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A bout de souffle

Par Gicquel

« A bout de souffle » de Jean-Luc Godard ( Studio Canal)

Sortie le 16 février

A bout de souffle

Le film qui allait révolutionner la façon de voir et de faire des films ! C’est très brièvement résumé toute l’histoire du premier Godard , qui dans la foulée de Truffaut ( « Les Quatre cents coups » ) signait avec «  A bout de souffle » le manifeste de la Nouvelle vague . Nous sommes en 1959 , et le critique des Cahiers du Cinéma n’imagine certainement pas qu’il va ainsi bousculer le conformisme ambiant des cinéastes du monde entier .

Dans un excellent documentaire proposé en bonus , «  Godard made in USA »  des réalisateurs américains avouent une reconnaissance infinie à Truffaut et Jean-Luc Godard «  pour leur avoir donné la liberté de filmer » comme ils l’entendaient «  mettant fin à quarante années de films lisses ».

Je ne sais pas ce qu’un néophyte ou un jeune cinéphile imaginera en découvrant pour la première fois « A bout de souffle », mais sans l’éclairage historique de cette première réalisation, le flop n’est pas à écarter .Moi j’ai revu avec un infini plaisir pour la dixième fois peut-être cette histoire de couple en fuite , d’amours en goguette et de dolce vita qui ne dit pas son nom .

A bout de souffle

Un couple qui deviendra mythique , remontant les Champs-Elysées

Le début des années soixante c’est l’insouciance joyeuse d’une jeunesse incarnée par Jean-Paul Belmondo, alors totalement inconnu, qui vit d’amour et d’eau fraîche. De petites malversations le conduiront à devenir l’homme le plus recherché de France.

Lui, ce qu’il recherche c’est  l’argent que lui doit un mystérieux copain . Un absolu besoin lié aux hésitations de la femme qu’il l’aime. Patricia, d’origine américaine, hésite à se donner pleinement à cet homme si imprévisible. C’est Jean Seberg, qui après deux films de Otto Preminger ( « Sainte Jeanne » et « Bonjour tristesse » ) trouvait dans le film de Godard , la consécration . Colin MacCabe dit dans les suppléments que parmi les critères de réussite du film , l’un d’entre eux était que Godard l’avait débuté avec une vedette et l’avait terminé avec deux stars.


C’est en noir et blanc, magnifiquement filmé , dont Paris  un acteur à part entière . Avec le recul du temps , «  A bout de souffle » apparaît ainsi comme le film d’une époque .

Avec des ruptures de ton et de mouvements inimaginables pour les techniciens d’alors . MacCabe explique très bien que ce montage elliptique est dû aussi aux coupes effectuées par Godard en raison de la longueur du film. «  Habituellement on coupait des scènes entières, mais Godard a préféré supprimer ici et là , ce qui donne ce ton si particulier ».

A bout de souffle

Il dit aussi tout l’apport du cinéma américain dans ce premier film ( scénario inspiré de « Les Amants de la nuit » de Nicolas Ray ( 1948 ), un plan des «  Quarante tueurs »   de Samuel Fuller, on y lit du Faulkner , et Belmondo se la joue  à la Bogart….) alors que le renvoie d’ascenseur  vient de  messieurs tels que Robert Benton ( «  Kramer contre Kramer » ) , William Friedkin ( « French Connection ») ou bien le grand Arthur Penn ( « Bonnie and Clyde » ) . Tous saluent l’apport considérable du cinéaste français sur leur production . Alors juste une petite anecdote pour confirmer leur dire : on fit venir Godard aux USA afin de tourner «  Bonnie and Clyde » . Tout était quasiment prêt, quand le jeune home annonce qu’il reviendra à l’hiver pour commencer le tournage. Le producteur américain lui fait remarquer que l’histoire se passe en été  . Alors Godard , grand seigneur de répliquer du tac au tac «  je vous parle cinéma, vous me répondez météo » . Et de claquer la porte . Magnifique, non ?


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