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Fille du poète maudit, Charlotte Gainsbourg signe IRM

Par Actualitté

« Quand vient la nuit, sonne l’heure […] le cadavre de mes jours » y’aurait pas plus éloquent. Mais que se passe-t-il dans la tête de Charlotte Gainsbourg ? Son œuvre artistique de plus en plus mystique et hétéroclite pousse à ce qu’on s’arrête quelques secondes sur son dernier album IRM en collaboration avec Beck dans les bacs depuis le 7 décembre dernier.
Que se passe-t-il en moi ?
Charlotte Gainsbourg est une femme énigmatique au timbre de voix reconnaissable entre tous. Feutrée, douce et pourtant si incisive. Miss Gainsbourg serait la belle plante qui serait en fait carnivore ? Une rose noire qui laisse dubitatif. Vivrait-elle un sentiment de substitution ? Autant de questions que son dernier opus laisse en suspens. Qui ne voudrait pas être dans la tête du fruit Serge Gainsbourg et Jane Birkin ?
Énigmatique et cruellement juste aux messages subliminaux

Fille du poète maudit, Charlotte Gainsbourg signe IRMDe prime abord, le dernier opus IRM semblait prometteur après la dernière collaboration avec Air et l’album 5 :55. Le premier single éponyme était sympathique, « Heaven Can Wait » a un refrain accrocheur, une pop acidulée aux sonorités troublantes et entraînantes. Bref, deux titres qui donnaient une envie folle de se procurer l’album dès sa sortie.
Or… IRM était un nom évocateur et on n’a rien vu venir. Il manquerait même « NFS, chimie et iono »… jusqu'à ce que le lecteur CD crie « Dr. Ross ». Trop tard, on l’a perdu, prononcez heure du décès s'il vous plaît.
Exceptés quelques titres notables, sensibles et intimistes avec une voix tout en douceur, l’album est à tenir loin des enfants et autres dépressifs qui se baladeraient avec un tabouret lançant un sourire narquois en faisant signe de suspendre la corde vendue en kit.
À croire que le dialecte artistique de la jeune femme sonne amèrement l’énergie glauque, à la filiation du poète maudit. Après avoir choquée, jugeant que son père aurait été fier d’elle dans son rôle dans « Antichrist » de Lars Von Trier, elle ne frêne pas des quatre fers en entrelaçant mélancolie, poésie et images lugubres : « quand on est mort on est mort », « ce ne serait pas la première fois qu’on aurait mangé un artiste » décrivant dans cette chanson le chat du café des artistes qui peut remplacer les assiettes vides ! Images et surtout des mots qui choquent en contraste avec la voix de Charlotte ont une portée symbolique d’une société qui marginalise les passionnées, les intuitifs, les gens aux plusieurs rêves, aux plusieurs vies ?
Noirceurs dans l'âme
Un texte sinistre aux intentions d’une Mylène Farmer d’une époque où on discernait encore les textes ; néanmoins cruellement juste, cruellement lucide, aux saveurs d’utopie insipide des gens rongés par l’effroi d’un monde qui se meut ou qui se fige. L’album porte bien son nom, la fille Gainsbourg propose une image en 3D d’une atmosphère palpable et grinçante de ces quelques années.
Vanities en serait le porte-parole aux allures des albums faits maison par Kenzo, où l’on reconnaîtrait presque les coquelicots. Morceau d’une belle puissance qui s’adapterait à merveille à un Paris qui s’éteint. Un Paris pris en otage par Morphée aux grandes artères enveloppées de collier de Noël, où les feux passeraient du rouge au vert pour un chat noir qui vagabonderait près de la place de l’étoile. Douceur et volupté. Un regard sensible aux frissons qui glissent sur la peau. Une caresse qui finirait par nous faire croire qu’en creusant un peu, les autres pistes ont une énergie similaire. Mais l’illusion d’une poésie douce s’estompe au fur et à mesure que l’on parcourt l’album. Au moins, la descente est progressive. Les titres les plus sinistres sont relégués à la fin !
Hétéroclite l’album sera
Mélange de sonorité tout le long de l’album, nous devons le reconnaître. D’une pop folk (Dandelion et Heaven Can Wait), aux rythmes orientaux (Voyage) en passant par une rythmique tribale (Trick Poney), quatorze titres qui en effet nous invitent à son « Voyage ». De petites berceuses s’inscrivent péniblement au cours de cette pièce théâtrale chaotique. IRM est un album très conceptuel (où Beck aurait eu une scission avec lui-même), qui se rapproche de cet art contemporain très subjectif qui nous fait pousser des « oula » ou des « mais bravo » alors que la toile en elle-même complexe en dit trop peu ou pas assez. C’est un patch de couleur d’un monde ou de son monde qui ferait mal au cœur.


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