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Les amants de ma mère de Christopher Hope

Par Sylvie

AFRIQUE DU SUD
Les amants de ma mère
Editions du Panama, 2007

Voici une grande fresque romanesque sur l'Histoire de l'Afrique du Sud, écrite par un écrivain assez confidentiel, émigré dans le sud de la France afin de fuir l'Apartheid.
Sur un ton tragi-comique, très satirique et truffé d'humour noir, le narrateur nous raconte plus de cent ans d'histoire africaine, de la colonisation afrikaner à la société post-apartheid, de l'Afrique mythique des grands explorateurs et de Karen Blixen à la société du spectacle, de l'ultrasécurité et de la violence paroxystique.
A travers l'histoire de sa mère, grande aventurière, aviatrice et chasseur émérite (et en même temps tricoteuse ! ), qui ne connaît ni les frontières, ni les races, amie d'Hemingway et du Docteur Schweitzer, le narrateur rend hommage à la grande Afrique mythifiée des premiers colons.
Mais, comme il le dit, Johannesburg a été créée par une bande de durs à cuire, des mineurs chercheurs d'or qui ont ouvert ensuite des bars et des bordels !
Guerre des boers, apartheid puis société ultrasécuritaire où les blancs ne savent plus où ils en sont. D'ailleurs, Christopher Hope emploie le champ lexical du spectacle et du masque pour parler de ces changements d'identités successifs. Les noirs qui veulent devenir des blancs, les étrangers qui veulent devenir des sud-africains etc.
Cette fresque est l'histoire de la fermeture de l'Afrique, de la naissance des frontières : la mère qui a parcouru l'Afrique avec ses multiples amants de toutes nationalités, un jour, ne peut plus traverser les frontières dans le ciel. Une page est tournée ; les blancs se parquent dans des villas hyper sécurisées et n'ont plus que le sexe pour assouvir leur plaisir. Le narrateur, voyageur qui vend des climatiseurs, revient au chevet de sa mère et renoue avec les amants pour exécuter ses dernières volontés.
Mais lui est l'éternel sceptique, sarcastique qui refuse de s'engager : il préfère brasser de l'air et cultiver son jardin !
Une grande fresque souvent très humoristique sur le destin funeste des africains ; très documenté, ce roman nous apprend plein de choses sur les multiples états africains. On ne s'y ennuie pas une seconde sur près de 500 pages : hommes léopards, chasse à l'éléphant, nuits torrides sud-africaines ; on rencontre des congolais, des réfugiés du Zimbabwe et du Mozambique. au fur et à mesure des années, les blancs se refont des peaux successives. Bienvenue au pays du travestissement et des rêves reniés !
Un constat alarmant, très sarcastique mais aussi un cri d'amour pour cette mère qui personnifie à elle seule l'Afrique mythifiée. Un très beau personnage romanesque !


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