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New York, Harlem et moi

Par Gangoueus @lareus
New York, Harlem et moiJ’ai eu le plaisir de me rendre à New York au printemps dernier .
C'est sur les sensations du lecteur et forcément du cinéphile sur lesquelles j’avais envie de revenir quelques mois après cette escapade. Cinéphile, le mot est un peu fort pour moi, mais force est de constater que notre cerveau est surchargé d’images de cette mégapole. On a donc le sentiment de participer à un long-métrage ou d’être le personnage d’une série télévisée de Jerry Bruckenheimer en se promenant dans cette ville. Vous sourirez, mais justement en m’approchant de la pointe sud de Manhattan, je suis tombé par enchantement sur le tournage d’une production Walt Disney. A ce niveau, on ne parlera plus de coïncidence.
Pourtant, j’ai envie de dire, à chacun son New York. Si j’ai sillonné de long en large Manhattan, profité de Central Park, fait une excursion sur Brooklyn ou encore créché dans le New Jersey, force est de constater qu’Harlem et Brooklyn constituait un centre d’attraction important vu le temps bref de mon passage. Harlem pour son histoire, le caractère névralgique de sa place dans l’identité culturelle des afro-américains. La dimension mythique de ce lieu où de grands combats socio-culturels eurent lieu. Je crois que cet attrait prenait sa source chez le lecteur qui sommeille en moi. Baldwin, Himes ont construit des personnages mythiques dans ce coin qui longtemps fut délabré. Certains personnages de Wright sont également new-yorkais. Brooklyn pour les films de Spike Lee dont je suis un inconditionnel.
New York, Harlem et moiMalcolm X Boulevard
J’ai donc pris la ligne 3 du subway jusqu’à son terminus, au Nord d’Harlem pour traverser ce quartier mythique.
New York, Harlem et moi Le schonburg Center
Le torticolis qui commençait à fragiliser mon cou au sud de Central Park a été apaisé. L’architecture de ce quartier est différente du reste de Manhattan. Mais, ce qui m’a impressionné, c’est d’abord la propreté des grands trottoirs sur Frederick Douglass Avenue ou Malcolm X Avenue. Dans les rues et avenues que j’ai parcourues, on est très loin de l’idée du ghetto mal famé que certaines images de télé ou de cinéma ont implanté dans ma cervelle. Les choses ont visiblement évolué. Partant du nord d’Harlem jusqu’à Central Park, on constate une mixité grandissante jusqu’aux abords du mythique parc new yorkais ou prend fin ce quartier. Les activités commerciales sont principalement des épiceries et des salons de coiffure. En remontant Malcolm X Boulevard, je suis tombé sur un très bon centre culturel dédié à l’histoire afro-américaine. Le Schonburg Center. Je recommande cet espace à toute personne qui passe dans ce block. J’ai eu le plaisir d’y découvrir deux expositions passionnantes : l’une sur l’évolution socio-historique de la plus ancienne église méthodiste afro-américaine de New York qui m’a permis de saisir le parcours et l’organisation de cette communauté protestante durant l’esclavage, la ségrégation raciale et sa place aujourd’hui dans Harlem. L’autre, principalement en photographie mettait en scène les combats de l’immigration africaine en Europe. Etonnant pour un afropéen, n’est-ce pas ? De belles photos, difficiles parfois, illustrant divers parcours.
New York, Harlem et moi Le militant Black Panther devant son étal

New York, Harlem et moi
Continuant ma marche, j’ai atteint le mythique carrefour au cœur d’Harlem entre Malcolm X Boulevard et Martin L. King Boulevard. Rien de spectaculaire, en fait. Mais, j’ai aimé la charge symbolique de ce lieu où la population sur les trottoirs était beaucoup plus dense. Les panneaux illustrant cette intersection manifestaient à merveille la trajectoire de deux hommes dotés d’une passion semblable pour leur peuple, engagement qu’ils ont payé de leur vie quelque soit le choix prôné pour atteindre leur objectif : la lutte armée pour Malcolm X, la non-violence pour Martin L. King. Les deux facettes d’une même médaille. En remontant vers l’Appolo Theater, ma surprise fut totale de trouver un stand du Black Panther Party animé par un vieux militant. Des copies des classiques du rap américain étaient en vente devant son van sur lequel une grande affiche avec une photo du président du Zimbabwé affirmait « Mugabe is right ! ». On ne se refait pas. Après une demi-heure de discussion passionnante avec l’homme grisonnant et son acolyte dans mon anglais balbutiant sur les thèmes de la crise des banlieues françaises, le racisme supposé en France ou les ravages de l’ethnocentrisme en Afrique, je continuais ma progression en poursuivant ma réflexion. J’étais surpris par l’impact des violences de novembre 2005 en France dans l’inconscient de mes interlocuteurs, impact que je m’étais efforcé de nuancer dans l’échange.
Passant devant l’Apollo Theater, et me dirigeant vers les « Eighteens », sur l’ouest d’Harlem, des tam-tams jouaient à l’unisson en cet après-midi printanier sur M.L. King Boulevard. En quittant Harlem, j’abandonnais une part d’Afrique et les tam-tams parleurs me le criaient à haute voix.

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