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Capitaine mon Capitaine

Par Ernestoviolin

Le Crabe Aux Pinces D'or.
pincesdor
Ou Le Capitaine et la Traversée du Désert. L'épisode est surtout connu pour introduire l'un des trois personnages de fiction les plus fascinants du XXeme siècle, le Capitaine Haddock. Il est un peu unidimensionnel pour l'instant, mais l'esquisse doit bien commencer quelque part. Il apparait ici comme un fieffé alcoolique à la tête d'une cargaison d'opium. Il pleurniche, s'énerve, s'enferme dans ses remords, montre un comportement autodestructeur classique (l'avion et la barque) mais derrière tout cela, on devine déjà qu'il a bon fond. Ses crises de nerfs ont transformé en insultes des expressions qui n'en sont pas (moule à gauffre, cataplasme, anthropopithèque, etc.), procédé ingénieux pour contourner la censure et surtout révolution stylistique qui rappelle curieusement la verve colorée, musicale et hargneuse des pamphlétaires réactionnaires de l'époque, inspiration consciente ou non.

Le Capitaine Haddock n'est pas encore exploité dans toute sa richesse, donc. Ce marin (qui au fond ne navigue pas très souvent dans la série) au passé trouble est cantonné à un rôle de bouffon, comme la plupart des ivrognes. Trop puéril, pas assez développé, le Capitaine n'est pas encore rentré dans l'Histoire, et ne peut révéler toute sa stature pour l'instant. Sa première épreuve adulte sera une cure de désintoxication (symbole à peine masqué du désert, le "Pays de la Soif") visant à lui rendre toute sa lucidité. On assiste à une terrible scène d'hallucination causée par le manque, mais le Capitaine parviendra à triompher de ses démons. Par la suite, les rechutes seront nombreuses et les tentations innombrables (c'est d'ailleurs le meilleur running gag de la série), mais l'épave se remettra à flot, et le vice ne sera plus qu'un penchant coupable.

L'intrigue exploite une nouvelle fois le thème du trafic de drogue, comparé au cancer lucratif ("le crabe aux pinces d'or") de notre société. Rien de follement original, mais l'histoire est bien rythmée, cohérente, bien que manquant de passages extraordinaires. A noter quatre pleines-pages splendides pour remplir l'espace manquant.


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