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Revirement de Karoubi : beaucoup de bruits pour rien ?

Publié le 28 janvier 2010 par Delphineminoui1974

Karoubi photo.jpgLa presse aurait-elle été trop rapide en besogne en annonçant, en début de semaine, le « revirement » de Mehdi Karoubi, un des plus farouches opposants à Mahmoud Ahmadinejad.

Dans une réponse, transmise par son fils, à une question de l'AFP, le religieux réformateur a dernièrement déclaré : "Je continue de croire que l'élection [présidentielle] a été marquée de fraudes massives, mais, puisque le Guide [Ali Khamenei] l'a validée, je crois que Mahmoud Ahmadinejad est le chef du gouvernement, c'est-à-dire le président de l'Iran". Le jour même, divers média s'empressent d'annoncer que Karoubi est rentré dans le rang, qu'il reconnaît pour la première fois la victoire de son adversaire, qu'il renonce à sa fronde. Un peu trop vite, peut-être...

Le lendemain, Mehdi Karoubi rectifie aussitôt le tir, en déclarant, selon son site web Sahamnews.org : « Je dis fermement que je ne ferai aucun compromis sur ce qui touche aux droits de la nation, et particulièrement son vote. Je resterai du côté du peuple jusqu'à la fin et je ferai de mon mieux pour lever les obstacles à un scrutin juste et libre ».

Tout en reconnaissant, dans le même temps, la pression subie au quotidien : "Des journaux ont été interdits, des sites web bloqués et de nombreux proches sont en prison (...) Ma voiture a été attaquée et je reçois des menaces au quotidien. Ils m'insultent, ils insultent Moussavi et la grande nation iranienne. Mes paroles sont mêmes transformées".


Dans une interview publiée, ce matin, dans le quotidien Financial Times, Karoubi apporte, certes, quelques nuances à ses précédentes déclarations relatives à "l'illégitimité du nouveau gouvernement". Si cet ex-président réformateur du Parlement iranien prédit qu'Ahmadinejad sera « incapable d'aller jusqu'au bout de son mandat », il laisse entendre qu'il n'a d'autre choix, pour l'instant, que de se résigner à accepter le gouvernement actuel. «Mon point de vue personnel, c'est que le gouvernement manqué de compétence et qu'il n'a pas le vote du people (...). Je pense que ce gouvernement doit se retirer, mais si les autres n'en disent pas autant, je ne peux rien faire », dit-il.

Pour autant, sa dénonciation des atteintes aux droits de l'homme reste toujours à l'ordre du jour. Après la révolution de 1979, se souvient-il, "nous avions promis de  respecter les droits du peuple, de leur offrir la liberté. Les opposants étaient censés pouvoir exprimer librement leur opinion et critiquer le régime, à condition qu'ils n'utilisent pas les armes. Ces promesses ont été sérieusement entachées ».

Selon lui, « le cercle révolutionnaire n'était pas supposé se réduire au point que ses propres enfants ne soient pas tolérés. Cela me rend triste ». Pour Mehdi Karoubi, la répression qui sévit en Iran ne fait que radicaliser l'opposition. « Quand vous blessez les gens, ils scandent des slogans radicaux », prévient-il.


Il reconnaît, également, être dépassé par le mouvement de protestation. « J'ai dit à maintes reprises que le peuple a ses propres leaders. J'ai également plusieurs fois répété que nous ne dirigeons pas le mouvement. Les gens protestent contre la façon avec laquelle ils sont traités. Ils se sentent humiliés. Les Iraniens n'acceptent pas qu'on leur donne des ordres. Ils le tolèrent peut-être un moment, mais ensuite, ils explosent », prévient-il.


Sa solution face à la double radicalisation ? « L'union entre forces modérées issues des deux factions» pour « sauver la République islamique ». Encore faut-il que les plus extrémistes des conservateurs l'acceptent. Ils sont nombreux, en effet, à continuer à accuser les leaders de l'opposition de « traîtrise », de « sédition », et à avoir appelé à leur arrestation...


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