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Le livre du mois : Les louchetracs

Publié le 29 décembre 2009 par Hongkongfoufou
Par Hong Kong Fou-Fou

Pas de méprise, pas d'insulte : derrière ce titre sybillin ne se cache pas le dernier roman pour enfants de Luc Besson, destiné à les préparer à un avenir cinématographique sombre fait de productions à la Yamakasi, Taxi.
Il s'agit d'un livre sur le Milieu (c'est marrant, d'ailleurs, de parler de Milieu pour des gens qui vivent plutôt en marge de la société, non ?), écrit par un truand. Le bouquin, initialement paru en 1969 dans la Série Noire, vient d'être réédité.
L'auteur, Jean Mariolle. Pas de chance, à une lettre près, il s'appelait Marielle, il avait une voix profonde et grave. Au lieu de ça, il se traîne un nom qui le dispense d'avoir un surnom. On a dû bien se payer sa fiole à l'hôtel des gros verrous !
Tous les truands rêvent du gros coup qui leur permettra de se faire une place au soleil, pour lui c'est réussi : il est mort à 86 ans, lors de la canicule de 2003.


Réveillée de bonne heure, elle s'était astiquée à l'Eau de Cologne. Son déshabillé transparent ressemblait à une invitation au viol. Vingt-deux berges, blonde, yeux bleus, élancée, Mado avait ce qu'il fallait dans le corsage. Elle inspirait des idées n'ayant aucun rapport avec la théologie.
Lorsque Max pénétra dans le gourbi, un paquet de viande parfumée lui dégringola sur les bras. Le baiser qu'ils échangèrent aurait fait exploser un thermomètre.


Pierrot avait un jour proposé de fourguer un cadavre aux cochons. Affamés, ces bestiaux dévorent tout, même les os. Il suffirait de broyer un peu le crâne du mort avec un marteau pour leur faciliter la digestion.
L'idée emballa le Vieux. Il envisagea un instant d'installer un élevage dans l'Yonne. Il exigerait une brique par cadavre, transport compris. En outre, à ce régime, ses cochons engraisseraient, pèseraient davantage et, par voie de conséquence, se vendraient plus cher.
Les crabes pouvaient aussi servir de cercueils vivants... Mais c'est plutôt coton d'élever des crabes dans l'Yonne. De plus, ils mangeaient beaucoup moins qu'un cochon. Pour ingurgiter un cadavre, il leur faudrait dix épisodes. Non, non, il fallait des tubes digestifs mieux rodés. Ah ! si on avait eu des requins ! Alors, là, pas plus tôt mort, pas plus tôt enterré ! Et pui, avec les requins, le cadavre voyage, même occis le mec voit du pays.

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Une autre aborda un petit mec taillé dans une allumette, un vrai poids duvet. Il eut pu danser la java sur une pièce montée sns risquer d'écrouler la crème. Ca n'avait pas l'air de marcher. L'avorton marchandait avec la pute, prêchait pour la baisse des prix, pour la copulation en solde. En tout cas, il ne dut pas être trop poli, car la frangine, une rousse pas dégueulasse, se mit en rifle après lui :
- Si t'es pas content, c'est du kif ! Fais-toi baiser par les Indiens, tu auras des enfants à plumes ! Un rabais ? non mais !... Et d'abrd, lorsqu'on a une gueule comme la tienne, on y met un froc, c'est plus décent !


- (...) Qui c'est ton baveux, toi ?
- Maître Fombonez.
- Pas possible, rigola Pierrot, Fombonez ? Celui-là, il marche à voile et à vapeur. C'est le plus vaseline du Palais.
- D'accord, c'est un pédé... mais il a des relations.
- Des relations ? Oh, pour avoir de relations il doit en avoir ! Des relations sexuelles entre autres ! Les pédérastes sont les Francs-Maçons de l'oignon, ça t'avancera pas, à moins que tu t'y mettes ?
- Ca va pas, non ?
Recommençant à débloquer, Pierrot raconta un souvenir déjà ancien.
- J'avais un ami, ici, à la Santé. Il m'envoie voir son débardot, un pédé notoire. Je m'apporte chez ce zèbre. Je sonne. La secrétaire m'ouvre : "C'est pour le Maître ?" me dit-elle. "Non, que je réponds, c'est pour le voir, je suis pas de la confrérie."




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