Magazine Cinéma

Les sorties ciné du 3 février. Comme la météo : gris, pluvieux, froid.

Par Petistspavs

jean_simmons2Elle fut la compagne douce et volontaire de Kirk Douglas dans Spartacus de Kubrick et celle, douce et dangereuse, de Robert Mitchum dans Un si doux visage, pour Preminger. Actrice de Laurence Olivier, Mankiewicz, Michael Powell, Michael Curtiz ou Fritz Lang, elle accompagna Brando, Cary Grant, Sinatra, Lancaster et bien d'autres. Elle les a rejoints dans ce grand nul part où les stars du cinéma rejouent leur rôle pour les étoiles. Jean Simmons allait avoir 81 ans. Kirk Douglas doit se sentir bien seul.
Ce billet est dédié à Jean Simmons. Mais nous sommes triste aussi de voir partir Georges Wilson, compagnon et successeur de Jean Vilar au TNP.

Le jazz a souvent à voir avec le cinéma. La musique de Un si doux visage était signée Dimitri Tiomkin. D'innombrables musiciens de jazz se sont approprié cette  musique. En hommage à Jean Simmons, voici non pas la version originale mais celle, jazzée, de Milt Jackson.

Quant aux sorties, après une semaine excitante, une semaine au bromure. Que restera-t-il dans douze semaines des douze sorties de cette semaine ? Dont 3 "dessins animés" en images de synthèse (l'un ayant pour argument de vente, en gros sur l'affiche, "avec la voix de Vincent Casse^L^), un film franchouillard pipi caca prout (au fond de la piscine, c'est plus joli avec les bulles qui remontent) avec les pires acteurs du moment, et ce n'est pas peu dire, deux ou trois films "à grand sujet" pour faire réfléchir et mouiller les yeux en baillant un bon coup, un film cubain pour l'exotisme, c'est bien maigre. Le Sherlock Holmes pétaradant d'effets pour spectateurs insomniaques aura au moins donné au Champo (Paris 5ème) l'excellente idée de ressortir le délicieux La vie privée de Sherlock Holmes (Billy Wilder, 1970).
J'aurais aimé défendre Lebanon de Samuel Maoz (Israèl, 2010) qui, jouant avec le double sens du verbe shooter, transforme un char d'assaut en caméra, mais je suis trop claustro pour vouloir passer 1h 30 dans un objet aussi exigu , inconfortable et remuant, même par jeu, et avec uniquement des mecs aboard, des militaires en plus, non !

Alors, pourquoi pas profiter de cette semaine un peu vide pour rattraper les séances perdues et courir voir, avant qu'ils ne disparaissent pour laisser la place aux gros films qui menacent dans les bandes-annonces, Tetro, Complices, Invictus ou La dame de trèfle, sans oublier Extérieur nuit et l'inénarrable, improbable et inespéré Gainsbourg (vie héroïque), la plus belle surprise de la saison ?

SI LE CŒUR VOUS ENVIE

J'avoue que mon film de la semaine ne ressemble pas à un blockbuster. Encore qu'il ait rassemblé 3 millions de spectateurs en une seule séance, ce qui est beaucoup plus qu'Avatar. C'était à la télé, OK, sur France 2 et en début de soirée. N'empêche...

Travailleurses_du_sexe
Les travailleu(r)ses du sexe
long-métrage documentaire franco-belge de Jean-Michel Carré (2009, 1h25)
distributeur : Les Films du Grain de Sable
affiche : Miss Tic
Synopsis : En France, depuis la loi Sarkozy dite de "sécurité intérieure" de 2003 incluant un volet sur le racolage passif, des femmes et des hommes revendiquent le droit de pouvoir louer librement leur corps alors même que l'économie du marché utilise une pseudo libération sexuelle pour justifier la marchandisation de l'intime. Paroles et pratiques dérangeantes, stigmatisées par des jugements moralisateurs, qui nous questionnent sur les rapports hommes / femmes, la sexualité et son contrôle par le pouvoir.

