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Philippe Claudel plébiscité par le 20e Goncourt des lycéens

Par Essel
Le meilleur roman de cette rentrée littéraire récompensé par le prix le plus sincère

Ravie ! Je suis ravie !

Voici en effet un auteur que j'apprécie beaucoup, récompensé pour -selon moi- son meilleur roman, par le prix Goncourt des lycéens, le prix du coeur, un vrai prix de lecteurs, que j'estime le plus parmi tous les prix, puisque j'ai eu l'occasion et le plaisir inoubliable de vivre l'opération Goncourt des lycéens du début à la fin en 2002 : aucune pression n'est exercée sur ces lycéens qui élisent après en avoir débattu ensemble leur Goncourt, le VRAI selon moi, et en effet, chaque année, leur choix m'a toujours semblé bien meilleur que l'autre, l'officiel !


Philippe Claudel plébiscité par le 20e Goncourt des lycéens

 

Dépèche de l'AFP Il y a 3 heures

 

RENNES (AFP) — Le 20e prix Goncourt des lycéens a été décerné lundi, dès le premier tour, à Philippe Claudel pour "Le rapport de Brodeck" (Stock), dont les jeunes jurés ont salué l'"écriture poignante" et la "dimension universelle".

Philippe Claudel s'est félicité de recevoir une récompense "décernée par des jeunes". "Il y a des prix qui font davantage plaisir que d'autres et c'est le cas des prix donnés par les lecteurs, en dehors de toute pression éditoriale", a-t-il témoigné auprès de l'AFP.

"C'est symbolique qu'ils aient choisi ce livre qui essaie de parler de la condition humaine, difficile, tragique mais aussi somptueuse", a ajouté l'auteur.

"Le jury a été unanime à cause des qualités exceptionnelles du livre", a résumé Stéphanie, une lycéenne québécoise qui s'est réunie avec le jury dans la brasserie rennaise où est décerné le prix depuis 1988.

"On a été pris aux tripes", a ajouté Morgane Muscat, lycéenne à Nantes et présidente d'un jury pour qui le roman de Philippe Claudel offre, grâce à une "écriture poignante", une "dimension universelle".

Quinze oeuvres étaient en lice pour ce prix, basé sur la première sélection du prix Goncourt, décerné la semaine dernière à "Alabama Song" de Gilles Leroy (Mercure de France). Le roman de Philippe Claudel a devancé lundi "A l'abri de rien" d'Olivier Adam et "La chaussure sur le toit" de Vincent Delecroix durant les délibérations.

Maître de conférences à l'Université de Nancy où il enseigne à l'Institut Européen du Cinéma et de l'Audiovisuel, Philippe Claudel, né en 1962, avait reçu le prix Renaudot 2003 pour "Les Ames grises", adapté au cinéma en 2005.

"Le rapport de Brodeck" raconte comment, dans un village sans nom, après le meurtre collectif d'un homme sans nom, Brodeck le narrateur, qui n'a pas participé à l'assassinat, est chargé d'écrire un rapport sur le drame. Le roman a été salué par la critique et est bien placé sur les listes des meilleures ventes depuis la rentrée.

Dans cette fable maléfique, Brodeck, greffier de l'indicible, témoigne de l'effet de groupe qui dissout toute conscience, du rejet de l'étranger et de la peur qui paralyse toute une communauté.

Laure, élève de première à Evreux, a trouvé le livre de Philippe Claudel "violent et poétique". "On pourrait vivre ça demain car chaque homme a en lui une part d'inhumanité", ajoute-t-elle.

"C'est un vrai livre, un vrai roman", a déclaré Edmonde Charles-Roux, la présidente de l'Académie Goncourt, présente à Rennes. "Les jurés lycéens deviennent de plus en plus performants et fonctionnent comme un vrai jury".

Quelque 2.000 lycéens de seconde, première et terminale, généralistes comme professionnelles, ont eu deux mois pour lire et étudier les oeuvres sélectionnées. Un travail de longue haleine mené avec les professeurs de français.

