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Découvrir ce que l’on ignorait savoir ou la sérendipité

Publié le 29 octobre 2009 par Jean Carfantan

Virginia Woolf parlait d’Écrire avec ce que l’on ignorait savoir. Le processus d’écriture est avant tout un outil de découverte, que ce soit la poésie, le roman ou l’essai.

Le roman au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire et des émotions vécues à travers les personnages dévoile un large continent inconnu et pourtant côtoyé chaque jour.

Une paroi de verre nous sépare de ce continent, il suffit de diriger son regard sur les côtés pour le voir mais nous sommes tellement fascinés par ce monde géométrique —cet univers en trois dimensions— qui déroule ses fastes sous nos yeux, que nous oublions ces continents largement ouverts à l’exploration.

L’écriture nous les livre peu à peu comme un striptease sans fin.

Aujourd’hui je viens de rencontrer un de mes personnages sur l’internet, au hasard du site web d’un journal régional. Cette personne a eu, toute sa vie, exactement la même démarche et le même raisonnement qu’un des personnages centraux de mon livre. Quelques aspects de cette longue vie qui m’avaient échappé, étofferont la vie de cette héroïne.

Un mot anglais résume ces découvertes heureuses et inattendues faites au hasard d’une errance, la sérendipité (serendipity). Il s’agit une promenade féconde où le hasard rencontre notre état de conscience, comme si la recherche intérieure débouchait sur son double extérieur.

Nous sommes le monde, nous portons le monde en nous comme des Atlas. Les écrivains récoltent l’imaginaire collectif comme des apiculteurs, ce miel récolté en butinant les sites web, en feuilletant dans les librairies ou en rencontrant des personnages réels; ou encore tout simplement par notre immersion dans le monde.

Cette sérendipité —quel vilain mot!— est l’expression ultime de la liberté. André Breton le nommait hasard objectif. Un écrivain français sera-t-il capable un jour d’inventer un vrai mot pour décrire cet état du réel ?


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