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Nicolas Sarkozy veut faire des élections régionales un test national

Publié le 29 novembre 2009 par Hmoreigne

 Nicolas Sarkozy n’a pu résister à la tentation de descendre dans l’arène des élections de mars prochain. Non sans risque, le président a indiqué qu’il en assumera le résultat. Non sans coups bas. Le chef de l’État a accusé Martine Aubry de vouloir faire remonter le Front National en agitant le chiffon rouge des régularisations de sans papiers. La feuille de route adressée aux cadres de l’UMP réunis en conseil national à Aubervilliers est claire : faire tomber les régions socialistes qui sont considérées comme autant de contre-pouvoirs à l’action de l’exécutif.

Destins mêlés. Tous les responsables de l’UMP ont proclamé que les régionales revêtiront une dimension nationale et constitueront donc, un test pour l’Elysée. Pas de belles promesses aux électeurs pour autant. L’UMP mise sur la frilosité, voir la peur des français entretenue par le battage médiatique autour de la grippe H1N1. Une espèce de discours à la Churchill construit autour des questions de fiscalité, de sécurité, d’identité nationale, d’immigration, d’écologie, sans oublier la fameuse «valeur travail». Fermez le ban.

Étrange programme pour lequel pourtant, point par point, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La question fiscale reste marquée par l’injustice du bouclier fiscal. Les chiffres de la sécurité ne sont pas bons. Le ministère de l’immigration a perdu en cours de route ses objectifs de co-développement, et la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement bute sur son financement. Quant à la valeur travail, l’explosion du nombre de travailleurs pauvres atteste des limites du concept.

Dans le manichéisme Sarkozyste, il y aurait “les socialistes qui aiment la dépense publique” comme l’a déclaré Xavier Bertrand au micro de RTL et, de l’autre, le gouvernement qui s’engage à ne pas augmenter les impôts au niveau national et local . Une vérité en trompe l’œil car si les prélèvements n’augmentent pas, force est de constater, que la dette publique, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, atteint des niveaux records historiques. Un peu comme lorsqu’on fait le ménage en mettant la poussière sous les tapis.

Difficile a priori dans ce contexte de se présenter comme des  gestionnaires rigoureux. Et pourtant si.  L’UMP n’hésite pas à faire la leçon aux responsables des collectivités locales, notamment socialistes, accusés d’être de mauvais gestionnaires. 

Les Français sont déboussolés par la mondialisation ? Le gouvernement leur propose de dessiner la nouvelle identité nationale, ce à quoi, le PS en mal d’inspiration répond par la nostalgie du bon vieux temps perdu résumé dans la formule attrape-tout de “la France qu’on aime“.

Les écologistes ne sont pas épargnés. Nicolas Sarkozy tente à la fois de verdir son discours et de les ringardiser en déclarant “Est-ce qu’ils savent qu’il y a du chômage? est-ce qu’ils savent qu’il y a de la misère dans le monde ? est-ce qu’ils savent qu’il y a près d’un milliard de gens qui ne mangent pas à leur faim et que la décroissance ça veut dire plus de misère pour tous ces gens-là ?“ Une interrogation choc volontairement simpliste …et erronée. Dans les faits, Europe Écologie appelle à une “autre” croissance. 

Bousculant l’attitude de ses prédécesseurs qui se positionnaient, au titre de l’unité nationale, comme des arbitres au-dessus des partis, Nicolas Sarkozy revendique  son engagement partisan. Et si ça dérange ,tant pis. Le seul pilote du parti présidentiel c’est lui. Pour ces élections régionales, comme pour les européennes, le président à décidé de tout : des candidats, de la stratégie d’unité et des thèmes de campagne.

Cet engagement personnel du Chef de l’Etat l’expose particulièrement en cas d’échec. Les régionales sont érigées en une sorte de référendum. Un stop ou encore. Un “encore” synonyme d’encouragement à la poursuite des réformes et une porte ouverte pour un deuxième mandat d’achèvement. Un “stop”, aux allures de coup de frein aux grands chambardements et, une remise en cause de l’emprise de l’Elysée sur la majorité.

Un scénario catastrophe qui constituerait un feu vert à la compétition parmi les personnalités de la majorité qui se rêvent en successeur de Nicolas Sarkozy. Un risque énorme qui pourrait conduire l’UMP vers les rives de l’enfer. Un chemin que ne connaît que trop bien le PS, déchiré par les rivalités, orphelin de projet de société et de leader naturel.

A moins qu’en filigrane Nicolas Sarkozy ne souhaite rappeler à ses troupes tentées par l’indiscipline et, aux électeurs traditionnels de l’UMP exaspérés, qu’après lui, ce ne peut être, a droite, que le déluge.

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