Magazine Journal intime

Au marché

Par Diekatze

Hier matin, samedi, c’était jour de marché à Takaka. Tout le monde aime les marchés, c’est vivant, convivial, ça sent bon le poulet rôti, les commerçants sont souriants, il y règne une belle ambiance familiale. On arrive vers 11 heures, après le premier petit-déjeuner copieux et tardif du week-end, un panier vide sous le bras, et on repart tout content, le panier rempli à ras bord de délicieuses victuailles. Enfin c’est comme ça en France.

Rangez vos accordéons, votre béret et votre baguette de pain (eh oui, j’ai eu droit au cliché du béret il y a peu…), et voyons un peu comment se déroule un marché en Nouvelle-Zélande.

J’en ai testé deux pour vous, n’étant pas à la base une adepte de ce joyeux divertissement qui d’une, se déroule toujours le matin (damned !) et de deux, inévitablement dévaste en à peine plus d’une heure mon budget alimentation du mois : toute cette merveilleuse et abondante nourriture me tourne la tête, et les efforts violents de résistance que je m’impose à chaque fois n’ont aucun effet, à part me culpabiliser après coup lorsque je déguste enfin, en extase absolue, les succulents pâtés, les crevettes grises archi-fraiches, ou encore les radis bien piquants, le rôti fondant, la salade bio et croquante, le pain tout chaud tartiné de beurre bien jaune, le saucisson à l’ail à l’odeur fine, la caille dodue amoureusement farcie.

Au marché
J’ai commencé par le marché de Nelson, grande ville, donc grand marché. J’avoue que j’étais toute contente (mon porte-monnaie moins, qui s’apprêtait à saigner comme un cochon), parce qu’ici, question nourriture… Le gourmet(1) en moi s’associait à la gourmande, j’allais enfin trouver un étal de délices digne de ce nom. Je ne rêvais pas non plus, on est en Nouvelle-Zélande, pas en France, mais j’espérais un peu plus de choix que la misère des supermarchés. Mais qu’y a-t-il donc dans les supermarchés, me demandez-vous avec une curiosité avide et bien compréhensible ? Eh bien, vous le saurez en lisant le prochain épisode ! (diantre, quel suspense ! Ben oui, mais c’est ça où vous en avez pour 1 h 38 avant d’arriver à la fin de cet article, j’ai chronométré. Vous n’allez tout de même pas rater le début de Taxi 4 pour des histoires de grandes surfaces, non ?)

Le marché de Nelson, très réputé, est assez grand en effet, et très sympathique mais on n’y achète pas à manger. Quelle idée ! On y trouve des tas de productions artisanales, artistiques, vestimentaires, des bijoux, de la vaisselle, des objets décoratifs de toutes sortes, des savons et des crèmes aux plantes, des huiles essentielles, et mille autres choses encore. On peut aussi s’offrir un café devant un petit stand, il y a des tables et des chaises, on papote. Et puis quelques personnes viennent vendre leur miel, ou leurs pâtisseries (oui, je sais, ça se mange, mais de là à en faire son plein pour la semaine…). Tout ça est très agréable, on refait le tour une deuxième fois. Et là, caché entre une marchande de pulls et un photographe, on découvre enfin de la nourriture : un petit pépère vend ses légumes à même le sol, trois tomates et deux salades.

Takaka, c’est 40 fois moins d’habitants. Le marché est bon enfant, sur l’herbe, on peut s’y promener pieds nus. Tout le monde peut présenter un étal au marché de Takaka, et on obtient au final un « marché / foire à tout / fête de village » assez réjouissant. L’endroit est minuscule, peut-être 15 cahutes en tout : une table, une tonnelle pliante, j’ai mon étal ! On a bien-sûr l’inévitable vendeur d’expressos, mais aussi des jeunes déguisés en arabes ( ? ) qui vendent des bougies, un couple décontracté qui propose des samossas et des sushis sur une petite roulotte chauffante, un gars pieds nus et chapeau de cow-boy qui a viré la

Au marché
 table et qui danse et chante en s’accompagnant de sa guitare (un peu plus tard, une fille en robe longue et quelques enfants viendront danser avec lui), un stand proposant des livres d’occasion moches, un autre des produits médicinaux ayurvédiques, une jeune femme assise par terre près d’une caravane qui chante et joue de la guitare, elle aussi, un peu comme autour d’un feu de camp mais sans feu, et tout au fond, une mamie qui offre des écharpes et des pulls informes tricotés main et qu’elle certifie réalisés « sans patron » (sans rire ?) donc pièces uniques.

C’était génial.

J’y étais pourtant allée toute hérissée de réticence, juste pour ne pas refuser l’invitation de mes propriétaires. Mais ils connaissent beaucoup de monde, vu que c’est un village et que tout le monde se connaît. J’ai donc pu rencontrer des français dont je vous parlerai probablement une autre fois, mais aussi des locaux vraiment passionnants. Si je n’avais pas eu si mal à l’estomac (eh oui, les excès de table répétés se paient un jour !), j’aurais pu déguster les samossas qui sentaient fort bon. J’ai dégoté des pieds de tomates, d’aubergines, de courgettes et de haricots verts que je vais planter dans mon mini-potager ! J’ai même acheté de la nourriture (ouf !) sur un étal alimentaire presque incongru où j’ai déniché du pain, des avocats, et une « lettuce » (une feuille-de-chêne verte, en réalité, mais toutes les laitues, batavias et autres verdures de la même forme s’appellent « lettuce », ici).

J’ai dépensé trois fois rien (25 $, l’équivalent de 12 euros), et j’ai passé un très agréable moment. La preuve que je peux être heureuse dans un monde privé de poitrine cuite et de beurre à la motte ! Qui l'eut cru ?

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(1)   Je proteste ! Malgré d’intenses recherches ( ! ), je n’ai pas trouvé de féminin à gourmet. Les femmes qui aiment manger ne seraient donc que des gourmandes ?

Gourmet  : Personne qui sait distinguer et apprécier la bonne cuisine et les bons vins

Gourmand : Qui aime manger en quantité les bonnes choses 


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