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Les cœurs autonomes de David Fœnkinos

Par Mango
Les cœurs autonomes de David Fœnkinos
Le narrateur,  dont on ne connaît pas le nom mais qui semble s’identifier à l’auteur,  a rencontré une jeune étudiante,  durant ses études de lettres,  dans les amphithéâtres de la Sorbonne. C’est l’héroïne de son roman, anonyme également mais encore vivante. Elle a fait la une des journaux,  en octobre 1984,  avec l’autre personnage central indispensable au récit, le jeune homme dont elle est amoureuse et avec lequel elle vient de tuer trois policiers et un chauffeur de Taxi.
 Le titre, que j’aime beaucoup,  résume bien les deux aspects du récit : une histoire d’amour se terminant en folie meurtrière à la Bonnie and Clyde et une dérive politique des années 80. Le mouvement autonome, d’extrême gauche, venu d’Italie où il s’est montré d’une grande violence, influence alors une petite partie de la jeunesse étudiante, en lutte effrénée contre tout ce qui représente l’état capitaliste.
Les cœurs autonomes de David Fœnkinos
Dans le couple en question, lui est l’âme politique qui organise leur fuite en avant,  elle, son âme damnée qui le suit aveuglément mais qui n’hésitera pas à tirer sur les policiers même si ses balles se sont perdues ! On prétend d’ailleurs qu’elle ne doit son actuelle mise en liberté,  qui fait encore scandale,  qu’à cette maladresse dans l’usage de son arme.
Ces deux criminels,  Audry Maupin et Florence Rey, on les reconnaît très vite tant la presse en a parlé et tant leur histoire a inspiré d’autres créateurs comme  Patrick Besson , Gwénaëlle Aubry, Mano etc.
David FœnKinos,  lui,  a mis l’accent sur l’histoire d’amour en vase clos de deux êtres désespérés, vaguement autistes, enfermés dans leur silence et leur manque de communication entre eux et avec les autres.
 C’est cet aspect-là du livre que je n’ai pas aimé, cette interprétation systématique d’un amour que l’on veut voir grandi par la révolte du désespoir ! Le tout sous la plume détachée, presque clinique, d’un narrateur qui ne s’implique pas outre mesure. Son rôle semble celui du montreur de marionnettes à quoi se réduisent ses deux héros. Je n’ai pas adhéré à cette histoire  d’amour et de meurtres devenue trop simple brusquement, trop facilement excusable !
Heureusement, la seconde partie du livre sauve la première ! Il était temps ! J’allais abandonner ma lecture ! Ici,  le style sec et rapide se justifie par le récit,  minutieux bien qu’imaginaire, de la journée fatale. Sans argent, sans logement,  sans soutien, ils décident de voler des armes à des policiers. Ils en tuent deux, ils tueront aussi leur chauffeur de taxi,  prendront un otage, tireront sur lui, puis sur d’autres encore jusqu’à ce que lui soit abattu et elle condamnée à vingt ans de prison pour retrouver la liberté  en 2009, onze ans après son procès.
Je retiendrai ce passage des dernières pages:
 « Il n’y a pas de vérité unique. Chacun romance et fantasme et la vérité se trouve quelque part par là, épuisée. La seule vérité est celle des morts. » 
Lecture mi figue mi raisin par conséquent.
J'espère aimer davantage le dernier livre de l'auteur qui a frôlé plusieurs des prix de la rentrée 2009: "La délicatesse"
A présenté ce livre aussi :  Le blog des livres,

Les cœurs autonomes de David Fœnkinos (Grasset, 2006, 171 pages)

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