Magazine Culture

Le radical "Journal For Plague Lovers" des Manic Street Preachers

Publié le 17 mai 2009 par Dareallife
Les Gallois reviennent à leur meilleur niveau avec un album inspiré par les textes de Richey Edward, le guitariste disparu depuis plus de dix ans.radical 'She Bathed Herself In A Bath Of Bleach' extrait de "Journal For Plague Lovers" des Manic Street Preachers
L’histoire est notoirement connue. Avant d’en finir avec la vie, Ian Curtis l’épileptique chanteur de Joy Division a laissé une ultime lettre derrière lui. A ses proches il fait part de ses regrets sur sa relation avec sa femme, son enfant, sa maitresse… Et puis il laisse une ligne, un post-scriptum à l’intention des membres de son groupe. Quelque chose comme « j’ai écrit des textes de quoi remplir trois disques à raz bord. Une cassette est posée sur mon bureau » Bernard Summer, le guitariste de Joy Division se précipite chez Curtis, trouve la cassette sur le bureau, l’enfonce dans le lecteur et qu’entend-il ? Rien : la bande était vierge. Ultime pied-de-nez d’un homme exsangue. Vraie ou fantasmée, l’anecdote a une morale, quelque chose comme « à l’avenir, démerdez-vous sans moi ». Les membres de Joy Division s’en sont allé fonder New Order et on réussit à solder le macabre héritage de Curtis d’une assez belle manière.
radical Depuis près de 15ans, les Manics Street Preachers eux aussi s’échinent à dépasser le colossal trauma de la disparition de Richey James Edward, le guitariste rythmique. Âme vénéneuse et torturée du groupe, il s’est volatilisé un matin de février 1995. Si sa voiture a bien était retrouvée près de Severn Bridge (lieu connu pour être un « spot » de suicides), son corps, lui, n’a jamais été retrouvé. Cela a suffit pour que Richey Edward fasse l’objet d’un culte presque aussi intense que celui de Kurt Cobain. Son gout pour la provocation (il se taillade "4Real" sur son avant bras sous l’objectif avide d’un photographe du Melody Maker) et les paroles qu’il signe (dont les thèmes récurents sont l’anorexie, l’auto-détestation, l’Holocauste, la misogynie, le totalitarisme... bref la mélodie du bonheur) on fait de lui le leader du groupe. La disparition d’Edward aurait dû signifier la fin des Manic Street Preachers.

Pourtant, James Dean Bradfield (guitare et chant), Nicky Wire (basse) and Sean Moore (batterie) ont décidé de continuer la franchise et, somme toute, les gallois ont réussi de très beaux albums. Everything Must Go (1996), This Is My Truth Tell Me Yours (1998) sont de grands disques de power pop gauchiste. Mais depuis dix ans, la musique des MSP s’est empattée à l’instar des bedaines de ses membres. Le groupe sort ces jours-ci Journal For Plague Lovers, disque entièrement composé à partir de paroles écrites par Richey avant sa disparition.
radical
Exercice expiatoire s’il en est, c’est aussi une considérable prise de risque pour un groupe qui s’il semble essoufflé artistiquement, n’en demeure pas moins un gros vendeur de disques. C’est donc poussés par la volonté de ne pas rester prisonnier dans les glaces du succès tel U2 et consorts que les Manics ont fait appel à Steve Albini (producteur de l’In Utero de Nirvana que Richey admirait) pour enregistrer un disque au cahier des charges très précis : Pas de synthé, pas d’ordinateur, que l’analogique. De la même manière, aucun single ne sera extrait de l’album, la chose devant –selon le groupe- être envisagée comme une œuvre dans sa globalité.
Cette radicalité ne va pas sans heurts. D’abord Nicky Wire, le bassiste flippe complètement pendant une interview avec The Guardian est déclare s’être engueulé avec le reste du groupe : "Je leur ai dit qu'on ferait mieux de creuser un putain de trou et de l'enterrer en le considérant plus comme un objet d'art, du genre on a fait un grand disque, mais il est trop radical pour être distribué".
Même l’artwork de l’album fait polémique. La pochette du disque est illustrée par une peinture de l’artiste Jenny Saville, déjà responsable de la cover de The Holy Bible. Plusieurs chaînes de supermarchés britanniques ont décidé de commercialiser le nouvel album des Manic Street Preachers, Journal For Plague Lovers, dans un étui opaque -fourni aux frais de l'éditeur- en raison de sa pochette jugée "inappropriée". Et l’album dans tout ça ? Et bien c’est le simplement leur meilleur depuis plus de dix ans.
Entre rock vicieux (All Is Vanity, Peeled Apples et son “the levi jean will always be stronger than an uzi”) et folk songs vénéneuses (This Joke Sport Severed, Facing page : top Left). Le groupe renoue avec la colère blanche de The Holy Bible… le poids des années en plus. Si on excepte « Williams Last Word » littéralement éxécuté par Nicky Wire ce « journal pour les amants de la Peste », vient se plaçait contre le Monster de REM ou les deux derniers albums de Nirvana, ce qui n’est pas le voisinage le plus dégueulasse de notre discothèque.
radical Journal For Plague Lovers est disponible dans les bacs et en téléchargement dès lundi 18 mai chez Sony BMG


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dareallife 26 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines