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Lettre à...

Publié le 19 janvier 2010 par Alexcessif
Lettre à...Bordeaux le 17ème de Janvier 2010. La visite.Il y a cette connotation négative de la moto sur le bruit, la vitesse dont sont responsables les conducteurs de moto et surtout ceux des petites cylindrées trafiquées par leurs pseudos pilotes dont le volume du cerveau est inversement proportionnel aux centimètres cubes de leur engin, prolongement de leur impuissance comme l'arme des chasseurs ou les 4x4 des bobos.La mienne est d'origine: elle ne fait pas plus de bruit qu'une voiture, elle roule à 50 en ville, 90 sur route et 130 quand elle est obligée de prendre l'autoroute.Je l'aime parce qu'elle sacrifie le confort à l'essentiel: un moteur et deux roues suffisent à transporter un égoïste et me rappelle ma précarité d'être fragile, la nécessité d'être prévoyant, congruent et prudent dans mon néo-célibat.Pas de vitres électriques, pas de chauffage, pas de ferraille entre la nature et le corps, un cocon de mètal n'est utile que dans la compagnie d'une douce passagère et là je perds mon temps à regarder la route plutôt qu'à observer ton ovale magnifique contenant de tes yeux malicieux, ta bouche rieuse, ta gorge profonde (et accueillante) ton intelligence qui transpire de toutes les sudoripares.Et puis il y a ce tribu payé au démon de la vitesse de quelques millimètres de rotation de la poignée des gaz quand l'autoroute est déserte qui me propulse comme un missile de 130 à 230 avec l'illusion d'un pouvoir de réduction sur l'espace et le temps avec la dérisoire adhérence d'une savonnette dans une baignoire. De cette courte délinquance, dans ce monde qui fait d'un rebelle celui qui roule à 55 au lieu de 50 ou allume une clope dans un rade, je me souviens du service militaire pas très loin d'ici. Une rébellion d'un autre temps faite de désertions répétées à chaque permission dans la difficulté du retour à la caserne vers ma planque de secrétaire, moi et mon orthographe, où ma "valeur physique" comme disent les militaires, m'interdisait les sauts en parachute. Mon irresponsabilité quantifiée par l'armée qui mesure tout, me classa P4.J'en sorti,aprés quelques mois de taule, réformé et ravi que mon inaptitude à tuer soit officialisée par des pros.Rentré dans le rang de la réalité avec sagesse, acceptant la nécessité du code de la route, partageant avec d'autres plus tranquilles la translation ordinaire.Composant avec la pluie, le vent et l'adhérence, occupé à lutter contre le filet d'air qui profite d'un espace mal protégé pour s'insinuer et s'inviter à bord, je poursuis ma route avec quelques rares rechutes en faisant gaffe aux émotions qui font comme le filet d'air.J'ai froid, donc je suis. C'est ce monde des symboles et de l'ambivalence que j'aime, tu l'auras compris.Arrivé à Agen, j'ai senti le manque de toi plus virulent que d'habitude et dans un réflexe d'enfant gâté ou perdu, je t'ai appelé. Ta voix aimée m'a comblé. "Aparté(l'idée d'être sans connexion c'est à dire sans toi.J'ai compris d'où venait le manque: cette faculté d'aller et venir dans ta virtualité est un lien dont je réalise la nécessité.Tu es mon interface numérique avec la réalité et c'est par l'empathie que je trouve le raisonnement productif qui complète ma parfois stérile réflexion comme celui qui retrouve le bon (le droit?) chemin en partant de la destination. Progresser à rebours, n'est pas reculer. C'est plus long, mais cela reste vaille que vaille une progression après m'être beaucoup fourvoyé dans mes choix par défaut autant que par mes concessions et autres renoncements et mes trahisons aux promesses faite à l'enfant qui fut moi.fin de l'aparté."Avec la frangine et Arnaud Stalgie, nous avons franchis la frontière morbide de la nuit en parlant