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BHL m'a tué...

Publié le 09 février 2010 par Christophe Le Vaillant @mceogroup

BHL m'a tué...

crédit photo : Visentico / Sento

Je découvre ce billet de Bernard Henry Lévy publié sur son site La règle du jeu. Le voici :


« Plus important, le 12eme Forum des Psys qui se tenait dimanche à la Mutualité, que Jacques-Alain Miller m’avait demandé de présider et qui s’intitulait « évaluer tue ». Pourquoi est-ce qu’évaluer tue ? Pourquoi est-ce que cette manie de tout évaluer, en particulier dans l’entreprise, a-t-elle des conséquences mortifères comme on l’a vu, par exemple, au moment de ces suicides en série de France Télécom auxquels j’avais, le 15 octobre 2009, consacré un entier bloc-notes. Pour deux raisons, au moins. Qui dit évaluer dit comparer et comparer c’est déclencher, au sein même de l’entreprise, une rivalité mimétique généralisée, une guerre de tous contre tous, une joute, qui auront, entre autres effets, celui de briser les solidarités qui, jadis, tissaient le lien social et faisaient que, quand un ouvrier flanchait, quand un terrassier de « L’Assomoir » n’allait pas bien et n’était pas en état de monter, d’autres le remplaçaient et lui permettaient de souffler. Et puis qui dit évaluer dit chiffrer et qui dit chiffrer dit, par définition, réduire un humain à sa part quantifiable, éliminer de lui tout ce qui est désir, libido, caprice, lapsus, accidents de l’inconscient ou de l’âme, bref, vie - et c’est donc, qu’on le veuille ou non, le transformer quasi mécaniquement en non-vivant, en zéro, en déchet et, à terme, selon la plus ou moins grande résistance de chacun, le pousser peut-être au suicide. Le capitalisme moderne a eu son époque Taylor. Il a eu son moment Bentham, l’inventeur du fameux Panoptique et de son système de surveillance permanente et généralisée. Eh bien peut-être entre-t-il dans l’âge de ces TCC – Thérapies Cognitives et Comportementales – dont il revient aux analystes lacaniens de l’Ecole de la Cause freudienne d’avoir, presque seuls, et de longue date, dénoncé les inévitables méfaits. Nous y voilà ».


Et je suis un peu étonné… Alors comme ça… évaluer tuerait… C’est quand même énorme ! Surtout la comparaison avec le monde de l’entreprise qui ne se résume pas cher BHL aux suicides en série chez France Télécom. Il existe d’autres entreprises que les dépositaires de la marque Orange ! J’ai déjà eu l’occasion de dire dans ce blog ce qu’en termes de management il convenait de penser de tout cela. Je n’y reviens pas. Surfer en 2009 dans le blog et vous trouverez amis lecteurs !

Non ce qui est dingue… c’est de pouvoir imaginer que l’évaluation serait intrinsèquement négative, que l’évaluation serait un appel à l’humiliation de l’autre. Faut-il vraiment que notre époque perde la tête à ce point d’imaginer toujours le pire chez l’être humain. Vous l’avez lu dans mon post daté du 7 février, je ne suis pas naïf au point de penser que l’entreprise est le paradis ! Mais de là à refuser, à nier en soi la notion même d’évaluation, ce me semble être une régression… sociale ! Et oui, mon cher BHL, le premier qui demande à être évalué, c’est le collaborateur lui-même. J’ai dit évalué, non pas brisé, cassé, humilié. Ca existe aussi. Mais l’évaluation d’un collaborateur ou d’une équipe, c’est aussi la capacité pour un manager de la respecter, de l’écouter et de la récompenser. Moi, je vais être très clair avec vous, cher BHL, dans la société que je dirige, si mes collaborateurs ne voulaient pas être évalués… je serais très inquiet… d’abord pour eux !

Evaluer c’est aussi comprendre. Evaluer c’est aussi écouter. Evaluer dans une entreprise, ce n’est pas uniquement des chiffres. C’est aussi des chiffres mais pas uniquement cela. Prenons votre éditeur, s’il n’évaluait pas ce que vous allez lui rapporter en publiant chaque nouvel ouvrage, le publierait-il ? Mais avec votre éditeur, vous ne parlez pas uniquement chiffres, je suppose ? Et bien dans d’autres entreprises, c’est la même chose ! Si évaluer est une mode pour éliminer, alors n’évaluons plus, laissons faire les choses et ces entreprises là mourront de leur belle mort. Une entreprise peut broyer des vies entières. Des vies entières peuvent aussi broyer une marque. Je me souviens d’un DRH préparant un mauvais coup à un salarié dire : « Surtout ne parlez de cela à personne, le Groupe XXXXXXXX a une réputation, il ne faudrait que cette affaire s’ébruite ». Et oui, les entreprises surveillent désormais un truc qui s’appelle INTERNET et qui change beaucoup de choses !

C’est pour cela, qu’à plus ou moins long terme, les choses vont se réguler cher BHL. Ne soyez pas si pessimiste que cela, la vie est assez désespérante pour ne pas à chaque fois revenir à la charge et faire chauffer une lutte des classes qui, de fait, existe depuis des siècles. Cette lutte prend d’autres formes. Les injustices ne sont plus les mêmes. Mais c’est parce que nous savons évaluer les tristes méfaits de l’histoire économique et sociale, que nous devons avoir la capacité à générer, oui je dis bien générer de l’optimisme. Evaluer c’est aussi l’exemplarité. Exemplarité… autre gros mot (cf. post du 7 février 2010). Il y a bien longtemps cher BHL que j’ai fait mienne cette phrase de Nietzche « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». L’évaluation ne m’a pas encore tué. Ouf !


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