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La douane volante ~ François Place

Publié le 14 janvier 2010 par Clarabel

Gallimard jeunesse, 2010 - 334 pages - 13,50€

La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants. L'océan vient s'y fracasser. Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines.

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Gwen, quatorze ans, a failli mourir après une partie de pêche qui a mal tourné. Il doit la vie à la patience du vieux rebouteux, qui accepte de prendre le garçon comme assistant chez lui. Nous sommes en 1914, la guerre approche et le vieux Braz s'éteint. Gwen hérite de ses biens, mais aussitôt la jalousie s'allume dans le coeur des voisins. On murmure que le vieux rebouteux cachait un trésor, Gwen le Tousseux est pris pour cible, la nuit son jardin est visité, un jour le garçon tombe dans une embuscade, il sera tabassé, laissé pour mort et alors qu'il est dans les vapes, Gwen aperçoit l'Ankou qui l'emporte dans sa charrette noire.

Est-un un mauvais rêve ? Est-ce que le garçon est mort ? Lorsque Gwen revient à lui, il se trouve sur une plage, il y fait la connaissance d'un garde de la côte, Jorn, et il échappe à la douane volante en taisant les circonstances de son arrivée et de l'Ankou. C'est avec chaleur et grandeur d'âme que le garde l'accueille chez lui, à Waarn. La douce Silde, qui chante et danse du matin au soir, lui caresse les cheveux tendrement. Gwen se prend à rêver d'une vie meilleure... Mais l'illusion s'éteint lorsque le garçon découvre les coutumes de cette contrée (la célébration de la mort de Mère-Grand, une vieille tortue échouée qui agonise devant toute l'assistance avant de finir en viande grillée ... beurk !), puis les véritables intentions de Jorn sont enfin dévoilées.

J'admire la beauté du verbe, l'élégance et le classicisme de l'écriture, l'invention d'un monde perdu entre ici et ailleurs, la richesse des références, l'appui des légendes, l'inspiration qu'ont fait naître les tableaux de Van Goyen, peintre hollandais du XVII° siècle. Et pourtant, je suis restée en retrait. Je n'ai pas été transportée par ce roman, je l'ai bien aimé mais j'ai aussi éprouvé beaucoup de réticence. L'histoire m'est apparue froide, hermétique, très classique et rigoureuse, à l'image de cette peinture qui a été la petite étincelle pour titiller la muse de l'auteur. Je n'y ai pas été sensible, non. J'ai été bercée par les mots de l'auteur, mais ils n'ont su me faire rêver ou me transporter. Je suis restée de l'autre côté de la porte de bois, plantée entre deux talus sablonneux, je n'ai pas réussi à franchir le cap. Oui, je suis restée sur le seuil.

C'est un roman admirable, une oeuvre remarquable dans le domaine de la littérature jeunesse, et je suis reconnaissante à ce livre d'exister pour toutes les possibilités d'ouverture et de richesse qu'il va offrir aux lecteurs. On croirait un roman d'un autre temps, paré de ses plus beaux atours, servi à l'ancienne donc et saupoudré d'un zest de fantastique. François Place n'est pas ici qu'un nouveau romancier, il assoit sa réputation de conteur. C'est mérité, à chacun ensuite d'être sensible ou pas à la petite musique.

-> l'avis très enthousiaste d'emmyne et celui plus nuancé d'esmeraldae.


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