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LA LEGENDE DE SAMBA GUELÄDIO DIËGUI par Mame Kouna Sène

Par Bababe

 LA LEGENDE DE SAMBA GUELÄDIO DIËGUI par Mame Kouna Sène

Durant notre campement, nous vous proposons en cette période de contes et de légendes par ici, celle de Samba Guéladio Dieji, ce célèbre héros mythique du Fuuta , celui dont on dit qu’il avait pitié de la frayeur.

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LA LEGENDE DE SAMBA GUELÄDIO DIËGUI par Mame Kouna Sène
...) Quand les jeunes filles sont parties, Samba s’est étendu sur le lit pour dormir. Une des jeunes filles avait ôté son collier d’or et, en partant, avait oublié de le reprendre. Une autruche est entrée dans la case, pendant le sommeil de Samba, elle a avalé le collier d’or (...)

.- Tu m’as accusé du vol du collier, dit Samba à la jeune fille. Je vais te faire attacher ! Et le roi l’a laissé libre d’agir comme il l’entendrait.
Mais Sêvi, le griot, intervient :
- Tu as tort d’agir ainsi, Samba. Nous avons quitté notre pays pour venir dans celui-ci et nous ne sommes que cinq. Si tu veux en faire à ta tête, il ne nous arrivera rien de bon. Laisse la fille du roi et garde-toi bien de la faire attacher."

 « La Geste de Samba Guéladio Diégui » est un récit épique fort connu au Sénégal, qui figure d’ailleurs dans l’« Anthologie nègre » de Blaise Cendrars. Nous en reproduisons ici la version écrite, suivie d’un commentaire qu’a bien voulu rédiger pour « Ethiopiques » Mame Kouna Sène, professeur au « Centre d’Etudes des Civilisations » de Dakar. L’Anthologie nègre de Blaise Cendrars a été publiée pour la première fois vers les années 20. Cendrars en parle comme d’un « ouvrage de compilation » et cite fidèlement les ouvrages compulsés dont les « Contes indigènes de de l’Ouest Africain français » (Paris 1913) F .V .Equilbecq. Cette version de la légende de Samba Guéladio Diégui est donc celle que l’administrateur des colonies Equilbecq a recueillie à Yang Yang en 1904, auprès de Boubacar Mahmoudou.

Voici l’histoire de Samba Guélâdio Diêgui, prince peulh du Fouta
Samba Guélâdio Diêgui était fils unique de Guélâdio, roi du Fouta. Comme Samba arrivait à l’adolescence, son père mourut. Le frère du roi défunt Fonkobo Moussa, prit le commandement du pays. Quand ils furent devenus grands, il annonça qu’il allait leur partager le Fouta et, en effet, chacun d’eux en reçut sa part.
Samba était resté avec sa mère, son griot nommé Sêvi Malallaya et un captif qui s’appelait Doungourou.
Le griot Sêvi vint trouver Samba.  Lire la suite dans notre site FAAWRU Cliquez Ici

 Extrait du texte de Mame Koumba Sène : (...)

 Une analyse à lire:

 Sur lA LÉGENDE...

