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Ségolène Royal s'installe dans la logique de la défaite définitive

Publié le 02 novembre 2007 par Exprimeo
Ségolène Royal ne parvient toujours pas à dépasser sa défaite. Par une procédure judiciaire engagée contre les éditeurs d'un livre de Claude Allègre, elle donne un coup de pub à un passage jusqu'alors d'une discrétion certaine. Dans beaucoup d'Etats, la coutume politique veut qu'une défaite à une élection emblématique entraînerait le retrait inéluctable de la vie politique active. Dans d'autres pays, la défaite ferait partie au contraire d'un parcours " initiatique " incontournable voire même salutaire puisque de nature à tester la tenacité des intéressés. Au-delà de cet éventail de situations, l'enjeu réside dans les caractéristiques mêmes de la défaite. Avant et pendant une campagne électorale, il y a toujours un certain nombre de conseils qui sont classiquement présentés comme " des recettes de victoires ". Ils devraient surtout être présentés comme des " médicaments contre la défaite définitive ". Il y a en effet un certain nombre de comportements qui n'insultent pas l'avenir. Tout d'abord, l'analyse calme et rationnelle des raisons de la défaite permet toujours de tirer des enseignements très instructifs. Plusieurs critères méritent une attention particulière : 1) quel a été le sentiment général au sein de la population qui a fondé la victoire de l'adversaire ? 2) ce sentiment général est-il susceptible de connaître des évolutions et si oui lesquelles ? 3) le résultat s'explique-t-il par des électeurs indécis au nombre considérablement plus élevé que d'ordinaire ? 4) Si la réponse est positive à la question précédente, qu'est ce qui a pu conduire autant d'électeurs à devenir des " indécis " ? 5) Y a-t-il eu des erreurs manifestes dans la campagne électorale et si oui lesquelles ? Toutes ces questions doivent conduire à une analyse critique permettant de dégager une conclusion importante : où est né l'avantage significatif du vainqueur ? A partir de cette identification débute la stratégie de ré-implication dans le débat politique. Aux Etats-Unis, cette réintégration dans le débat politique porte le nom de la stratégie du " moi aussi ". Elle consiste à corriger l'ancrage initial de l'image de marque en indiquant toutes les mesures que " lui aussi ", le candidat battu, aurait mises en oeuvre comme le concurrent en qualité d'élu. Il s'agit de provoquer un regret chez les indécis. Comme il est possible de le constater, la réintégration dans la compétition dépend de la qualité de l'analyse des causes de la défaite. Ces causes donnent des indications sur les corrections à opérer. Les Etats-Unis d'Amérique sont réputés pour être les moins compatissants pour les perdants. En 1980, les élections au Sénat et à la Chambre des Représentants ont été une vraie rupture face aux coutumes électorales. Le rejet de Jimmy Carter et l'adhésion populaire en faveur de Reagan ont entraîné des secousses électorales profondes. Le raz de marée reaganien avait emporté des démocrates supposés invincibles. 10 ans plus tard, beaucoup d'entre eux avaient retrouvé leurs fonctions électives. Ceux qui avaient su identifier les raisons de la défaite furent les premiers à revenir à des postes de responsabilité qu'ils ont assumé avec encore plus de performance qu'avant leur défaite. Ségolène Royal semble ancrée dans la défaite définitive. Elle ne parvient pas à ouvrir une étape nouvelle positive. Cette procédure nouvelle s'ajoute à ce constat d'un passé jamais dépassé.

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