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Doute (John Patrick Shanley)

Par Interstella_fr

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Dans une école religieuse du Bronx, le père Flynn, plutôt avant-gardiste, est soupçonné par l’une des sœurs, la plus ancienne et la plus influente, d’être coupable d’attouchements sur l’un des élèves. La jeune sœur Aloysius, fraîche et optimiste, se laisse perturber par ces soupçons et, troublée, en vient à confirmer les faits.

De moi-même, je n’aurais jamais vu ce film, qui semblait être ni plus ni moins qu’un écrin à « performances pour Oscars » ; et j’ai déjà dit ici à quel point, selon moi, Philip Seymour Hoffman est capable du pire comme du meilleur.

Les premières minutes ont été en effet assez douloureuses, pesantes, grises, devant cette mise en scène sans inventivité, qui faisait penser une pièce de théâtre filmée. Et pour cause : l’auteur John Patrick Shanley adapte ici sa propre pièce.
Et, du coup, arriva ce qui devait arriver : des acteurs.

Philip Seymour Hoffman, donc, qui livre une incarnation assez intéressante de ce personnage de prêtre qui est trouble surtout par le regard des autres, et qui reste, à côté de cela, étrangement lumineux. Un personnage complexe et vraiment riche, déstabilisant : doit-on le juger ? le haïr ? l’aimer ?

Meryl Streep, l’actrice la plus étonnante du star system hollywoodien, est ici magistrale. Nulle autre qu’elle n’affiche un tel plaisir de jouer, et elle s’en donne à cœur joie dans le rôle de Sister James, cette femme d’un autre temps qui s’est refermée et pliée aux dictats d’un monde masculin et patriarcal, jusqu’à en exploser, et qui malgré tout conserve son regard tranchant (et lucide ?) sur le monde. J’ai passé certaines scènes la bouche ouverte et les yeux ronds, tellement l’actrice est impressionnante, tant dans les moments de bouillonnement intérieur, que de sarcasme, ou de colère.

Et puis il y a Amy Adams, Sister Aloysius et sa bienveillance éternelle, son enthousiasme, ses déceptions, sa fraîcheur infinie, sa délicatesse, sa fragilité. Ça a été pour moi une vraie révélation, et de taille. L’actrice, jeune recrue du cinéma américain, est à mes yeux au même niveau que ses deux partenaires chevronnés, sur un registre certes assez différent. Mais il y a une vraie grâce chez Amy Adams, une vraie douceur dans son interprétation de ce personnage si foncièrement bon, et si profondément brisé. Elle porte sur ses épaules une bonne partie de l’émotion du film. Une nouvelle venue dans mes actrices favorites, et en tout cas ; j’en reparlerai.

Le film se déroule d’une façon assez linéaire, on sent très nettement les « scènes » qui s’enchaînent, dont une, assez poignante, entre Sister James et la mère du petit garçon (Viola Davis). Le réalisateur tente de varier les lieux, mais ça ne prend pas. C’est d’un côté un échec de mise en scène cinématographique, et de l’autre, c’est l’occasion idéale pour se concentrer uniquement, du début à la fin, sur le jeu de ces trois talentueux comédiens.

Dommage aussi que le propos reste si trouble, même si le titre explique tout… On reste en attente de quelque chose, même en ayant compris qu’ici, la vérité n’a plus guère d’importance.


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