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Le SBA ou l’ignorance en action

Publié le 07 novembre 2007 par Frednetick

Finalement je vais quand même faire un petit truc aujourd’hui, notamment parceque le sujet est en rapport direct avec ma pratique professionnelle.

Le SBA c’est le smal business administration américain, une officine gouvernementale chargée d’aider les PME US à “start, grow and succeed”, autrement dit c’est un filet pour les entrepreneurs. En France, connement, rien n’existe, sauf l’idée, débile, de réserver des marchés publics aux PME.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Car le SBA (small business ACT) réserve aussi une part des MP aux PME. Ni une ni deux, voilà que nos politiciens en mal d’idée et aussi créatifs qu’un peintre neurasténique en période de dépression, s’en vont copier les américains.

Il faut bien l’avouer, le diagnostic plaide en effet pour la mise en place d’un outil institutionnel qui aiderait les entreprises à grandir. C’est une situation qui fait consensus, la taille des entreprises françaises n’atteint pas le seuil critique qui leur permettrait d’aller chercher des parts de marché à l’exportation ou tout simplement d’avoir les reins assez solides pour survivre à 3 ans.

Premier écueil, la “nomenclature” qui répartit les PME est une grande marmite aussi cohérente que le jeu de l’OM. Selon une définition européenne, issue du règlement 70/2001 de la Commission, est une PME une entreprise de moins de 250 salariés ayant un CA de moins de 50millions €. La petite entreprise elle dispose de moins de 50 salariés et d’un CA de 7 millions€. La micro entreprise elle compte moins de 10 salariés.

Entre l’entreprise de 51 salariés et celle de 200 pas de différence de traitement, elles sont des ME, clair comme de l’eau de boudin.

Second écueil, la structure du tissu d’entreprise en France. 92.5% des entreprises françaises sont des micros entreprises. Les PME stricto sensu comptent pour 7.2% des salariés. On peut comprendre que la faiblesse du nombre d’entités moyennes (50 à 250) soit rédhibitoire lorsque l’on veut mailler le territtoire avec des groupes de taille critique.

Dernier écueil les règles du droit du travail français ne recoupent qu’imparfaitement le découpage né de la définition européenne.

Aider les entreprises à franchir le seuil des 5 ans est un impératif pour le tissu productif français, c’est indéniable. En effet, si le taux de survie à 3 ans augmente (68% des ents créées en 2002 étaient encore en vie en 2005 contre 60% de celles créés en 98 - donc encore ne vie en 2001- ) celui de survie à 5 ans reste dramatiquement bas (à peine 50%).

La survie et la progression passe en général par la concentration ou le développement, parfois à marche forcée. Elle nécessite aussi d’avoir les appuis nécessaires et de se prémunir contre les trop grandes rigueurs, administratives et fiscales.

Mais en France, on aime bien complexifier, ce qui amène à un empillement des référents presque aussi important que celui des strates administratives. Des aides à tous les niveaux, des interlocuteurs et des institutions aussi, des autorisations auprès de 5 personnes différentes, ce n’est plus un tissu administratif, c’est un mille-feuille.

L’interlocuteur unique, qui pourrait être une extension du guichet unique actuellement mis en place pour régler les impôts et charges serait à n’en pas douter la meilleure solution. Une solution qui nécessiterait un énorme travail de réorganisation de l’Etat et des CL, un réaménagement des compétences, une association un peu plus larges des partenaires, comme les CCI…

Au lieu de présenter une porte unique aux entreprises, nos brillants politiciens parlent de réserver des marchés publics aux PME. Aux EU ce sont 23% des MP qui sont ainsi dévolus de façon impérative aux PME.

En France, sans aucun mécanisme sinon celui de la rationalité parfois pointue des pouvoirs adjudicateurs, ce sont 68% des MP (en volume, 65% en valeur) qui sont attribués aux entreprises de moins de 250 salariés. On voit difficilement comment faire mieux.

Une réalité totalement ignorée par les candidats à la présidentielle. A l’évidence il est bien plus facile de balancer des idées qui fleurent bon l’amérique que de réfléchir pour de bon à ce qu’attendent les “forces vives” de la nation..

Les seules économies que nous faisons volontiers sont toujours celles de la réflexion et de la prospective, c’est dommage non?

Cacher cette brillante littérature


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