"Nous avons énormément travaillé l'argumentation, et en deux mois il y a eu une évolution spectaculaire, sans doute nourrie par les débats que les élèves ont eu sur les livres", a expliqué Jocelyne Vilemin qui a entraîné ses élèves de 1ère littéraire du lycée Kerbichen de Brest dans l'aventure du prix.

Le Goncourt des lycéens, qui avait consacré en 2006 la romancière camerounaise Léonora Miano pour "Contours du jour qui vient" (Plon), fait partie des prix ayant un effet démultiplicateur important sur les ventes. "Les libraires le considèrent comme un +plus+ considérable", selon Edmonde Charles-Roux.

Quant aux autres prix, vous serez peut-être comme moi échaudée en lisant les articles suivants :

- l'article de Pierre Assouline sur son blog

- et cet article du Monde

Ceci dit :
bonne lecture !
Pour rappel, ma critique du 22 septembre :

Le rapport de Brodeck **** / Philippe Claudel

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Dans un village isolé, peut-être en Alsace, vient d'être assassiné l'Anderer, l'autre, celui qui est arrivé un jour tout sourire sans jamais dire son nom. Alors les hommes du village, comme pour se disculper, chargent Brodeck d'une mission, celle de raconter comment tout cela s'est passé, depuis le début, dans un rapport. Mais en rappelant ses souvenirs à lui, Brodeck fait ressurgir aussi, malgré lui, tout un passé qui date de bien au-delà de l'arrivée de cet homme doux mais étrange, un passé ancré dans l'Histoire, dans ce qu'elle a connu de plus inhumain, et dans celle du village, qu'il ne faut surtout pas déterrer...
car
"L'homme est un animal qui toujours recommence." (p. 185)

"N'oublie pas que c'est l'ignorance qui triomphe toujours, Brodeck, pas le savoir." (p. 224)
Juste un bémol qui me faisait hésiter à mettre jusqu'à quatre étoiles (fait rarissime) à ce dernier roman de Philippe Claudel, un auteur dont j'apprécie à la fois l'oeuvre et l'homme, discret, pour le peu que j'ai pu le rencontrer, à mon sens son meilleur roman, un roman remuant le passé que l'on repose, sa lecture achevée, triste et révolté :
à cette parfaite maîtrise de l'intrigue, savamment orchestrée, énonçant le meurtre d'un homme dès l'incipit, comme dans Chronique d'une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez, pour ensuite nous imprégner de l'atmosphère de ce village et de son passé dé-peint au grand jour, distillée à petites gouttes au moyen de va et vient temporels, d'hésitations du narrateur entre le réel et la fiction, de réflexions sur le pourquoi, sur ce mélange de peur et de bêtise collectives, sur le pardon, d'interrogations sur l'Histoire comme somme d'expériences particulières, alliant construction réfléchie et souci du détail, concision et justesse du style, il manque juste cette petite pointe d'originalité qui nous aurait fait crier au chef d'oeuvre... mais si vous ne deviez n'acheter qu'un roman français faisant l'actualité de cette année, ce serait bien celui-là ! C'est un bon et beau roman, que dis-je, c'est un très beau roman. Gageons, je l'espère, que Philippe Claudel ne se contentera pas cette fois de figurer parmi les concourables, mais qu'il verra son dernier roman s'orner d'un prix, lequel du coup retrouvera lui-même un peu de son prestige.
Quelques perles au milieu de tant d'autres dont la poésie apaise la noirceur du roman :

"J'ai toujours eu un peu de mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j'en fais presque ce que je veux, tandis que lorsque j'essaie de les assembler dans l'air, ils se dérobent." (p. 47-48)
"Elle avait de grands yeux verts, très beaux, avec des paillettes d'or sur le pourtour de leur iris. Je me souviens d'avoir pensé que les yeux n'ont pas d'âge, et que l'on meurt avec ses yeux d'enfant, toujours, ses yeux qui un jour se sont ouverts sur le monde et ne l'ont plus lâché." (p. 60)

CLAUDEL, Philippe. - Le rapport de Brodeck. - Stock, 2007. - 400 p.. - ISBN : 978-2-234-05773-9 : 21,50 €.  

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