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Nucléaire, Chine, absentéisme... et taxe carbone: joyeux Noël, Monsieur le Président !

Publié le 30 décembre 2009 par Juan

Mardi 29 décembre, les ondes ont failli être occupées par des louanges en cascade au sujet de l’extension des horaires d’ouvertures des boites de nuit jusqu’à 7H du matin. Certains journalistes s’inquiétaient quand même du revers français à Abou Dhabi, où le consortium français EDF-AREVA-TOTAL s’est fait éjecté d’un marché de 20 milliards de dollars au profit d’un concurrent coréen. Mais en fin de journée, on ne comptait plus les mauvaises nouvelles : l'exécution d'un Occidental en Chine rendait dérisoire le rapprochement français de ces derniers mois; un quotidien révélait l'ampleur de l’absentéisme des cumulards de l'UMP au conseil régional d’Ile de France. Et le Conseil Constitutionnel achevait la taxe carbone.
Joyeux Noël, Monsieur le Président !
En Chine, l’UMP se tait.
Pour la première fois depuis 1951, la Chine a donc exécuté un Occidental, accusé de trafic de drogue. Des proches assurent que ce Britannique de 53 ans, et père de famille, était pourtant malade mental. En France, la députée socialiste Aurélie Filippetti a demandé à l’UMP de renoncer à son accord de partenariat avec le Parti Communiste Chinois. Sur le site de l’UMP, aucun communiqué officiel n’est venu commentée la nouvelle. Frédéric Lefebvre a préféré profiter de son 29 décembre pour célébrer les chiffres de la croissance du 3ème trimestre publiés par l’INSEE. Dans son point de presse du 29 décembre, le ministère des Affaires Étrangères a eu l’indignation très sobre :

''La France condamne l'exécution de M. Shaikh, ressortissant britannique, qui a eu lieu en Chine ce mardi. La France, pleinement solidaire des autorités britanniques, regrette vivement que les appels à la clémence n'aient pas été entendus.
La France, à l'instar de l'Union européenne, rappelle son opposition à l'usage de la peine de mort en toutes circonstances.''

« Aujourd’hui l’amitié franco-chinoise veut vraiment aller de l’avant » déclarait Xavier Bertrand, le 29 octobre dernier, à son retour d’un voyage à Pékin où il signait un partenariat avec le PCC. « Tous les sujets étaient sur la table »… Tous ? Vraiment ?

"Les relations franco-chinoises doivent aller de l'avant !"
par ump
La semaine dernière, François Fillon s’était déplacé en Chine pour calmer toutes les tensions avec la France. Le 25 décembre, Liu Xiaobo, un dissident chinois, accusé de "subversion", a été condamné à onze ans de prison. Polie, la Chine avait attendu le départ de son hôte Fillon pour procéder au jugement de l'opposant. La Chine se fiche bien des atermoiements européens. Toute puissante, elle peut se payer son intransigeance. Un éditorialiste hongkongais, repris par Courrier International, commentait ainsi cette condamnation, symbolique le jour du Noël occidental : "La Chine d’aujourd’hui a accompli son émergence, elle n’a plus besoin de se conformer aux aspirations occidentales. Pour les personnes qui espèrent l'avènement de la démocratie en Chine, une émergence de ce type est sans nul doute une catastrophe, car elle signifie que Pékin n’autorisera décidément pas le type de démocratie constitutionnelle réclamée par la Charte 08". La France n'a plus qu'à se coucher, tranquilliser son commerce, et oublier ces fâcheux cadeaux de Noël à la Chinoise...
Au Conseil régional, l’UMP est absente
Nicolas Sarkozy avait du cumul des postes et des mandats l’une de ses marques de fabrique politique, modèle pour les siens d’une droite décomplexée. Lors des scrutins législatifs, municipaux et européens de 2007 à 2009, il avait encouragé ses ministres et secrétaires d’Etat à se porter candidats pour défendre les couleurs du camp présidentiel. Au point de tancer publiquement une Rama Yade récalcitrante. On sera curieux de connaître sa position suite aux révélations du quotidien francilien Le Parisien sur l’absentéisme au conseil régional d’Ile de France. C’est est une tare qui fait tâche à l’approche du prochain scrutin. Le Parisien s’est livré à ce exercice douloureux pour la démocratie de relever les élu(e)s les moins assidu(e)s au Conseil Régional d’Ile de France. Aux premières marches du podium, la palme revient à Nathalie Kosciuko-Morizet et Frédéric Lefebvre. La première cumule les fonctions politiques avec une boulimie déconcertante : secrétaire d’Etat, maire adjoint, conseillère régionale, secrétaire nationale adjointe de l’UMP. Le second est un cas plus troublant. Frédéric Lefebvre a été un éphémère député, quand il assura la suppléance d’André Santini pendant 24 mois. Pour le reste, il n’est « que » l’un des porte-parole de l’UMP.
Taux d’absentéisme aux sessions du conseil régional, entre mars 2004 et octobre 2009.
Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) : 75%
Frédéric Lefebvre (UMP) : 60%
Marine Le Pen (FN) : 43%
Valérie Pécresse (UMP) : 36%
Julien Dray (PS) : 35%
Michelle Sabban (PS) : 21 %
Anne Hidalgo (PS) : 20%
Marie-Pierre de la Gontrie (PS): 15 %
Jean-Paul Planchou (PS) : 14 %
Roger Karoutchi (UMP) : 4%
Jean-Paul Huchon (PS) : 0%