L’histoire des peuples a partout donné à des récits épiques qui ont encore le pouvoir de nous émouvoir. Il en est ainsi de « La geste de Samba Guéladio Diégui », de l’épopée de Soundiata ou de la merveilleuse histoire de Silâmaka, ardo du Massina et de Son presque jumeau Poullori.
Ces récits épiques sont bâtis sur le même canevas. Ils racontent des événements historiques émaillés d’épisodes merveilleux qui servent à faire ressortir le caractère exceptionnel du héros. Et la récitation de ces faits sans précédent s’inscrit sur un fond musical ; chaque héros est évoqué sur l’air qui lui est spécialement dédié. Et cette évocation des ancêtres valeureux crée une atmosphère intermédiaire entre le rêve et la réalité qui prédispose aux largesses... Pour le moment, nous allons nous intéresser au texte repris par Cendrars, une version parmi tant d’autres [1].
Cette petite étude aura atteint son but si elle peut aider à trouver des repères à la Geste de Samba Guéladio, prince du Fouta. Repères d’abord historiques, ensuite psychologiques qui pourraient guider le lecteur.
L’histoire légendaire de Samba Guéladio Diégui raconte les temps forts de la conquête du pouvoir du Fouta, par Samba, fils de Guéladio Diégui. Samba n’est pas un prince de fiction ; son nom figure dans les « Tarikh-El-Fuutiyu » des marabouts toucouleurs. Ces tarikhs, largement basés sur les légendes épiques, donnent, entre autres renseignements, la liste des Souverains silatigi [2] du Fouta. Dans une liste mentionnée par Yaya Wane, dans son ouvrage : « Les Toucouleurs du Fouta Tooro », il est dit que : Samba Guéladio succède à Guéladio Tabara, successeur direct de Guéladio Diégii, père de Samba. En remontant ainsi la chaîne, on arrive à, Koli T engela, le peulh Denyanké qui au XVIe siècle reprit le Tékrour aux conquérants mandingues et le baptisa : Fouta. Koli Tengela fut donc le premier souverain silatigi du Fouta. La tradition orale fait durer la dynastie des Saltigi denyanké jusqu’au début du siècle ; alors que les historiens estiment que cette dynastie aurait pris fin XVIIIe siècle. Samba Guéladio Diégui vers la fin du 17e siècle. Le second indice historique nous est donné par le père Labat . Malgré quelques réserves concernant les qualités d’historien du Père Labat, Equilbecq affirme cependant que la légende de Samba Guéladio Diégui n’est qu’une « version merveilleuse » d’un récit d’évènements rapportés par le Père Labat dans sa « Nouvelle relation de l’Afrique », publiée en 1728.
Voilà donc pour l’histoire écrite. Mais nous savons qu’en Afrique de l’Ouest, « seuls les héros qui ont inspiré une musique aux diali (griots) Sont encore connus des hommes » [3] . Dans ces conditions que faire pour inspirer une musique aux diali ? Rien ! Sinon être choisi par le destin ! Certes, mais encore. Ceux que chantent les griots doivent se signaler par leur courage, leur intelligence, leur droiture, leur sens de l’honneur. Alors, la mémoire collective se charge d’estomper les coins d’ombre, de grandir le héros pour le hisser au rang des créateurs de valeurs.
Samba Guéladio Diégui possède toutes ces qualités. Il est Courageux jusqu’à la témérité intelligent, d’une intelligence machiavélique, fier - quel ardo du Fouta ne saurait l’être ? A partir du moment où il a pris conscience de ses droits, rien ne peut s’empêcher d’atteindre son but. Il s’est agi d’une prise de conscience, et c’est le griot Sêvi qui sert de révélateur. En effet, le récit débute en mettant en scène un Samba terne qui ne sait pas faire de différence entre les propositions de son oncle et sa part légitime, qui est le trône du Fouta. Sêvi Malallaya, en conseillant le jeune Samba, joue auprès de lui le rôle qui est celui de tout bon griot de cour. On pense alors à ces lignes de Lilyan Kesteloot qui parle des griots« Voici les diplômes du monde traditionnel, qui manient les puissants, comme on tire les ficelles des marionnettes. Ils peuvent, à leur gré, créer des brouilles ou aplanir les différends... Ils sont maîtres des cœurs qu’ils enrobent dans le miel ou le fiel de leurs discours » [4].
