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Informative, sociale ou artistique ?

Publié le 20 décembre 2009 par Zozo

« Photography is the art of not pushing the button » (Frank Horvat). Une citation célèbre qu'on devrait toujours avoir en tête avec nos appareils numériques où « appuyer sur le bouton » ne coûte rien et provoque généralement une démultiplication de la médiocrité. Ce n'est pas grave, c'est gratuit dira-t-on, mais à quoi bon garder des milliers de photos si quelques dizaines bien choisies apportent autant. Apporter autant, mais apporter quoi au juste ?

C'est en fouillant dans mes milliers de photos et en m'inquiétant de la place qu'elles prenaient (bientôt 80 Go, soit la taille de mon disque dur de sauvegarde ...) que je me suis posé cette question : faut-il tout garder et pourquoi garder une photo plus qu'une autre ? Dans 10 ans, qu'est-ce que je ferai de mes dizaines de milliers de photos ?

Trois catégories : informative, sociale, artistique

Sur le « pourquoi » prend-on une photographie, on peut répondre par trois grandes possibilités :

  • garder un souvenir d'un lieu, une particularité (d'un pays, d'une culture) : la photographie nous apporte de l'information, elle est informative,
  • garder des souvenirs des personnes, des attitudes, avoir des « belles photos » des personnes avec qui on a passé du temps : photographie sociale,
  • faire une photographie qui pourrait trôner fièrement dans notre séjour ou dans les expositions à Berlin : photographie artistique.


Tout ce qui ne tombe pas dans ces trois catégories : POUBELLE ! Cependant les catégories sont tellement larges qu'on peut y faire passer à peu près ce qu'on veut, certaines photos tombent dans les 3 catégories en même temps ... mais pour peu qu'on soit exigeant, 90% de nos photographies ne tombent dans aucune des catégories et ne méritent pas leur matérialisation sur un quelconque support papier ni de croupir sur un disque dur ! Quand je dis 90%, c'est sans exagérer.

La difficulté que cela « rende » bien

Posons-nous la question, à chaque fois que nous prenons une photographie (ou plutôt le soir en visionnant sur notre écran l'étendue de notre oeuvre de la journée). Les exemples typiques des photos à effacer sont légion :
En randonnée, on a passé une superbe journée, on a pris 150 photos de montagne où on voit le même paysage sous 3 angles différents, des photos où on voit un bout de colline avec des arbres et uniquement des arbres (allez, quelques cailloux pour vous faire plaisir !), et ce bout de colline n'est d'ailleurs pas fondamentalement différent du bout de colline qu'on avait pris 2 ans auparavant à une autre randonnée ... Posons-nous la question : que cela nous apporte-t-il ?

  • De l'information sur l'habitat naturel du dahut ? L'information que les arbres poussent verticalement et sont verts ? On s'en tape !
  • Il n'y a personne sur la photo ? Elle n'est pas « sociale »
  • Accrocherions-nous fièrement notre photo de bout de colline toute moche chez nous ? Non !

Résultat : poubelle ! Si la lumière était pourrie et qu'on n'a pas fait de photo artistique, on peut garder une ou deux photos de bout de colline moche, histoire de se ne pas oublier la randonnée si vite, mais le mieux qu'il y a à faire, c'est de prendre les photographies des personnes avec qui on a passé un bon moment ! Faire de la photo « sociale » ! Parce que sérieusement, quelle information une photo de montagne peut-elle nous apporter ? Qui n'a pas vu de montagne dans sa vie ?! (Si vous êtes sylviphile et que vous aimez savoir quels arbres poussent dans chaque montagne que vous allez voir, évidemment, mitraillez !)
Deuxième exemple classique : la visite d'une ville. De retour d'un week-end à Barcelone, on est content, il a fait beau, on s'est amusé, bref c'est génial. Et bim 500 photos de plus au catalogue ! Dont 430 de monuments, de bâtiments, d'immeubles ... toutes aussi inutiles les unes que les autres !

  • Les photos de bâtiments apportent-elles de l'information ? Oui ! Mais certaines, pas toutes ! Qu'on veuille garder en mémoire l'architecture de Barcelone avec quelques bâtiments typiques, oui ! Mais l'immeuble qu'on a pris dont on ne se souvient ni de son nom, ni de son emplacement, et qui est presque identique à la photo 23, 46, 76, 77, 79 ... , celui-là et ses copains, poubelle ! A quoi bon avoir une photothèque identique à ce que retourne google-image en tapant Barcelone ?!
  • Ces photos de bâtiments sont-elles sociales ? Je ne l'espère pas !
  • Artistiques ? Si oui, alors là on garde. C'est pas la peine de faire de l'art à 2 balles uniquement pour garder des photos, un immeuble en contre-plongée oblique (pour faire artistique), ce n'est pas validé !

Le mieux qu'il y a à faire est de prendre des photos genre « been there » à la japonaise, mais pas trop quand même, sinon on s'en lasse ! « Photography is the art of not pushing the button » !
Mais de ces 2 exemples, un gros problème se pose : on a fait 20 photos de Sainte Sophie et autant en haut du Triglav à midi pétante. Total : lumière moche, photo fade, contrastes écrasés, pourtant, au moment là, on était en extase, et les photos ne rendent rien ... C'est la dure loi de la photographie, on aimerait figer les moments de bonheur et l'emporter avec nous, on aimerait que les meilleurs moments du voyage correspondent aux plus belles photos. Malheureusement, ça ne marche pas comme cela !
Il faut l'accepter, le bonheur ne se prend pas en photographie, désolé !


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