Depuis que l'IDHEC lui a délivré son brevet de réalisateur et chef op', en 1972, Jean-Michel Carré a mis sa science de l'image et du récit au service des phénomènes sociaux et sociétaux souvent liés à l'enfermement, pour la télévision (la 5 et la 7-Arte, essentiellement) et le cinéma : enfance, éducation, internement, prison, souffrance au travail et prostitution. La prostitution est, depuis la première "loi Sarkozy" qui criminalise le racolage passif, un double enfermement, produit de la misère sexuelle et d'un Etat qui, sous couvert de libéralisme, investit de plus en plus la sphère privée.

Mathilde Blottière (Télérama), qui aime le film, fustige ce "drôle de monde où les bobos causent sex toys dans leurs salons tandis que les professionnels de la discipline sont priés de se rendre invisibles".
Mathieu Macheret de Critikat n'aime pas vraiment : "Dommage que Jean-Michel Carré sacrifie le cinéma à la soutenance de sa thèse, bien scolaire. À vouloir seulement la « communiquer » au téléspectateur lambda (qu’on imagine toujours plus bête et moins pervers qu’il ne l’est vraiment), Jean-Michel Carré se montre sous le vilain jour du proxénète de ses propres images. Il les veut gagneuses et les fait tapiner sur le trottoir de France Télévisions. Ce contre-sens impardonnable sape toute sa crédibilité."
La synthèse est faite par Les inrocks. Vincent Ostria note qu'"on aurait aimé que le cinéaste explore un peu plus les prolongements les plus récents de la question (le rôle d’internet ; la prostitution occasionnelle) et qu’il donne aussi la parole à des jeunes. Formellement, ce n’est pas exceptionnel ; le film a d’abord été conçu pour le petit écran. La première partie fait un peu alibi et fourre-tout (c’est l’antithèse de rigueur). Mais c’est un documentaire cru et réaliste, qui met les pieds dans le plat et tord le cou aux idées reçues selon lesquelles le soi-disant “plus vieux métier du monde” serait une survivance archaïque et pernicieuse de l’esclavage. Putes, oui, mais pas soumises".

Moralité (il en fallait pour un tel sujet) : le film est plombé par sa destination première (le "prime time" de FR 2) mais éclaire d'une façon intéressante une réalité mal connue et qui nous parle de nous. J'irai.

REPRISES

La vie privée de Sherlock Holmes
(The private life of Sherlock Holmes)
Film américain de Billy Wilder (1970, 2h 05)
Directeur de la photographie : Christopher Challis
Compositeur : Miklós Rózsa
Décors : Alexandre Trauner
avec : Robert Stephens (Sherlock Holmes), Colin Blakely (Docteur Watson), Christopher Lee (Mycroft Holmes) Geneviève Page (Gabrielle Valladon), Irene Handl, Stanley Holloway

Ce film est une merveille.

Le cinéma est un art (n° 7), mais aussi un artisanat. Pour ce film, Billy Wilder s'est entouré des meilleurs. Que les curieux cherchent dans quels films le directeur photo, le compositeur, le décorateur (et je vous épargne la maquilleuse) ont placé leur talent...

En deux, je vous repropose une sortie de la semaine dernière, mais sur la base d'une BA que j'aime bien :


  Comme Au Cinema

L'IMAGE DE LA SEMAINE

L'image de la semaine est duale. Elle prolonge ce que certains films, la semaine dernière, nous disaient du vieillissement. Certains acteurs vieillissent en beauté, comme Clint Eastwood, Robert Redford ou, hier, Yves Montand. Certains, au contraire, deviennent leur caricature. C'est le cas de Robert de Niro ou Dustin Hoffman. En fait, les acteurs vieillissent comme le cinéma qu'ils incarnent ou qui, au contraire, les emploie.

Voici deux photos d'un acteur qui s'est confondu avec un certain renouveau du cinéma français et qui a épousé, par la suite, tous les conformismes, fussent-ils de prestige.

Dussolier_Ext_Nuit
Dussolier_Stal

André Dussolier en 1980 dans Extérieur, nuit et cette année dans Une exécution ordinaire.
Les acteurs ne sont pas seuls à vieillir.

Il n'y a pas de focus cette semaine.

Bye.

Allez à la Cinémathèque, rendez vous rue Champollion, visitez l'Utopia de Toulouse...

Bonne semaine, bons films.


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