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Anthologie permanente : Christine Lavant

Par Florence Trocmé

Les éditions Lignes ont publié récemment Un art comme le mien n’est que vie mutilée, de Christine Lavant, dans une traduction de François Mathieu. Présentation de ce livre
Ma vue ne vaut plus rien,
mon ouïe aussi lentement s’amenuise,
je serai bientôt aussi insensible
qu’un cheval de mine à la réforme,
mais jamais aussi résignée.
Ma volonté me fait trembler,
elle est à la fois dans tout mon corps
et, rageuse, réclame le royaume des cieux
du bout de chaque doigt.
De la terre, elle extrait des forces,
et pointe le doigt vers la cavité du temps ;
fait souvent tomber une étoile filante
comme sur commande ;
tout cela rend mon cœur si lourd,
si vieux et étrangement coupable.
Il aimerait être patient
et rentrerait volontiers avant l’heure,
mais il doit être très obéissant,
fort et endurci.
Une grand peur, jour et nuit, me poursuit,
je rêve souvent du puits d’extraction
et des chevaux de la mine.
Entre-temps, ma volonté revient
et surévalue sa propriété
au ciel et sur terre.
Christine Lavant, Un art comme le mien n’est que vie mutilée, traduit de l’allemand (Autriche) par François Mathieu, Éditions Lignes, 2009, p. 80.


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