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JPod

Par A_girl_from_earth
JPod


JPod
Ayant eu une excellente impression de cet auteur à travers The Gum Thief dont l'humour, le cynisme et le propos m'avaient marquée, et malgré une grosse déception avec Eleanor Rigby, limite déprimant, j'ai récidivé avec JPod histoire d'être fixée une bonne fois pour toutes, et sur ce coup-là, j'ai été de nouveau comblée par une expérience de lecture plutôt originale!
Bon, JPod n'est pas le livre du siècle, rien de vraiment bouleversant, mais Douglas Coupland a un humour et des délires qui me parlent, et sous ce masque de dérision, affleure clairement une vision critique d'une société en mal de repères, la nôtre, dont les observations sur sa réalité tragique ne pourront qu'arracher des sourires au lecteur.

"TV and the Internet are good because they keep stupid people from spending too much time out in public."

Original, le texte alterne entre récit de l'histoire en cours, façon classique, et délire textuel impliquant spams divers, chiffres, tout ce qui a trait aux échanges sur la toile, et tout ce flot d'information que Google nous sert sur un plateau, un shake-up d'éléments sans rapport entre eux, voire sans sens, ainsi que des réflexions drôlissimes disséminées ici et là par l'auteur. C'est un peu "le roman classique" rencontre l'univers cybernétique!
Ça donne un truc un peu fou, qui pourra d'ailleurs en dérouter certains, qui demande même une certaine patience, mais rien que l'idée que l'auteur ait pris la peine et le temps d'agencer tout ça m'a fait triper!
L'histoire tourne autour d'un groupe de trentenaires travaillant dans l'univers du jeu vidéo chez JPod, des geeks dont le quotidien consiste à trouver des palliatifs à une vie professionnelle peu épanouie et désenchantée pour cause de créativité muselée par la politique marketing de leur boîte.
Ces solutions de survie se traduisent entre autres par: organiser des concours d'écriture pour se vendre sur E-bay, écrire une lettre à Ronald (la mascotte de McDo) pour le convaincre qu'ils sont son compagnon idéal, faire des listes des nombres premiers (16 pages réelles dans le livre) en y glissant un intrus qu'il faut retrouver, des réflexions du genre, "les documents sont 34% plus ennuyeux en police Courier", avec exemples à l'appui pour appuyer ces propos, et une répartie de Kaitlin, la rebelle à cette amorphie générale, comme quoi "pour que ce soit plus ennuyeux, il faudrait déjà que le texte de départ soit intéressant", et j'en passe...
En bref, des moments de lecture hilarants, des personnages tous plus barrés les uns que les autres, j'étais pliée de rire aux chapitres où Kaitlin, la dernière recrue, tentait par tous les moyens de quitter cette boîte de malades et de désoeuvrés, qu'on lui faisait comprendre que c'était tout bonnement impossible, et que, par compassion, ses collègues faisaient semblant de travailler quand elle était à deux doigts de péter un câble!
Parallèlement, se greffent aux événements au sein de JPod des histoires abracadabrantesques liées à la famille quelque peu déjantée du personnage principal, Ethan, l'entraînant en passant à rencontrer l'auteur himself, Douglas Coupland, qui se fait une joie de se mettre en scène avec autodérision.
C'est du pur délire, l'auteur s'est visiblement éclaté en écrivant ce livre, et en même temps ça reste cohérent et sensé, c'est vraiment la force de cet auteur qui a un talent indéniable pour dépeindre la psychologie des personnages et notre condition humaine qui n'a en réalité rien de très flatteur malgré l'impression de palpitant extérieur, avec un mixte d'humour intelligent et de loufoquerie pour dédramatiser tout ça.

Roman non traduit à ce jour si je ne me trompe mais a priori, ça ne saurait tarder. A noter qu'une série télévisée du même titre a été adaptée de ce roman.

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