Autre surprise de l’ouverture, la Corse. Là-bas, l’ouverture se fait … du centre gauche vers la gauche Longtemps pressenti pour rejoindre le gouvernement Sarkozy, le radical de gauche Paul Giacobbi conduira finalement la liste … socialiste en Corse pour les prochaines élections régionales. Le député PRG faisait figure de proie facile, l’été dernier, quand Nicolas Sarkozy cherchait à poursuivre « l’ouverture » à gauche par quelques débauchages symboliques. Finalement, il préfère s’allier avec le PS contre son parti d’origine, qui devrait présenter sa propre liste.. Comprenne qui pourra…
A J-3, la taxe carbone est annulée.
Dans une décision communiquée mardi 29 décembre, le Conseil Constitutionnel a fait savoir qu'il annulait la taxe carbone. Ce dispositif, forfaitaire et truffé d'exemptions, devait entrer en vigueur dans trois jours, le 1er janvier. Mesure controversée, cette nouvelle taxe avait été annoncée en août dernier par Nicolas Sarkozy. Contrairement aux recommandations de la commission Rocard, le président français avait retenu un prix de 17 euros la tonne de carbone (contre 32 préconisés). De surcroît, le remboursement promis par Nicolas Sarkozy pour les ménages fut finalement prévu de façon forfaitaire, sans tenir compte des revenus de ces derniers. Enfin, nombre de secteurs industriels pourtant fortement pollueurs en furent exonérées. En d'autres termes, les 2,7 milliards d'euros de taxe carbone n'étaient pas remboursés à ceux qui en subissaient le plus lourd prélèvement.
Le Conseil Constitutionnel a jugé en effet que "l'importance des exemptions totales de contribution carbone étaient contraires à l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique et créaient une rupture d'égalité devant les charges publiques". Pire, le Conseil précise :"étaient totalement exonérées de contribution carbone les émissions des centrales thermiques produisant de l'électricité, les émissions des 1.018 sites industriels les plus polluants, tels que les raffineries, cimenteries, cokeries et verreries", "les émissions du transport aérien et celles du transport public routier de voyageurs" (...) "ces exemptions auraient conduit à ce que 93% des émissions d'origine industrielle, hors carburant, soient exonérées de contribution carbone", et "moins de la moitié des émissions de gaz à effet de serre aurait été soumise à la contribution carbone".
Cécile Duflot, pour les Verts, s'est dite satisfaite.
Pour Nicolas Sarkozy, le revers est cinglant, après l'échec du "volontarisme à la Française" au sommet de Copenhague.
Ami Sarkozyste, où es-tu ?

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