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Un fonds poésie et une résidence de poète dans une bibliothèque parisienne

Par Florence Trocmé

Une double initiative porteuse d’espoir

A Paris, la toute jeune bibliothèque municipale Marguerite Audoux mène une politique volontariste et exemplaire en faveur de la poésie.
Jusqu’à il y a peu et très curieusement, le riche réseau des bibliothèques municipales sises dans tous les arrondissements de la capitale ne disposait pas de fonds spécialisé en littérature. Il faut donc saluer l’initiative prise par la bibliothèque Marguerite Audoux.

Rayon poésie
La création du fonds
L’ établissement, ouvert il y a environ 18 mois et confronté à la nécessité de se faire connaître et d’acquérir un public plus étendu, a été séduit par l’idée d’un membre de son équipe : Mathieu Brosseau, jeune auteur et bibliothécaire qui a monté un projet de création d’un fonds thématique « Poésie »..
Première action, au résultat spectaculaire : déplacer le petit fonds existant, le sortir du coin reculé où il était installé pour le placer dans un endroit de fort passage, près de la banque d’emprunt. De ce seul fait, le rayon a enregistré deux fois plus de sorties de livres que précédemment.
S’inspirer ensuite de ce qui a été fait dans une autre bibliothèque parisienne, la bibliothèque Saint Fargeau qui a créé un fonds thématique « Théâtre contemporain », et où là encore les taux de sortie des livres théâtre se sont envolés. Autrement dit la triple articulation de la mise en valeur des livres, de la communication et d’une activité évènementielle peut suffire à dynamiser fortement tout un secteur d’une bibliothèque.
Mais surtout la politique d’achat a permis permis d’étoffer substantiellement 
Mathieu Brosseau
le rayon poésie. Il comporte aujourd’hui 800 titres et l’objectif est à terme de 1500 documents. L’ensemble propose toutes les poésies, françaises et internationales, sans exclusive mais avec un accent particulier sur les œuvres contemporaines. 

Par ailleurs, afin d’acquérir une vraie image de pôle poésie, la bibliothèque a dû chercher et développer des partenariats. Ils sont au nombre de deux aujourd’hui, avec La Maison de la Poésie de Paris, située à proximité de la bibliothèque et avec le Printemps des Poètes. Ces partenariats reposent sur des échanges d’informations et la présentation mutuelle des actions entreprises.

Table
Faire vivre le fonds
Constituer un fonds n’est pas suffisant, il faut le faire vivre. C’est le but des différentes actions culturelles et de valorisation mises en place. Accueil chaque année d’un ou deux éditeurs de poésie (en 2010 Cheyne Éditeur et Le Bleu du Ciel, avec des rencontres et une exposition), organisation de lectures et surtout, idée centrale et très neuve dans le cadre du réseau des bibliothèques parisiennes, créer une résidence d’auteur.
Première résidence, Anne Kawala
Anne Kawala1, auteur qui se trouve à la jonction de plusieurs mondes, arts plastiques, écriture, travail sur le son et la mise en voix, performance, théâtre, se voit accueillie pour cette toute première résidence.
Son action s’articule autour de trois pôles principaux, une série de lectures2,
Anne Kawala
des ateliers d’écriture3 et un projet d’écriture. Un cycle de lectures (performées) accueillera des poètes comme Lucien Suel ou Vanina Maestri ; les ateliers d’écriture découleront de ces lectures et aborderont des questions afférentes à la poésie d’aujourd’hui, ses dimensions sonores, sa traduction, son engagement politique mais aussi le déploiement des écritures par les échanges et les dialogues entre poètes. Anne Kawala prévoit aussi un dispositif d’animation permanent, sous forme de projection sur écran de montages renouvelés régulièrement. 

Enfin le projet d’écriture qu’Anne Kawala mènera dans le cadre de sa résidence est tout à fait passionnant en ce sens qu’elle compte, dans une perspective d’approche transversale qui lui est familière pour ne pas dire constitutive, se fonder sur les trois fonds thématiques de la bibliothèque Marguerite Audoux (celle-ci en effet en plus du nouveau fonds poésie possède un fonds sur l’histoire du monde ouvrier et un autre sur l’histoire du judaïsme).
Il est réconfortant en cette période où la poésie n’occupe pas véritablement le devant de la scène, de voir qu’un tel projet est encore possible, dans une démarche à la fois patrimoniale (constitution d’un fonds) et culturelle, donner de la visibilité à la poésie contemporaine, la faire vivre, la donner à entendre et à lire à un public élargi, par des actions de qualité, exigeantes mais accessibles. Il semble que ce soit une aventure assez exemplaire que Poezibao suivra en temps réel.

A noter :
1. samedi 28 novembre, 18 heures, inauguration de la résidence d’Anne Kawala à la bibliothèque. Elle lira un texte inédit et l’éditeur Michaël Battala présentera la maison d’édition Le Clou dans le Fer. Anne Kawala présentera aussi le cycle de lectures et les ateliers d’écriture mis en place.
2. Cycle de lectures (performées), le samedi, de 18 h à 19 h.  : Ian Monk et Lucien Suel, le 9 janvier, Oscarine Bosquet et Christophe Marchand-Kiss, le 6 février, la revue RoToR, le 13 mars, Vanina Maestri et Jacques Sivan, le 10 avril, Dominique Giliot et Céline Minard, le 8 mai
3. Ateliers d’écriture, les jeudis 3 décembre, 14 janvier, 11 février, 18 mars, 15 avril et 6 mai, 19h -21 h.
Tous renseignements à la bibliothèque Marguerite Audoux, 10 rue Portefoin, 75003 Paris, 01 44 78 55 20

photos ©florence trocmé, de haut en bas, rayon poésie de la bibliothèque Marguerite Audoux, Mathieu Brosseau, une table poésie, Anne Kawala. 


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LES COMMENTAIRES (1)

Par fodel7
posté le 18 avril à 18:24
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bonjour,,; l'art ne fait que des vers, le cœur seul est poète. ANDRÉ CHINIER.

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