécier la blague un bon moment…

Cinquième inconnue : le nombre des cars scolaires sont drastiquement diminués… une maîtresse a été contrainte d’emprunter (comprendre « prendre d’assaut ») un bus de ligne RATP avec toute sa classe de morveux de 4/5 ans pour se rendre à une animation éducative proposée par la ville. Je laisse imaginer l’ambiance dans le bus… Miracle, pas un seul enfant n’a été égaré dans la bagarre…

On pourrait me rétorquer qu’il ne s’agit que de détails, d’aléas dans la vie scolaire… peut-être pour les enfants dont les parents peuvent se permettre de « compléter » le travail des équipes éducatives (mais est-ce vraiment notre rôle de parents ?). Certainement pas pour les enfants qui évoluent dans un milieu social très dégradé  - et ils sont de plus en plus nombreux dans ma ville – et pour qui l’école est la seule structure stable et normale de leur existence.

Si vous trouvez la réponse à mon équation ZEPienne, je vous remercie chaleureusement de bien vouloir me la communiquer.

 


Récréation…

Histoire de rire un peu et de se détendre après cette leçon de mathématique imbuvable, je pose une devinette :

-   Quels sont les thèmes retenus cette année par l’Académie du Val de Marne pour les projets pédagogiques d’école ?


 

Vous ne trouvez pas ? Pas la peine de copier sur le voisin, voici la réponse :


 

REUSSITE-EQUITE-SOLIDARITE.

 


J’en vois deux au fond de la salle qui se bidonnent, ça va chauffer !

 


Bien sûr, il va sans dire que les écoles classées ZEP comme la nôtre trouvent ce pied de nez totalement hilarant, ah, ah,  ah !!!

 


 

Pour qui le bonnet d’âne ?

 


Entre la disparition de la taxe professionnelle, la crise mondiale qui n’en finit plus de porter le chapeau de tous les égarements, le désengagement de l’Etat dans la gestion locale, voire même notre bon maire qui, tentant d’enfler plus gros que le bœuf, s’est lancé dans la création d’un Boissy-Plage (!!!), on finit par ne plus savoir qui accuser d’être l’auteur de tous nos maux.

Nous ?

Mais la seule chose que je sais, c’est que nous allons droit dans une crise sociale où nous risquons tout simplement de voir se dresser les uns contre les autres « ceux qui ont tout » et « ceux dont les mains se referment sur le vide »… une crise qui aboutira à une nation profondément divisée qui ne se retrouvera plus dans ses fondements de pseudo-liberté-égalité-fraternité mais dans un communautarisme désastreux.

Pour la première fois, nous songeons à suivre le même chemin que nombre de nos connaissances qui ont baissé les bras et qui ont quitté la ville pour gagner des cieux plus cléments que ceux de Boissy-Zone…lassitude, quand tu nous tiens…

PS : Ma fille, avec un certain humour noir, a trouvé la réponse à l’équation ZEPienne...

Naufrage urbain (2) : colère et lassitude...



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