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Je partirai bien au Bahamas

Publié le 17 octobre 2009 par Xylophon

C'est l'automne. Les feuilles tombent. Les petits écureuils roux sortent faire leur réserve avant l'hiver. Il fait froid en ce mois d'octobre, j'ai le nez et les oreilles qui piquent sur le chemin du travail.

J'arrête là. Non, je ne vous ferai pas l'affront de raconter les banalités de la nature et de mes petits soucis quotidiens. Même si certains politiques sont très doués pour ça. Alain Juppé a su je trouve exprimer un profond sentiment à l'égard de la neige et rien que pour ce lyrisme on lui en est déjà reconnaissant. « Moi j’ai vite vu que cette neige ne tiendrait pas. Quand la neige tient, il y a un silence spécial. Un silence de velours. L’air devient moelleux comme une écharpe de laine» http://lexilousarko.blog.fr/2008/02/24/quels_media_pour_la_communication_politi~3773461/

Quand j'ai commencé ce blog sur Sarkozy, j'avais une lueur d'espoir. Celle qui m'a fait croire sans doute naïvement qu'il y a du bien et du positif dans chaque être humain. Je pensais qu'à long terme, l'homme agité, vu la charge du pouvoir, vu les responsabilités qu'elle engendre, arriverait à se ranger dans les costumes d'un président qui pouvait être crédible sur la scène internationale comme sur la scène nationale.

J'avoue que là, je ne sais plus trop quoi dire. C'est tellement énorme, tellement téléphoné, tellement fait sans complexes, sans remords, sans la moindre hésitation. C'est tellement contradictoire avec les difficultés que vivent les jeunes au quotidien.

J'ai des amis diplômés de Science Po, mention très bien au bac qui malgré le concours d'attaché territorial peinent à décrocher un travail et ceux malgré les stages et leurs compétences. Et là, on a un jeune homme de 23 ans, diplômé de rien du tout, qui a redoublé deux de ces premières années de droit, qui a voulu un temps être comédien, et qui veut être président du plus grand établissement public d'aménagement de France. Et le président trouve cela normal, alors qu'il vient de nous faire tout un discours sur la méritocratie, la récompense des efforts dans le système scolaire.

Comment croire alors à cette politique qui dans l'espace publique aime à donner à voir un discours politiquement correct, presque socialement engagé et qui pour ses propres intérêts ou pour ceux de sa famille ou de ses amis, est prêt à mettre aux oubliettes les belles paroles, les belles promesses faites à la nation au nom de l'intérêt général.

Mais que font penser les jeunes diplômés qui survivent dans l'attente de décrocher un travail. Que font-ils dire quand ils vont voire ce jeune homme blond conseiller général et président de l'Epad: un cumulard sans diplômes, sans compétences, sinon cette assurance agaçante qui fait illusion pendant les joutes médiatiques.

Faut-il se lancer en politique quand on est sans diplômes? Sans doute être jeune et volontaire comme Jean Sarkozy, ne suffit pas. Il faut un Papa qui a travaillé depuis longtemps un département, qui a construit un clan, a placé ses hommes de confiances aux postes stratégiques. Un père, président de la république, qui loin d'être naïf, a des grandes ambitions pour son fils et pour lui même. Le but est simple: s'appuyer sur cette nomination purement hasardeuse pour mener à bien le projet du grand Paris.

Cette affaire résume bien tous les antagonismes de cette présidence, et toutes les insuffisances de notre démocratie qui ne garantira jamais la compétence des politiques. J. Sarkozy a été élu comme son père avant lui. Pourtant cette élection doit elle être un blanc-seing donné par le peuple, à un jeune homme qui n'a pour l'instant que son éloquence à nous offrir. En même temps peut on interdire à un jeune homme de se présenter à un poste qui lui est légitimement ouvert parcequ'il est élu?

Il y a une responsabilité d'une part des politiques à se montrer exemplaires à la fois dans la parole donnée et dans les actes réalisés. Il y a une responsabilité également du politique à ne pas élire un homme sans compétence à de tels postes clés.

Mais il y a également une responsabilité de la part du citoyen. Je ne suis pas forcement pour élire un philosophe roi, ni un polytechnicien mais mettre un bulletin dans l'urne en se basant sur une dynastie, une chevulure blonde, ou un dynamisme affiché, c'est renforcer un système qui continuera à fonctionner par cooptations et privilèges.

Tous les médias du monde, de l'Italie, à l'Aglenterre, de l'Inde à la Chine en passsant par les Etats-Unis trouve cette situation incroyable.

http://www.lefigaro.fr/politique/2009/10/12/01002-20091012ARTFIG00445-l-affaire-jean-sarkozy-epinglee-a-l-etranger-.php

"En Italie, le Corriere della Sera fait figurer le sujet dans sa «une» et rappelle que la Défense est «le plus grand centre d'affaires d'Europe», au «potentiel stratégique énorme» et que sa direction est «tout sauf triviale». Le journal s'amuse de la «continuité dynastique» des Hauts-de-Seine et de l'irruption de «Sarkozy II, le Jeune».

"En Espagne, où l'agence EFE a consacré une dépêche à l'histoire, plusieurs médias évoquent l'affaire, qui amuse également le quotidien conservateur américain New-York Post .

L'affaire rebondit jusqu'en Inde, où l'Express India note que Nicolas Sarkozy a «été critiqué» pour «gérer en famille» ses affaires. Le site DNA y consacre même un édito sur les dynasties politiques, notant que cette notion familière à l'Inde «se porte bien dans le monde et devient commune même dans les soit-disant méritocratiques démocraties occidentales»".

Ce népotisme sans complexe me fatigue. http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/10/15/sarkozy-c-est-le-nepotisme-nouveau-riche_1254541_823448.html. Ce n'est même plus révoltant, c'est désormais presque normal. Et c'est cette banalité de ce type de comportement qui fait peur.

En ces jours d'automne, nostalgique de l'été où je bronzais sur la plage, où la seule chose dont je devais me préoccuper était de remettre de la crème solaire, je partirai bien vivre au Bahamas, paradis fiscal déclaré. Au moins là bas, il n'y a pas de surprise: tout est déjà stratégiquement organisé pour les nantis et les familles d'héritiers: plus d'État certes, mais des cocotiers,de l'eau turquoise, et du sable fin. Mais que demande le peuple?

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