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La Revue Scoute 2010 : la l'hibernation

Publié le 04 février 2010 par Laplum
Mon dernier article, qui sera publié la semaine prochaine dans la revue Transversalles (N°4, février 2010). LE lien vers le site suivra rapidement.
La Revue Scoute 2010 : la l'hibernation La l’hibernation !!!
Pour la vingt-sixième édition de leur revue, les Scouts ont décidé de ne rien changer : La recette a fait ses preuves de par le passé, et cette année encore, le spectacle s’inscrit dans la droite ligne du drôle grinçant, du comique décapant et de l’irrévérence sarcastique. La Salle des Fêtes de Schiltigheim résonne chaque soir de salves de rires qui n’ont d’égales que les tonnerres d’applaudissements qui les suivent. Le cru 2010 est à la hauteur des espérances des habitués et ne décevra pas les nouveaux, la surprise est au rendez-vous pour tout le monde.
Ils puisent leur d’inspiration dans l’observation (et la lecture) du quotidien, l’écoute attentive des déclarations de nos chers hommes politiques, l’étude suivie des trajectoires de nos élus (ex, actuels, futurs), et l’analyse approfondie des médias et des thèmes occupant des tranches de cerveaux disponibles. On imagine aisément qu’avec tout cela, les Scouts n’ont que l’embarras du choix et que le plus difficile pour eux, c’est évidemment de se décider pour tel sujet ou tel autre. Chaque nouvelle journée apporte son lot de nouveautés et contribue à alimenter le réservoir d’une source qui ne tarira pas de sitôt : la grande bêtise humaine.
Que ce soient les difficultés de la construction européenne, le réchauffement climatique, la souffrance au travail, le démantèlement de la fonction publique, les jeux et séries télé, la nouvelle plaque d’immatriculation, les enjeux réels de Roselyne Bachelot, la traîtrise de Besson ou les dossiers enterrés de la C.U.S., tout est passé au peigne fin, avec cet éclairage incisif qui affine certains contours en les mettant dans une autre lumière, révélant la grande mascarade sociétale et les trépignements de certains pantins postillonnant dans les micros. Encore fallait-il passer de la gravité à l’humour sans empêcher la réflexion, du réel à la scène sans verser dans la fiction neutre. Rassurez-vous, c’est chose faite. Ils égratignent et écorchent, taquinent et piquent, montent du doigt et dénoncent.
Dans la grande série des grands destins alsaciens, voici enfin contée la fabuleuse histoire de la conception de notre cher Roland (Ries), qui nous permettra (entre autres) d’entrer dans les arcanes de sa pensée politique et de comprendre (un peu) cette terrible soif de démocratie participative. Eh oui, parfois les choses ne se limitent pas qu’à la génétique, l’éducation et la culture ont aussi leurs parts de responsabilité. On découvre ainsi que l’accouplement participatif (seule la décision est collective, rassurez-vous !) n’a d’égal que la démocratie coïtale et qu’il en va de même pour le choix du la maternité ou du prénom.
Un classique du genre, la place de l’Etoile joue les arlésiennes (il semblerait que ce soit une mode à Strasbourg de refaire les places à chaque mandature… Place Kléber, Place de la Gare…) et revient régulièrement en première page de l’actualité : de no man’s land, elle est devenue parking puis square forestier… Il est maintenant question d’enlever la pépinière pour que les cirques puissent y planter à nouveau leurs chapiteaux. Ce sont des ouvriers communaux (on dit maintenant fonctionnaires territoriaux !) qui campent ce splendide sketch marqué par un rythme… d’une lenteur adéquate. Un vieux thème que celui de la vitesse d’action du fonctionnaire, un tantinet démagogique, mais tellement drôle qu’on pardonne aux Scouts cette pique gentillette. En attendant la Place de l’Etoile, ce n’est plus la jungle, mais le cirque !
Un terrible match de catch oppose l’ange blanc « Service Public » au terrible ange noir U.M.P. (je ne sais plus ce que ça veut dire…, un truc proche de HULK). Le combat est inégal et contre toute attente, « Service Public » gagne contre l’horrible U.M.P. ! Cette histoire a une morale : la scène est encore le dernier endroit où l’on puisse rêver…
Et puis il y a Robert et Fabienne, une histoire qui rebondit, rebondit et ne s’arrête jamais. A lui seul le tandem a de quoi alimenter le spectacle pendant des lustres. Dans un bel échange épistolaire, car Robert s’est découvert des qualités de plume et un nouvel élan romantique, les deux cyclistes nous font la démonstration de l’hypocrisie politique. Superbe.
Dans la belle série des locaux qui jouent à domicile, il ne fallait surtout pas oublier le Racing de Strasbourg, caricaturé au vitriol par des supporters désabusés : « On peut enterrer le club, Gress est au paradis fiscal. Les joueurs peuvent être vendus comme décors de jardins…». Le rallye de Corse passe en Alsace ? Pour faire honneur à notre gloire nationale mais aussi pour accrocher la une de l’actualité, les habitants d’un village concerné songent à utiliser les moyens appropriés : un attentat à l’explosif, enlever le chien du voisin ou réduire la maison d’un allemand en poussière ! Malgré tout, lorsqu’on est né alsacien, on le reste. Rien ne se fera sans autorisation officielle de la mairie…
Quelques grands moments chantés, autour de la disparition de nos bidets sur un air de Mikael Jackson, une interprétation très jazz par Jean-Philippe Meyer qui a remué toute la salle par son merveilleux talent, une remarquable polyphonie corse sur un étonnant « d’ Hans em Schnockeloch » et un final remuant : la complainte de l’ours voyant fondre sa banquise, inexorablement, le tout sur « Help » des Beatles. Les musiciens qui accompagnent le spectacle déploient de réels talents : Michel Ott, Pilou Wurtz, Anne List, Didier Hoffmann, Mathieu Zirn et Mathias Hecklen-Obemesser sont les comparses incontournables de la Revue. Coup de chapeau à eux.
Pendant plus de deux heures, les Scouts nous livrent un spectacle au rythme rapide et enlevé, sans temps mort, dans une alternance de sketches, de chansons et de morceaux de musique. Les comédiens, Denis Germain, Patricia Weller, Hélène Hoohs, Yvette Stahl, Nathalie Mercier, Jean-Marie Meyer, Tobias Kempf, Raphaël Scheer et Dominique Grylla nous entraînent dans un tourbillon de rires et de mélodies, jonglant avec les mots et les situations, se jouant des pièges de la lourdeur et de la morale convenue, pianotant sur le clavier de l’absurde pour mieux nous faire revenir à la réalité, mais toujours avec un sourire en coin. Ils nous emportent bien au-delà du bon moment passé ensemble. Cependant, une vraie question reste sans réponse : lorsque les écrans plats auront remplacé toutes nos vieilles télés, où poserons-nous le napperon de crochet et la gondole de Venise ?

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