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Lecture : Monique LABIDOIRE (poète française).

Par Ananda

Monique W. Labidoire : « REQUIEM POUR LES MOTS », Editinter, 2009.

 

Ce long recueil (un peu plus d’une centaine de pages), divisé en 6 chapitres et constitué, en fait, d’une série de proses poétiques au style retenu, presque feutré et résolument intelligible, explore, pour l’essentiel, le rapport entre la poésie et la mémoire. En ce sens, on pourrait se laisser aller à le qualifier de « proustien ». Très personnel, très lié à l’histoire personnelle de l’auteure, il sait cependant admirablement transcender le personnel pour se hisser vers l’universel (notamment au travers du personnel lui-même). Cela est, sans aucun doute, dû à ce qui fait l’essence de l’authentique poète : sa porosité.

Pour Monique Labidoire, la poésie est, par nature, une « présence au monde », une attention à celui-ci dans tous ses aspects.

Dans ce recueil, nous voyons défiler (souvent sous forme d’énumérations), l’histoire de tout un demi-siècle.

Le temps, les morts, la nature avec tous ses cycles, toutes ses alternances, le poids d’une histoire dramatique, souvent apocalyptique même, qui laisse « la Mémoire de la barbarie », la troublante nature double, schizophrénique de l’être humain (« Côté pile, côté face »), l’avenir (angoissant ?) de la poésie même, la gangrène de l’individualisme outrancier (« moi-je […] Ego […] Miroir »), voilà ce qui obsède notre écrivain. Mais, à l’ultime fin du livre, dans l’espace du dernier chapitre, elle se recentre sur ce qui, au fond, fait l’essentiel de ses préoccupation, de son propos : le poème, en tant que générosité, que vastitude. S’ensuit une réelle méditation sur la fonction poétique (« le poème interroge les mots », qui eux-mêmes « interrogent le poème ») et sur sa dimension « spirituelle » qui provoque un soudain élan d’exaltation et qui, par le lyrisme vibrant avec lequel elle est exprimée, tranche avec tout ce qui la précédait dans le recueil. Le poème jaillit de l’étonnement, de l’interrogation. A lui, le soin de rendre, et de nous rendre « toute la palpitation du monde » !

P.Laranco.


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