Law Abiding Citizen de F. Gary Gray

USA, 2009
Réalisation: F. Gary Gray
Scénario: Kurt Wimmer
Avec: Jamie Foxx, Gerard Butler

Résumé : La femme et la fille de Clyde Shelton (Gerard Butler) sont sauvagement assassinés sous ses yeux. Au lieu de tenter d’obtenir la peine maximale pour les deux tueurs, le procureur Nick Rice (Jamie Foxx) décide de passer un deal avec l’un des deux pour faire condamner le second à la peine capitale. Dix ans plus tard, l’exécution du coupable ne se déroule pas comme prévu et celui-ci meurt dans d’atroces souffrances. Un peu plus tard, son complice est retrouvé découpé en morceaux. Il apparaît très vite que Shelton a décidé de se faire justice lui-même en éliminant tous ceux qu’il pense coupables…

On n’avait plus de nouvelles de F. Gary Gray depuis Be Cool, la séquelle « qui se la joue mais qui ne raconte pas grand-chose » de Get Shorty. Cette année signe donc son retour derrière la caméra pour un thriller, genre dans lequel il avait brillé en 2003 avec l’excellent Braquage à l’Italienne. L’autre surprise de Law Abiding Citizen, c’est qu’au scénario on retrouve Kurt Wimmer, interdit de caméra depuis le four du très mauvais Ultraviolet. Ce qui explique certainement pourquoi le scénario de Law Abiding Citizen sent le déjà-vu pendant tout son déroulement, Wimmer étant le roi du recyclage d’effets de modes (cf le sympathique Equilibrium). On a donc droit ici à un duel psychologique entre un détenu manipulateur et un fonctionnaire de justice façon Silence des Agneaux, la récompense étant l’arrêt d’une série de meurtres (le film repompe même le décor de la cellule), à un « méchant » qui ne se contente pas de tuer mais donne une leçon dans le plus pur style du Jigsaw de Saw, et qui pour parvenir à ses fins se fait de lui-même enfermer en prison avec bien entendu un plan tordu prévu depuis le début (Prison Break n’est pas loin). Des emprunts qui sautent aux yeux de n’importe quel spectateur (on est en effet loin des références obscures à destination des cinéphiles) mais qui au final ne s’avèrent pas gênant, grâce au savoir-faire de Gray.

Le réalisateur emballe en effet un thriller efficace ne laissant pas une seconde de répit au spectateur. Il ne s’embarrasse pas d’une longue introduction (le meurtre de la famille de Butler a lieu quasi pendant le générique) et plonge directement au cœur de l’action. Et une fois lancé, il ne s’arrête plus et réalise un thriller réglé comme une horloge suisse, à l’image de son Braquage à l’Italienne. La réussite du film vient aussi bien entendu des deux acteurs principaux qui rivalisent d’excellence dans un face à face impressionnant. Jamie Foxx a trouvé un partenaire à la hauteur en un Gerard Butler habité par son rôle. A la fois machiavélique et inquiétant, mais aussi plein de fêlures, Clyde Shelton est peut-être le meilleur rôle de l’acteur. Le film n’évite pas toujours le manichéisme primaire, mais réussit parfois à choquer (voir l’effarante scène où Shelton reproche à la juge de vouloir lui accorder une caution), et tente de ne pas trop faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Et c’est peut-être là la plus grosse surprise du long métrage, surtout que la bande-annonce laissait présager d’un film de vigilante classique. Les deux personnages principaux ne sont ni totalement bons, ni totalement mauvais et il devient vite difficile de savoir qui a raison ou qui a tort.

Bien sûr, certaines scènes font grincer des dents (on a parfois l’impression que le film balaye d’un revers de la main le concept de présomption d’innocence) et certains personnages sont un peu caricaturaux (la mairesse qui veut absolument se débarrasser du problème en transférant le détenu dans une autre ville), mais le tout se tient plutôt bien. Dommage que la dernière partie et le final retombent dans la facilité en transformant Shelton en psychopathe classique et du coup en amenant un happy end des plus classiques. On aurait aimé un peu plus d’ambigüité pour clore le film.

Néanmoins, Law Abiding Citizen reste un solide thriller, certes manquant d’originalité, mais rythmé et se permettant même parfois d’être imprévisible.

Note : 7/10

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