des "Doors" de Jim Morrison, Kurt Cobain, Nino Ferrer.Puis, tiré du tiroir d'une ancienne bonnetière faite bibliothèque, je me suis fini avec un Daudet, Alphonse, et la relecture de quelques "Lettres de mon moulin" ainsi que, pour solder le compte des heures restantes, une nouvelle de " H.P Lovecraft" qui me servira d'introduction à mon "Mémoires de schizophrène"."L'oeil était dans la tombe" et me regardait, je ne suis parvenu au terme de mon insomnie qu' au matin venu, dans un lit vide "livide et silencieux" comme le Caïn de "La légende des siècles" du père Hugo condamné à vie par culpabilité de premier né et divorcé dispersant les pièces familiales et disparates d'un puzzle inconcevable.Vers midi, j'ai pris une heure de route sur le temps et l'envie qu'il me reste pour aller à Montcuq voir le géniteur détenteur des morceaux et responsable des morsures, histoire de comparer nos fardeaux ou à la poursuite d'une caduque quête identitaire.Dés l'accueil, j'ai su mon désir de ne pas troubler sa quiétude de dépositaire amnésique.Je n'ai pas voulu faire revivre, sous prétexte de mon bien-être, à ce vieil homme un passé qu'il veut sans doute oublier.J'ai laissé les questions au vestiaire des rancoeurs pour ne pas que ce tout à l'égo ne devienne un tout à l'égout et me suis régalé de cette soupe de bien, venue de dessus le poêle à bois "Godin", de ces patates qui ont pris le temps de cuire lentement et de cette barbaque d'origine inconnue tant elle est méconnaissable "de braise et de caramel" qu'il dit : moi j'appelle ça de la cramure d'oignons.Alors, au lieu de regarder derrière, j'ai observé mon futur de dans vingt ans à travers ce visage édenté toujours vivace malgré ses 70 années de labeur d'ouvrier entamées dés huit ans* comme garçon de ferme, dormant quelques heures par nuit dans un lit cage d'un grenier sans chauffage mais avec un quignon de pain et un oignon pour salaire se terminant aujourd'hui, encore vert, en aventures de cavaliersSans doute l'ai-je déjà rejoint, peut-être, chevauchant une moto et, plus surement, dans la calvitie.Contrairement à la maison de poupée de "chez ma soeur", il y des licols et des selles enchevêtrés, des couteaux à la lame longue comme l'avant bras, des outils sur la table et au sol, des sacs de céréales ou de flocons de maïs, des cuirs lustré dans l'odeur du suif, des vareuses suspendues à des clous en guise de patères.Beaucoup de place pour les chevaux et un peu pour des images d'enfants, des dessins d'arbres sans racines, des maisons sans fenêtres et des créatures dentues*punaisés sommairement aux murs qui disent sa souffrance et son remord.L'été, il me souvient d'un canasson à la porte d'entrée et qui parfois pénètre dans la pièce vers le sac de pain dur, des poules et du coq, de l'oeuf que l'on va chercher au cul de la poule, des tomates qui saignent sur la planche à découper.J'oublie encore ma colère du temps ou il m'obligeait à partir à l'école avec les sous vêtements de mes nuits d'énurésie à charge pour moi de me faire des potes et des études en sentant la pisse.J'oublie aussi et dans la foulèe, mes souvenirs d'enfant impuissant à protéger maman du haut de mes six ans terrorisés des violences de cet homme effrayant de jalousie injuste, forcément injuste. Je crois que j'ai repris de la soupe.Nous avons fait rouler des bottes de foin dans le hangar à coté des chevaux.Deux sont mort cette année, reste une haridelle, avec un pédigrée de pur sang quand même, et deux anglo arabe bon pied bon oeil.Nous sommes rentré boire une sorte de champoreau de Daudet tiré de la débelloire de Giono qui nous attendait sur la fonte du poêle.Et j'ai repris de la soupe.bise et je t'aime!No one.* 70+8 tu peux le faire*ce mot n'existait pas, maintenant, si.

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