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Hervé Morin et la fin du centre

Publié le 02 janvier 2010 par Exprimeo
Hervé Morin ne parvient pas à introduire le Nouveau Centre dans l'échiquier politique. A force de ne pas vouloir se compter, le Nouveau Centre risque bien de ne plus compter. Le Nouveau Centre peut-il exister en dehors du créneau réducteur du simple parasitisme du Modem ? La course au centre est menacée par deux facteurs majeurs : - la présidentialisation du régime qui conduit à un renforcement de la bipolarisation, - la personnalisation quasi-extrême du mandat de Nicolas Sarkozy qui crée un nouvel alignement pour la présidentielle 2012. Les institutions de 1958 ont installé un régime mixte. Mais, la réduction du mandat présidentiel à 5 ans a constitué dans les faits une évolution décisive dans l'émergence d'une présidentialisation incontestable. Le rapprochement des élections législatives du scrutin présidentiel a accentué cette évolution. Toute la vie politique Française est désormais axée sur la mise en oeuvre du contrat passé entre le Président et les Français lors du vote présidentiel, seul scrutin où la France constitue une réelle circonscription unique. Cette situation modifie le paysage politique dans de nombreux domaines dont : - la bipolarisation des forces politiques est renforcée, - un parti politique ne pourra exister durablement que s'il a capacité à porter en son sein un vrai présidentiable, - la fonction de Premier Ministre est appelée à connaître des aménagements majeurs, - la majorité parlementaire ne peut que se positionner par rapport au contrat présidentiel. Cette tendance institutionnelle s'accompagne d'une donnée plus ponctuelle liée à la personnalité même de Nicolas Sarkozy. Le Président occupe la totalité de l'espace politique et médiatique. Si bien que l'élection 2012 s'annonce d'abord comme un referendum sur la personnalité même de Nicolas Sarkozy. L'élection présidentielle 2012 fait beaucoup penser à l'élection américaine de 1980. C'est l'élection qui n'a respecté aucun des fondamentaux traditionnels. Pourquoi ? La fin du mandat de Jimmy Carter avait été dominée par un tel sentiment de pagaille et d'échec que les électeurs voulaient tourner la page au plus vite. Ce choc électoral fut tel que cette élection est devenue un sujet privilégié d'études universitaires. Qu'en ressort-il ? - les électeurs n'ont pas voté pour Reagan par souci de conservatisme. 11% d'entre eux ont voté pour Reagan parce qu'il était conservateur, - mais seulement 37 % des électeurs de Jimmy Carter en 1976 lui sont restés fidèles en 1980, - le climat particulier de 1980 a conduit des groupes électoraux dont les Noirs et les Hispanos en cause leurs soutiens classiques. Tout tournait à un scrutin sur le tempérament de Carter. Bref, ce fut l'élection du désalignement. Pour des raisons très différentes, l'élection présidentielle 2012 s'esquisse comme l'élection du désalignement ou plutôt celle d'un nouvel alignement : pour ou contre la personnalité de Nicolas Sarkozy. Les études actuellement disponibles montrent que l'enjeu sera bien davantage une appréciation sur le tempérament même du Chef de l'Etat que sur la politique mise en oeuvre. Dans ces circonstances, l'espace politique du Nouveau Centre est quasi-inexistant. Il l'est d'autant plus que le Nouveau Centre ne dispose ni d'un leader charismatique ni d'un programme spécifique dont il est serait le garant. Pour toutes ces raisons, il est voué à une dilution dans la majorité présidentielle en dehors de temps forts exceptionnels conduits en total accord avec cette majorité présidentielle en vue de nuire à l'audience du Modem dans l'ex-électorat UDF.

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