Ce procédé qui consiste à mettre les héros dans des situations initiales qu’ils ne maîtrisent pas, n’est pas unique en son genre, tant il est vrai que « les grands arbres poussent lentement ». Voyez Soundiata, il lui avait été prédit un destin extraordinaire, mais jusqu’à sept ans, il se traînait au sol, tandis que les enfants de la co-épouse de sa mère gambadaient [5]. Ces épreuves du début permettent au héros de mieux tremper son caractère, et de donner plus tard la pleine mesure de ses possibilités. Ainsi Samba avait besoin des sages conseils de Sêvi, mais très tôt, nous le voyons s’affranchir et prendre en main sa propre destinée. Et Son premier acte d’indépendance est celui d’un homme décidé à atteindre le but qu’il s’est fixé, par tous les moyens. Il commence par abattre froidement son protecteur d’un moment, le guinnârou qui lui a fait don du fusil magique, Boussalarbi.
En fait, la reconnaissance de certains actes méritoires n’est pas un sentiment qui fleurit dans l’épopée, car les héros doivent veiller à ne rien laisser passer qui puisse infléchir le cours de leur destin. Silâmaka et Poullôri, pour être les seuls à posséder la protection magique qui les rendait invulnérables, tuèrent sans hésiter tous leurs bienfaiteurs qui avaient participé à la confection du gri-gri.
Quant aux rapports de Samba et des autres personnages de cette épopée, ils peuvent s’expliquer certes sur le plan psychologique, mais c’est sur le plan social qu’ils présentent le plus d’intérêt. Samba est autre selon qu’il a affaire à des nobles comme lui, ou à des gens de castes inférieures. Il épargne d’une manière chevaleresque la vie de Birima, par égard pour la sœur de ce dernier qui est sa « naoulé ». Et même son oncle Konkobo Moussa, qui est pourtant, son ennemi principal, il ne consent à combattre avec lui que dans les règles. Et il pousse même la « délicatesse » jusqu’à fournir à plusieurs reprises une monture à son oncle pour qu’ils puissent se battre ; et pour finir il épargne sa vie. Il y a là, c’est l’évidence, tout un code du parfait chevalier auquel Samba obéit. Ses cousins, les fils de Konkobo Moussa obéissent aux mêmes règles ; la veille de la bataille, Samba danse le « Alamari » avec eux, ils passent la soirée à plaisanter et le matin ils se retrouvent dans leurs camps respectifs : ennemis !
L’autre Samba, celui qui sait être irrespectueux à l’égard des vieux (bien sûr griots), cassant, manifestant brutalement son mécontentement, cet autre Samba donc, c’est le maître s’adressant à des à des gens qui ne signifient rien à ses yeux, c’est-à-dire les gens de caste et les captifs. Samba frappe la captive qui ose lui donner de l’eau souillée. Quant à Doungourou, il menace simplement de mort, si par peur du caïman, il lâche Oumoullatôma, la jument.
La vie d’un esclave ne vaut pas celle d’une monture qui participe directement aux exploits guerriers du héros. Structure sociale, basée sur le principe d’inégalité, qui n’a pas fini de poser problème [6].
Avant de terminer, il serait hasardeux - pourtant nous le ferons- de parler du style de ce texte, tant il est malaisé de transposer un texte initialement destiné à l’audition, en texte écrit, figé. L’informateur d’Equilbecq avait pressenti la difficulté en prévenant que l’histoire serait longue.
Et puis, il ne s’est pas agi d’un récit en langue poular, mais déjà d’une traduction en petit français [7] faite par l’informateur.
Cet homme qui connaissait certainement l’atmosphère dans laquelle on disait ce genre de récit épique a dû mesurer combien devrait être grand l’effort pour rendre le récit dans son intégrité. En effet, comment suppléer au vide laissé par le son du Hoddu ou du Khalam, comment rendre la participation de l’auditoire, comment marquer surtout le rythme du récit, ces successions à perdre haleine de petites phrases brèves, incisives, qui se précipitent et se brisent dans la pause, afin que la voix s’éclaire et que la guitare opère sa magie ? C’est pourquoi, on ne saurait se résoudre à reprocher au texte de cette épopée une certaine sécheresse de ton et une composition lâche par endroit.

 Mame Koumba Sene

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Tiré de

Ethiopiques numéro 01
revue socialiste
de culture négro-africaine
janvier 1975


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Par Racine Deh
posté le 06 janvier à 15:35

VOILA SMBA GUELDIO DJEGUI LE GUERIER AFRIQUE NOIR

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